Un reportage avec Khaled Hamadé, Président de l'Institut International d'Etudes Géopolitiques Hassan Alaoui : Monsieur Hamadé, le Maroc vient de renforcer les pouvoirs de l'ANRE. Pourquoi cette réforme est-elle si importante ? Khaled Hamadé : Sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a fait de la transition énergétique une priorité stratégique. En transformant l'Agence Nationale de Régulation de l'Energie (ANRE) en un « super régulateur » multi-énergies, le pays franchit un cap décisif. Désormais, l'ANRE couvre non seulement les énergies renouvelables, mais aussi le gaz naturel et l'hydrogène vert. Cette réforme garantit une régulation transparente et efficace pour protéger les intérêts des citoyens tout en attirant des investissements nationaux et internationaux. Hassan Alaoui : Quels sont les objectifs de cette réforme à long terme ? Khaled Hamadé : Le Maroc veut consolider sa souveraineté énergétique tout en se positionnant comme un modèle en Afrique et dans le monde. L'objectif est de diversifier le mix énergétique, réduire la dépendance aux énergies fossiles, et devenir un acteur majeur dans des filières stratégiques comme l'hydrogène vert. Mais cette réforme ne s'arrête pas là. Elle ambitionne aussi de stimuler une économie verte, d'encourager l'innovation, et de créer des opportunités pour les ménages et les petites entreprises grâce à des solutions comme les panneaux photovoltaïques en B to C. Hassan Alaoui : Vous mentionnez l'énergie solaire et les solutions pour les particuliers. Que proposez-vous pour encourager cette adoption ? Khaled Hamadé : Le photovoltaïque est une clé de la décentralisation énergétique. Nous proposons trois mesures phares : 1. Subventions pour les foyers : L'Etat pourrait financer une partie du coût d'installation des panneaux solaires pour les ménages. 2. Crédits avantageux : Les banques pourraient offrir des prêts à taux réduits pour aider les familles à s'équiper. 3. Sensibilisation : Des campagnes pourraient expliquer les avantages de l'autoproduction énergétique, qui réduit les factures et renforce la transition énergétique. Hassan Alaoui : Et pour les grandes infrastructures, quelles sont les priorités ? Khaled Hamadé : Le Maroc excelle déjà dans les énergies solaires et éoliennes avec des projets comme Noor Ouarzazate et Tarfaya. Mais il faut aller plus loin. Eolien offshore : Avec ses longues côtes, le Maroc peut développer des parcs éoliens en mer. Hydrogène vert : Le pays peut devenir un leader dans cette filière en exportant vers l'Europe et en partageant des technologies avec l'Afrique. Gazoduc Nigéria-Maroc : Ce projet stratégique renforce position du royaume comme hub énergétique pour l'Afrique et l'Europe. Hassan Alaoui : Dans un monde marqué par les tensions géopolitiques, quel rôle peut jouer l'ANRE ? Khaled Hamadé : Cette réforme donne au Maroc une longueur d'avance. L'ANRE peut servir de plateforme de coopération régionale, voire mondiale. Elle peut fédérer les intérêts de l'Orient et de l'Occident autour de projets communs comme les énergies renouvelables ou l'hydrogène vert. Par exemple, le Maroc pourrait exporter son hydrogène vert tout en soutenant les pays africains dans leur propre transition énergétique. Hassan Alaoui : Vous parlez de dialogue international. Comment renforcer cette dynamique ? Khaled Hamadé : À l'Institut International d'Etudes Géopolitiques, nous prévoyons d'organiser des tables rondes et colloques réunissant décideurs publics et privés, experts et investisseurs. Ces événements viseront à : Sensibiliser le public aux enjeux de la transition énergétique. Mobiliser les acteurs locaux et internationaux pour une mise en œuvre optimale. Encourager les partenariats régionaux et internationaux. Hassan Alaoui : Selon vous, quelles sont les prochaines étapes pour que le Maroc devienne une référence mondiale en matière d'énergie ? Khaled Hamadé : 1. Renforcer la recherche et l'innovation : Collaborer avec des universités et centres de recherche pour développer des technologies locales. 2. Fabriquer localement : Soutenir l'industrie marocaine pour produire des composants comme les panneaux solaires ou les éoliennes. 3. Intégrer les réseaux intelligents (smart grids) : Développer des outils numériques pour mieux gérer l'énergie et impliquer les citoyens. Avec ces efforts, le Maroc continuera de prouver que la transition énergétique n'est pas seulement une nécessité, mais un levier de paix, de développement et de coopération. Hassan Alaoui : Un dernier mot ? Khaled Hamadé : La transition énergétique est une opportunité historique. En renforçant l'ANRE, le Maroc montre au monde qu'il est possible de concilier souveraineté énergétique, compétitivité économique, et coopération internationale. Ce genre d'initiatives est essentiel pour relever les défis énergétiques et climatiques du XXIe siècle.