L'artiste peintre marocaine Ilham Laraki a encore une fois sublimé l'art contemporain et abstrait marocain au prestigieux Salon d'Automne de Paris, un haut lieu de l'art pictural mondial, auquel elle participe pour la sixième année consécutive. L'artiste, qui a avait été honorée en 2017 par sa consécration en tant que Sociétaire du Salon, en raison de sa persévérance et de son innovation, participe cette année avec trois toiles d'une grande splendeur, dont la principale est un tryptique d'une dimension de 120×120 baptisée «les Temps». Les deux autres toiles sont exposées dans la catégorie «miniatures». «Les temps» est une peinture à l'huile dans laquelle Laraki a osé, cette fois-ci, toucher la toile autrement qu'avec un pinceau et de la peinture. Elle y a tissé en effet du fil, introduit l'aiguille d'une montre qui tourne dans le sens inverse d'une horloge et un petit tronc d'arbre flamboyant qu'elle a travaillé avec un mélange de matériaux dont elle a seule le secret. De ce tableau jaillit une lumière diffuse derrière des hachurés noirs et gris : une quête à contre-courant dans laquelle l'être se trouve face à un horizon qui est affranchi de l'emprise du temps, a confié la plasticienne à la MAP. Une forme de quête spirituelle et philosophique en même temps dans laquelle chacun cherche à se retrouver puisqu'il s'agit d'un abstrait, a-t-elle expliqué. Ce travail, qui entre dans le cadre d'une série d'œuvres en préparation, s'inscrit dans le prolongement de l'exposition «Souffle» (que l'artiste a présentée lors de la précédente édition du Salon d'automne) ainsi que des expositions «Spiritualité» (Tassbih) et «Lumière» (condescende), présentés auparavant au Maroc et dans plusieurs pays étrangers. Toutefois, contrairement à ses précédents travaux, qui donnaient naissance à des œuvres flamboyantes, voire volcaniques, explosives, à travers lesquelles certains percevaient un soleil, un volcan ou du feu, cette année tous ces éléments ont disparu pour laisser place à la lumière, une forme d'évolution, raconte Laraki. → Lire aussi : Rabat: vernissage de l'exposition "Chaibia Talal, Fatima Hassan El Farrouj et Radia Bent Lhoucine : Voyage aux sources de l'art" Par la toile «Les temps», l'artiste affirme vouloir interpeller les visiteurs et les amener à réfléchir et à méditer sur cette notion du temps qui est, selon elle, inaccessible et mystérieuse et face à laquelle chacun peut se poser des questions sur où il va et où il veut aller sans nécessairement suivre les autres. «C'est difficile pour moi de parler du temps puisqu'au moment où j'en parle il n'existe plus, la seule façon de l'exprimer étant de le mettre en scène en le représentant artistiquement», a-t-elle dit. Pour la secrétaire générale de l'Association des amis du Salon d'Automne de Paris, Mme Michèle Desvilles, il s'agit là d'une œuvre mystérieuse et intrigante qui raconte, selon elle, la trame du temps. «Elle est tellurique parce qu'elle contient de la terre, du bois flamboyant... mille et une choses qui me laissent rêveuse et devant laquelle je m'y sens bien», a-t-elle déclaré à la MAP. Laraki, qui confronte ses œuvres avec celles des 890 artistes participant à cette 115ème édition du Salon, notamment ceux exposant dans la catégorie «Convergences», avait été nommée en 2017 «Sociétaire», une décision prise par le conseil d'administration du Salon, en récompense à sa persévérance, puisque ce titre nécessite au moins une participation de 5 ans consécutifs, à l'évolution dans ses travaux et à son esprit d'innovation. Depuis 115 ans, le Salon d'Automne de Paris, qui se poursuivra jusqu'à dimanche, s'est imposé comme acteur et témoin essentiel de l'émergence des plus importants mouvements artistiques du XXème siècle, Fauvisme, Surréalisme, Cubisme, Art abstrait... Le Salon, a accueilli les plus grands noms de la peinture moderne, dont Cézanne, Picasso ou Dali. L'invité d'honneur de cette 115-èdition, dont le parrain est François Cheng de l'Académie Française, n'est autre que Franquin, un des auteurs les plus connus au monde de la bande dessinée, avec des personnages devenus iconiques comme le Marsupilami, Zorglub et surtout Gaston Lagaffe. Il y expose d'ailleurs plusieurs de ses célèbres planches originales. Laraki a, par ailleurs, été retenue pour participer au Salon du dessin prévu au Grand Palais à Paris en Février 2019.