L'enquête 2023 de l'IRES sur le lien social dresse un portrait détaillé des perceptions des Marocains concernant les institutions, la confiance entre individus et les enjeux sociaux. Elle met en évidence une progression de la confiance institutionnelle, tout en soulignant des préoccupations persistantes, notamment en matière de sécurité et d'économie. De la montée de la confiance envers les institutions à un scepticisme persistant vis-à-vis des autres, la troisième édition de l'enquête nationale sur le lien social – pôle civil pour l'année 2023, réalisée par l'Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES), offre un aperçu détaillé de l'évolution de la société marocaine. Les résultats de cette enquête, menée auprès d'environ 6 000 Marocains entre décembre 2022 et février 2023, révèlent l'évolution des perceptions des citoyens à l'égard de leur environnement social et économique. L'étude montre une progression notable de la confiance des Marocains envers les institutions publiques, notamment celles liées à la souveraineté et à l'éducation. Cependant, cette confiance reste fragile dans certains domaines, notamment au niveau des institutions démocratiques, malgré les progrès réalisés depuis 2011. L'enquête met aussi en lumière une légère amélioration en matière de confiance interpersonnelle, qui est cruciale pour une coexistence harmonieuse. Le taux de confiance entre les individus a significativement augmenté, passant de 5 % en 2016 à 20 % en 2023. Néanmoins, une grande majorité des Marocains, soit quatre sur cinq, considère toujours que les autres ne sont pas dignes de confiance. Par ailleurs, le sentiment de sécurité a quelque peu évolué, avec moins de citoyens se disant complètement démunis face à l'insécurité, un chiffre qui est passé à 23 %. Sur le plan économique, les Marocains se montrent assez optimistes pour l'avenir. En effet, une grande majorité d'entre eux (82 %) estime que la situation économique du pays dans cinq ans sera meilleure ou stable, par rapport à la situation actuelle. La confiance est particulièrement élevée quant aux capacités du Maroc à surmonter les défis mondiaux, avec 72 % des citoyens exprimant une confiance forte dans la relance diplomatique du pays, ce qui pourrait renforcer son influence sur la scène internationale et sa position économique régionale. L'indice de « confiance prospective », qui reflète l'optimisme des Marocains vis-à-vis de l'avenir, est en hausse, même si cette confiance est davantage ressentie au niveau national qu'international. En effet, 84 % des Marocains se disent inquiets face aux multiples crises mondiales, percevant ces événements comme une menace pour leur futur. L'enquête souligne aussi les préoccupations sociales des Marocains, notamment en matière de pouvoir d'achat et d'accès à l'emploi. Ces demandes reflètent une évolution des aspirations économiques des classes moyennes, qui sont devenues plus matérialistes au fil des années. D'ailleurs, le pouvoir d'achat des Marocains a connu une forte amélioration, il a été quadruplé en sept ans. Selon l'enquête, parmi les principaux obstacles à une coexistence pacifique figurent la pauvreté, l'injustice sociale et la corruption. Cependant, leur impact a légèrement diminué par rapport aux années précédentes. Ces problèmes continuent de dominer sur des enjeux plus culturels, comme l'individualisme et l'indifférence. En revanche, les inquiétudes liées à la vulgarité et au radicalisme religieux ont reculé dans la hiérarchie des préoccupations sociales. En ce qui concerne l'Internet et les réseaux sociaux, l'enquête montre une forte augmentation de leur utilisation dans la vie sociale et professionnelle des Marocains. Toutefois, l'impact des médias traditionnels comme la radio et la télévision sur le lien social semble se réduire, bien qu'ils aient joué un rôle important jusqu'en 2016. D'ailleurs, une majorité de Marocains (71 %) considère que l'espace virtuel constitue une menace pour la cohésion sociale du pays, et 85 % estiment que les réseaux sociaux propagent souvent de fausses informations. Les raisons principales de leur utilisation sont de garder le contact avec la famille et les amis, de se divertir et de se renseigner sur les événements culturels. Enfin, bien que l'usage politique d'Internet reste relativement marginal, il intéresse surtout des groupes minoritaires qui cherchent à organiser des événements politiques. L'analyse des usages montre que les préoccupations politiques occupent une place secondaire par rapport à d'autres besoins, tels que les enjeux sociaux, professionnels, culturels et religieux.