Mercredi 9 septembre au soir était le dernier délai pour la remise des candidatures aux présidences des Régions. Jusque-là, les batailles avaient pour objectifs les présidences des communes, mais les Régions sont aussi le grand enjeu de cette élection du 4 septembre. Le jeu des alliances est très imprécis et surtout imprévisible, les ambitions et les incertitudes devant peser sur les votes. Tour d'horizon des candidats et des chances de chacun. Casablanca-Settat (75 élus) Le Secrétaire général du PAM Mustapha Bakkoury est soutenu par ses alliés de l'opposition parlementaire, Istiqlal et USFP. Les trois partis réunissent 34 élus, ce qui ne fait pas la majorité. Face à Bakkoury, le PJD a placé Abdessamad Haikar qui pourra compter sur les 37 élus de la majorité, dont 30 pour le seul PJD. Le vote sera serré car on ne sait pour qui pencheront les 6 élus RNI et les 4 de l'UC. Tanger-Tétouan-al-Hoceima (63 élus) C'est le numéro deux du PAM Ilyas el Omari qui s'est lancé au nom de l'opposition, face à Saïd Khaïroune ; la lutte sera dure, voire même rude, puisque les deux paris sont au coude à coude, avec 17 élus pour le PJD et 18 pour le PAM, et chacune des deux formations assure que la Nord est son fief. En termes de blocs, et si l'on s'en tient à cette logique, la majorité aligne 32 élus (17 PJD, 7 RNI, 4 PPS et 4 MP) et l'opposition peut compter sur 31 (18 PAM, 7 Istiqlal, 4 USFP et 2 UC), mais avec le RNIste Rachid Talbi Alami qui a joué cavalier seul, le fonctionnement d'alliances pourrait être perturbé. Et il le sera. Ilyas el Omari pèsera de tout son poids pour enlever cette Région et gommer un peu l'impression globale de défaite du PAM à ce scrutin national. Fès-Meknès (69 élus) Là aussi, ce sera la lutte des « grands », à savoir deux secrétaires généraux de partis que sont Mohand Laenser (MP, majorité) et Hamid Chabat (Istiqlal, opposition). Mais les jeux seront brouillés du fait de la candidature d'Abdelaziz Abboudi de l'USFP. Numériquement, le PJD vient premier avec 22 élus, suivi du MP avec 9, le RNI 6 et le PPS 1, ce qui fait un total théorique de 38 élus. Par ailleurs, l'Istiqlal aligne 15 élus, le PAM 9, l'USFP 5 et l'UC 2, soit 31 élus. On peut gager que Hamid Chabat fera tout ce qui en son pouvoir pour compenser la retentissante défaite en sa ville de Fès, mais la grande inconnue est l'USFP avec son candidat. Laenser a déjà eu le soutien officiel du PJD, et Hamid Chabat joue son avenir politique. S'il perd, il lui sera difficile de se maintenir à la tête de l'Istiqlal. Rabat-Salé-Kenitra (75 élus) Là aussi, la logique arithmétique est en faveur de la majorité, avec 45 élus (26 PJD, 9 RNI, 4 MP et 6 PPS), contre seulement 28 à l'opposition (13 PAM, 9 UC, 5 Istiqlal et 1 USFP). Il y a deux autres élus MDS, mais leur poids reste insignifiant. Les candidats sont le PJD Abdessamad Sekkal, qui a remplacé pour la candidature le ministre Aziz Rabbah lequel s'est désisté pour conserver son poste au gouvernement au nom de l'incompatibilité entre les deux fonctions. Sekkal aura en face de lui Mekki Zizi du PAM et l'UC Omar Bahraoui, ancien maire de Rabat. Il est presque certain que le vote de l'opposition sera dispersé, ce qui ouvre une voie royale au PJD pour cette présidence de la Région de la capitale. Beni Mellal-Khenifra (57 élus) Dans cette Région, l'opposition a 29 voix (9 PAM, 9 USFP, 7 Istiqlal et 4 UC) et la majorité 28 (12 MP, 9 PJD, 6 RNI et 1 PPS). Les candidats sont Hazem Jilali de l'USFP et Brahim Moujahid du PAM, mais il semblerait que ce soit le MP Mehdi Atmoune qui l'emportera puisque l'opposition divisera les voix. Marrakech-Safi (75 élus) La Région devrait revenir sans trop de surprise à l'ancien ministre Ahmed Akhchichène qui s'est présenté avec l'étiquette PAM. Il sera soutenu par la coalition d'opposition qui dispose de 42 voix, contre 33 pour la majorité. Dra-Tafilalet (45 voix) Cette Région aura pour président l'ancien ministre Habib Choubani, sur le nom duquel la majorité (34 voix) s'est accordée. Il aura face à lui l'istiqlalien Mohamed Ansari, qui se sait perdant. Souss-Massa (57 élus) Dans cette région aussi, les jeux sont faits, et ce sera le sortant Ibrahim Hafidi, étiqueté RNI mais fortement appuyé par le ministre de l'Agriculture Aziz Akhannouch, ancien RNI. Personne n'a insisté… Mais la lutte a été épique entre le PJD qui voulait favoriser un candidat PPS, et le RNI qui voulait absolument faire plaisir à son ancien dirigeant, Akhannouch. L'opposition dispose de 18 voix, dont 9 pour l'Istiqlal, et la majorité aligne 38 élus, dont 23 pour le PJD, qui a troqué cette Région pour la ville de Salé, que Benkirane voulait absolument voir attribuer à son directeur de cabinet et ami Jamaâ Moâtassim. La Fédération de la Gauche démocratique a un élu, qui assistera passivement à tout cela. Laâyoune-Saqia al Hamra (39 élus) La lutte opposera Hamdi Ould Rachid, Istiqlal, qui sera soutenu par les 25 élus de l'opposition, dont 20 Istiqlaliens, et qui aura face à lui, pour la beauté de l'élection, le RNIste Mohamed Razma et ses 14 alliés de la majorité, dont 10 pour le RNI. Guelmim-Oued Noun (39 élus) La majorité y dispose de 15 voix, dont 8 pour le RNI qui présente Abderrahim Bouaïda, frère de la ministre déléguée des Affaires étrangères, et l'opposition a une avance confortable en termes d'élus, en alignant 22, parmi lesquels 12 USFP, dont le candidat, qui l'emportera très certainement, est Abdelouahab Belfqih. L'Oriental (51 élus) Là aussi, l'opposition a toutes les chances d'emporter la présidence, avec 31 élus pour l'opposition, dont 16 PAM et 9 Istiqlal. La majorité n'aligne que 18 élus, dont 9 PJD. La compétition pour le fauteuil de la présidence opposera Mohamed Fadili du MP et Abdennabi Bîoui du PAM. Dakhla Oued-Eddahab (33 élus) Opposition, 19 élus, dont 13 Istiqlaliens, et majorité, 14 élus dont 9 MP. C'est l'Istiqlalien Khattat Yanja qui devrait être désigné pour présider cette Région.