Le football bien mal en point… Quels que puissent être les propos tenus par le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane sur le WAC ou le Raja, les deux clubs de football de Casablanca, la réponse, voire la riposte à ses déclarations s'est montrée particulièrement insignifiante et puérile. On a grossi le trait, on en a fait des tonnes… Et le président de la Fédération royale marocaine de football a donné une conférence de presse sous forme de longues tirades aussi plates qu'insipides. Fouzi Lakjaâ, le président de la FRMF, a martelé très haut et très fort que « la Fédé ne permettrait à personne, quelle que soit sa fonction, d'exploiter et d'appuyer son pouvoir dans le domaine du foot », et que la même Fédé « restera vigilante, au niveau de tous les clubs et concernant tous les intervenants en charge de l'organisation des rencontres, surtout en cette période pré-électorale ». M. Lakjaâ dit ce qu'il avait à dire, et quand il eut achevé de le dire, il ramassa ses papiers et le reste, puis s'en fut, sans laisser l'occasion aux journalistes de lui poser les questions auxquelles il devait répondre de par la nature de ses responsabilités, car en effet les journalistes représentent l'opinion publique et ladite opinion publique est en droit d'être informée de ce qui se passe. La FRMF a toujours été politisée et cela n'a pas changé. Cette confusion du sport et de la politique est une caractéristique bien de chez nous. Mais on a si souvent dit que sous Lakjaâ cela n'allait plus être le cas et on a si souvent répété que sous l'ère d'Abdelilah Benkirane, le ballon rond allait désormais porter une barbe… Cela est une autre manière d'abêtir les Marocains et de régler les comptes politiques d'une façon plutôt primaire. Si Lakjaâ, ceux qui le soutiennent, et aussi ceux qui le téléguident, avaient une véritable préoccupation pour le football en tant que jeu et en tant que secteur économique de poids, ils auraient agi et réagi autrement. En effet, le Maroc ne manque ni d'entraîneurs d'envergure, ni de techniciens de poids ni de joueurs de talent… ce qu'il nous manque en revanche est une politique sportive et cette absence a plongé le Maroc dans un des pires moments de son histoire footballistique, avec la CAF qui vient de nous infliger de lourdes amendes pour ne pas voir tenu nos engagements dans l'organisation de la CAN… Aujourd'hui, le ministre de Sports a été révoqué et son prédécesseur était davantage « belle cagnotte » que Belkhayat… Enfin… Personne ne demande l'indépendance réelle du sport car la chose est aujourd'hui impensable, mais que ces non-indépendants cessent, de grâce, de se moquer de nous autres Marocains. Quant aux « potentats » de ce sport, ils seraient bien inspirés de se montrer efficaces en réalisant de bons résultats, et alors, ils ne trouveront personne pour les critiquer. ---------------------------------- La communication souffrante du Maroc… Il est parfaitement du droit de M. le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication Mustapha el Khalfi de se montrer heureux d'avoir reçu le prix de Media Tenor à Vienne, une récompense qui porte le joli nom d' « image de pays » pour la communication et la presse libre de la région Mena ! En effet, tout ministre de la Communication, dans les pays qui ont encore besoin de ce portefeuille ministériel, a comme seul et (presque) unique souci de paraître beau, comme le phénix des hôtes de ce bois. Le nôtre, de ministre, est en quelque sorte le directeur marketing de cette entreprise appelée « gouvernement marocain ». Depuis qu'il est en fonction, Mustapha el Khalfi regroupe et réunit tous ses talents pour veiller à la rédaction de rapports et causer avec les ONG internationales en charge de la mesure de la liberté d'expression, d'opinion et de presse. Nous sommes certes en accord sur le fait que certaines de ces ONG ne brillent pas particulièrement par leur neutralité ou, pour le moins, utilisent des critères approximatifs pour attribuer leurs notes ; ainsi par exemple de Reporters sans frontières qui a classé cette année, en 2015, le Maroc à la 130ème place, loin derrière des pays dont l'état de la presse est bien pire que sous nos cieux, comme la Mauritanie par exemple qui occupe le 55ème rang (60ème en 2014), sachant que – quelle infamie ! – le correspondant de RSF à Nouakchott n'est autre que le conseiller du président pour les affaires médiatiques !! Nous sommes donc certes en accord avec certains abus et excès de ces ONG, mais nous ne pouvons que constater que l'état de la liberté de la presse en notre pays n'est pas encore au beau fixe. Et à ce propos, nous ne pouvons que comprendre cette décision du jury du Prix Albert Londres 2015 de ne pas honorer ses lauréats à Tanger cette année en raison de l'expulsion de journalistes français le 15 février au motif qu'ils n'avaient pas les autorisations nécessaires pour effectuer leurs tournages. Le Maroc est un pays souverain qui dispose d'un corpus législatif et juridique. Cela peut très certainement être amélioré, mais la loi est la loi et il faut la respecter. Cependant, la manière dont elle se fait respecter et dont elle s'est faite respecter avec cette affaire des journalistes français n'est pas passée ; et à ce propos, le communiqué de la wilaya de Rabat publié à cette occasion était plutôt étrange car il a parlé d'avertissements qui ont été adressés aux deux journalistes alors même que les forces de l'ordre ont attaqué plutôt rudement les locaux de l'association marocaine des droits de l'Homme. Les autorités auraient pu agir plus intelligemment, réagir plus en douceur, avoir la main moins lourde, mais il semblerait qu'il y ait quelque part des gens qui jouent un jeu malsain avec l'AMDH, et que la réputation du pays entier aille au diable ! Ce même pays, dont le chef d'Etat répond à un quotidien français pour une affaire de comptes en Suisse, serait-il donc aussi faible que cela, pour que l'on y ait si peur d'autoriser deux journalistes à faire leur travail à Rabat ? Ce pays où, au sud, des militants séparatistes s'activent en toute liberté, a-t-il donc peur d'une simple caméra ? Il ne fait honneur à personne de voir le Maroc tomber dans ce type d'erreurs, au prétexte d'une théorie du complot à laquelle personne ne croit plus. Nous avons l'impression que le Maroc vit à deux époques différentes, celle de la modernité, de l'ouverture et du droit, et celle de la matraque, de la diabolisation et de l'interdit, des interdits. J'ai toujours pensé que nous sommes forts de nos libertés, mais je continue d'observer ces gens toujours aussi écoutés et influents qui estiment, eux, que notre force réelle ne réside que dans notre approche et notre logique sécuritaires… Bonjour la schizophrénie !