Par Hassan Alaoui Horst Köhler, émissaire des Nations unies au Sahara n'en démord pas, il semble déterminé à réunir à la même table Maroc et polisario. Il a même annoncé le lieu et la date de la rencontre : décembre prochain à Genève. Le polisario et le gouvernement algérien auraient été avertis, puisque l'agence algérienne de presse APS l'a annoncé vendredi soir de « sources proches du dossier » ! Ainsi donc, le représentant d'Antonio Guterres au Sahara, aurait fixé de lui-même les dates des 4 et 5 décembre prochains pour relancer le « processus de paix au Sahara » ! L'APS, relais du gouvernement algérien évoque donc le « processus de paix », c'est aller vite en besogne. Pour notre part, nous préférons parler de « processus de règlement » au lieu de « processus de paix », celle-ci étant jusqu'ici la plus lointaine et quasi impossible. Le processus en question avait, rappelons-le, consisté à réunir les protagonistes à Manhasset, banlieue de New York, entre 2008 et 2012 sous l'égide des Nations unies et la direction pour ainsi dire de Peter van Walsum, diplomate hollandais chevronné qui avait conduit inlassablement des pourparlers – et non des négociations -, indirects mais intenses, auxquels prenaient part, quelles qu'en fût la procédure, les gouvernements algérien et mauritanien. Quatre rounds apparentés à un interminable marathon étaient organisés pendant toute cette période cruciale, sans toutefois aboutir à un terrain d'entente, alors que le Maroc avait proposé la solution la plus idoine et la plus audacieuse, à même de mettre en œuvre le processus de règlement de paix et une sortie honorable plus ou moins définitive au conflit, à savoir l'autonomie élargie. Il convient se souligner que l'actuel émissaire des Nations unies au Sahara fait de la « négociation entre les parties » la pierre angulaire de sa mission et qu'en août dernier, lors de son passage devant le Conseil de sécurité, il avait affirmé sa décision de « lancer au mois d'octobre des invitations pour convier les parties en conflit aux premiers pourparlers vers la fin du mois de novembre ou début décembre ». Et Horst Köhler d'expliquer devant le Conseil de sécurité que ces « pourparler préliminaires » seraient destinés à tracer le cadre général pour les « futures négociations ». Si le polisario et le gouvernement algérien acquiescent à ces propositions, formulées dans la note soumise aux membres du Conseil de sécurité, le Maroc en revanche n'a pas jusqu'ici réagi, du moins officiellement. Il s'en tient à sa traditionnelle position, réitérée au demeurant de manière solennelle par S.M. le Roi qui a affirmé qu'il ne peut y avoir de recherche de solution ou de pourparlers que si l'Algérie participe au processus de discussions et assume son rôle, tant il est vrai qu'elle est la toute première responsable du conflit factice créée en 1973. →Lire aussi: En sponsorisant le « Polisario », l'Iran aspire à étendre son pouvoir hégémonique en Afrique du nord et de l'Ouest Il n'est donc pas sûr qu'un consensus puisse être facilement trouvé à propos des pourparlers que Horst Köhler entend organiser en décembre à Genève, la participation de l'Algérie étant exigée par le Maroc et cette dernière s'y refusant catégoriquement et se réfugiant devant l'argument fallacieux qu'elle n'est que « partie intéressée et que le conflit oppose le Maroc au polisario » ! Plus que partie prenante, l'Algérie veille au grain pour diligenter sa propagande antimarocaine via le polisario, guide ses pas, lui dicte la stratégie et impose même les hommes de ses choix à sa tête. C'est si vrai que la question centrale qui se posera le 31 octobre prochain au sujet de la MINURSO, sera exploitée de manière pernicieuse comme elle l'a été il y a deux ans. Le Conseil de sécurité a certes recommandé en avril dernier le renouvellement pour 6 mois de la MINURSO et imposé même qu'en ce mois d'octobre, une solution soit trouvée entre les parties, sous peine d'arrêter ses acticités – du moins l'a-t-on ainsi sous entendu. Antonio Guterres, secrétaire général vertueux de l'ONU, plaide pour que la MINURSO puisse disposer de grands moyens pour assumer sa mission de gardien de la paix, non seulement au Sahara mais dans la région même, autrement dit au-delà, au Sahel où se trament tous les trafics, dévenu aussi le terreau du jihadisme. Le rapport que Guterres s'apprête à soumettre le 31 octobre prochain aux membres du Conseil de sécurité met en exergue la mission précieuse de la MINURSO et recommande de la doter d'autres moyens supplémentaires, de nouvelles technologies de surveillance notamment, d'une gouvernance appropriée au contexte évolutif et d'une approche prospective. En définitive, la question inquiétante pour les uns et les autres, laissant d'aucuns affirmer que la MINURSO serait mise en veilleuse – comme le laissait entendre un John Bolton, conseiller pour la sécurité de Donald Trump et pro-algérien notoire – en cas d'échec des pourparlers, semble s'acheminer vers une issue médiane : 6 mois supplémentaires seraient accordés à la MINURSO, concomitamment à l'injonction du Conseil de sécurité de trouver une solution au conflit, par le biais de discussions directes. Ce que le Maroc ne met pas en cause, à la condition sine qua non, que le principal belligérant, l'Algérie, se mette à la même table de rencontre prévue à Genève un certain...4 et 5 décembre !