Le gouvernement annonce 12 milliards de dirhams pour soutenir les TPE-PME. Pourtant, la Confédération Marocaine des TPE-PME craint que cette aide ne profite encore une fois qu'aux grandes entreprises. Elle alerte sur les risques d'exclusion et appelle à des critères plus justes et à une gestion réellement transparente. Le Conseil de gouvernement a entériné, le jeudi 10 avril 2025, le décret n° 2.35.342 prévoyant une enveloppe de 12 milliards de dirhams en faveur des Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPE-PME). Cette initiative, qui s'inscrit dans le cadre de la nouvelle Charte de l'investissement, était attendue comme un levier crucial pour dynamiser le tissu entrepreneurial national. Mais sur le terrain, les inquiétudes sont vives. La Confédération Marocaine des TPE-PME tire la sonnette d'alarme. Elle redoute que cette mesure, censée favoriser les plus petites structures économiques, ne profite en réalité qu'aux grandes entreprises. Selon elle, les critères fixés par le décret excluent de manière quasi systématique les TPE. En cause : la définition des entreprises éligibles, limitée à celles affichant un chiffre d'affaires annuel compris entre 1 et 200 millions de dirhams, écarte d'office une grande partie des très petites structures. Lire aussi : TPE-PME en colère sur la feuille de route pour l'emploi Déjà fragilisées par les séquelles de la crise sanitaire, les effets prolongés de la sécheresse, la hausse du coût de la vie et l'arrêt brutal des dispositifs tels que « Intilaka » et « Forsa », les TPE marocaines peinent à garder la tête hors de l'eau. Le non-respect du quota de 20 % de marchés publics qui leur est pourtant théoriquement réservé depuis 2013 aggrave encore leur marginalisation. Ce quota reste inapplicable faute de décrets d'exécution, laissant les grandes entreprises capter la majorité des opportunités publiques. Pour la Confédération, ce scénario n'est pas nouveau. Elle évoque également les 13 milliards de dirhams consacrés récemment à l'importation de bétail, dont les retombées n'ont pas profité aux acteurs ciblés. Elle pointe aussi du doigt les 340 milliards de dirhams destinés aux investissements publics en 2025, dont la gestion profite quasi exclusivement aux groupes puissants, en raison de la même absence de mesures réglementaires concrètes. Dans ce contexte, la Confédération appelle les autorités à revoir d'urgence les conditions d'accès à ce programme de soutien. Elle exige également sa participation dans les instances régionales de décision, ainsi que la mise en place de dispositifs de suivi transparents pour éviter toute dérive. Enfin, elle plaide pour un débat national autour de la valorisation des TPE-PME, dont le rôle est fondamental dans la création d'emplois et le développement économique du pays. Ce cri d'alerte traduit une réalité préoccupante : sans une politique équitable et inclusive, les ambitions affichées risquent une fois de plus de se heurter aux pratiques anciennes.