Journaliste, reporter, chroniqueuse et romancière, Mouna Hachim assoit, de plus en plus, des bases solides dans le champ de la mémoire collective et de l'histoire qu'elle déterre ou du moins remet en ordre. Elle réinvente, en quelque sorte, une technique d'écriture bien à elle, romancée certes mais laborieuse, travaillée et bien documentée. Femme de Lettres, elle a fait des études en littérature française et en études approfondies en littérature comparée. Mais après son roman « Les Enfants de la Chaouia », elle change son fusil d'épaule et choisit de troquer sa plume de romancière contre celle de la chercheuse historienne qui remue le passé et interroge les archives. Une passion pour l'Histoire qui s'est imbriquée en elle, depuis son jeune âge et qui s'exprime par un amour pour l'histoire du monde, de manière générale « dans sa dimension humaine, culturelle, sociale et pas seulement politique ou institutionnelle » comme nous dit l'auteure. Et parce que son ouvrage colossal «Chroniques insolites de notre histoire. Maroc, des origines à 1907 », animé par une passion envoûtante pour l'Histoire du Maroc, nous plonge dans l'apprentissage et la reconstruction des événements dans un savoureux mélange d'histoire et de prose, sa réédition s'imposait au Maroc comme dans les pays francophones. Le livre sort, cette fois-ci, chez Erick Bonnier éditions sous le titre « Histoire inattendue du Maroc ». Sous forme de chroniques thématiques, l'auteure, reposant sur des bases documentaires variées et réclamant le droit à une relecture du passé, aborde l'Histoire du Maroc dans son ancrage africain et méditerranéen. Avec une grande rigueur scientifique, ce livre éclaire, de façon magistrale, un côté inattendu de l'Histoire du Maroc et revient sur la berbérité du pays, en jetant le faisceau sur des faits et zones parfois négligés. En effet, « avec l'avènement de l'ère coloniale et le bouleversement des institutions traditionnelles dont l'enseignement, la lecture de l'histoire du Maroc commence à s'opérer sous un nouveau regard, faisant souvent l'impasse sur les sources autochtones. La perception de l'histoire se charge pour l'occasion de clichés orientalistes, embarqués dans une lecture ethnographique en phase avec les pouvoirs politico-militaires ». Ces chroniques remontent le fil du temps pour reprendre l'histoire des Berbères durant la période antéislamique en passant par leur rôle dans les guerres puniques, leur contribution au christianisme et à la latinité, leurs révoltes contre les Arabes, les principaux mythes fondateurs de la conquête musulmane, les courants et royaumes hétérodoxes, en arrivant, bien évidemment, au système de Protection et le processus qui a engendré le traité du Protectorat. Mouna Hachim transporte le lecteur, en dehors du temps et de l'espace, pour une invitation à la relecture apaisée de l'histoire avec une précision qui fait la force et une maîtrise qui impose le respect.