Lors d'une conférence de presse tenue hier à Casablanca, l'Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse, ou INSAF, a annoncé avoir lancé le recueil « Mères célibataires au Maghreb, défense de droits et inclusion sociale », en partenariat avec les associations SOS Femmes en détresse en Algérie et le Réseau Amen Enfance Tunisie (RAET). L'objectif est de dénoncer, à travers des dizaines d'entretiens, les violences imposées et de situations de non-droit vécues par les mères célibataires au Maghreb. L'enquête a en effet été menée à travers 125 entretiens aussi bien avec des mères qu'avec des professionnels, comme des médecins et des sages-femmes, qui ont accompagné ces femmes. Le livre est écrit dans deux versions arabe et française, et il est préfacé par le président du CNDH Driss Yazami. Lors de la conférence, la présidente d'INSAF Bouchra Ghiati a révélé que 30.000 mères célibataires accouchent chaque année au Maroc, en dehors donc de l'institution du mariage. Sur cet effectif, on trouve 10% à Casablanca, soit 3.000 ou encore une moyenne de 8 naissances par jour. Le chiffre de 30.000 devient plus intéressant quand on le compare à ce qui se produit dans les pays du Maghreb ; ainsi, en Algérie, elles sont « seulement » 7.000 femmes non mariées qui accouchent chaque année, et en Tunisie, encore moins, 1.200 à 1.600 cas par an. L'association INSAF dénonce encore une fois les inégalités sociales en cela que les femmes les plus aisées vont accoucher dans de bonnes conditions sanitaires à l'étranger, alors que les plus démunies se trouvent face au problème de l'accouchement clandestin, avec tous les dangers qu'il comporte pour la santé de la mère et de l'enfant. Or, le phénomène est toujours considéré comme un des principaux tabous sociaux, surtout au Maroc et en Algérie, sachant qu'en Tunisie, l'avortement est admis selon certaines conditions.
