Par Hassan Alaoui On s'épuise désespérément à vouloir comprendre au nom de la simple raison ce qui motive le général Saïd Chengriha, biberonné à un antimarocanisme primaire, devenu le haineux provocateur contre notre pays ! L'homme qui n'accepte pas la défaite, ne se console jamais de la situation humiliante dans laquelle il s'était retrouvé un certain jour de février 1976 au cœur du Sahara marocain libéré par les FAR, alors qu'il était dépêché par Boumediene à Amgala pour espionner l'avancée des FAR et , le cas échéant, empêcher le retour de la province de Saquiet al-Hamra au Maroc... A l'époque, capitaine de l'ANP ( Armée nationale populaire) , aujourd'hui général de son état affublé du titre de ministre délégué à la défense d'Algérie, auréolé d'un prestige tout à la mesure de sa psychopathologie convulsive et conflictuelle, Saïd Chengriha incarne la haine du Royaume du Maroc. Son parcours se résume à cette disposition mentale, ni plus, ni moins. Et cette haine a des origines qui remontent au mois de janvier-février 1976, lorsqu'il fut fait prisonnier avec les troupes qu'il commandait par les Forces Armées Royales (FAR) lors de la bataille d'Amgala. Un bataillon de soldats algériens et de mercenaires du polisario fut tout simplement défait fin janvier 1976, ses éléments présentés à la presse internationale, leurs armes exposés pour montrer à quel point l'Algérie était d'ores et déjà impliquée directement et sa propagande mensongère réduite à néant. Amgala avait donc sonné le coup de grâce du capitaine Chengriha, qui n'oubliera jamais cet épisode, qui prit ensuite la poudre d'Escampette, abandonnant ses hommes, sans état d'âme, cultivant déjà le mensonge d'un usurpateur de titre et de faits d'armes. De la bataille, disons de la défaite cuisante d'Amgala, Saïd Chengriha en concevra toute sa vie de l'aigreur. Il n'a alors bien évidemment aucun mérite ni même le mince espoir d'une infime reconnaissance du colonel Houari Boumediene, son président et chef d'état-major, décédé deux ans plus tard, le 27 décembre 1978 et remplacé par le colonel Chadli Bendjedid. On s'en voudrait à coup sûr de l'accuser si le macchabée qu'il incarne ne jouait pas au tout puissant boutefeu, allumeur incendiaire tout juste bon à détruire. Ici, la part de folie, l'irresponsabilité appuyée sur le mythe d'une Algérie puissante, illusoire bien entendu, nous en dit long sur la dérive fascisante d'un pouvoir qui a perdu la raison ! Chengriha est un connétable, il survit aujourd'hui dans une sorte d'amertume crépusculaire, la fin d'un parcours, à peine capable de gesticuler, la nuque raide et la carrure déjà pliée d'orgueil et de malséance, un militaire de type latino-américain du siècle dernier, une sorte de Videla d'Argentine au mieux, de Pinochet au Chili au pire ou, caricature africaine, d'un Mengistu en Ethiopie qui a cru réinventer le communisme en Afrique et imposa aux Ethiopiens sa poigne à coups de purges. Saïd Chengriha qui est au pouvoir actuel d'Algérie ce que qu'un Centurion – la noblesse en moins – fut autrefois au pouvoir de Rome, s'acharne à créer un récit national de l'Algérie, avec les gesticulations et des provocations concentrées exclusivement sur le Royaume du Maroc, et aussi sur la France et l'Etat d'Israël. Traître à Gaïd Salah qui l'a fait, à son pays et à son peuple, le général chamarré d'étoiles et de bibelots cultive le rêve de héraut à quatre-vingt ans dans un pays où la jeunesse non seulement est en quête d'avenir, mais semble également de plus en plus désespérée et, par vagues de centaines, quitte le pays et se jette dans la Méditerranée devenue son seul horizon... On rappellera cependant que l'épisode d'Amgala n'a jamais été ou pu être évoqué par les dirigeants d'Alger pour la simple raison qu'il illustre, outre une défaite de l'armée algérienne, une trahison de Boumediene envers le Maroc et notamment le Roi Hassan II. Lors du Sommet de la Ligue arabe organisé à Rabat en octobre 1974, Boumediene, au faite de son pouvoir avait prononcé un discours devant ses pairs où il affirmait que son pays non seulement soutenait la revendication du Maroc sur son Sahara, mais qu'il était prêt à s'engager militairement à ses côtés face à l'Espagne. Cette déclaration solennelle est enregistrée, consignée dans les archives du Sommet arabe en l'occurrence... Que Boumediene et ses successeurs l'oublient si aisément et l'enterrent même, ne saurait nous étonner. Nous en sommes d'autant plus habitués que la triste tradition de reniements et de trahisons est depuis toujours la marque des dirigeants algériens, reprise avec un cynisme ahurissant par une presse à la botte de l'armée. Le Roi Hassan II avait en juillet 1961 reçu à Rabat le président du GPRA ( gouvernement provisoire de la République algérienne), Farhat Abbes pour à la fois lui renouveler le soutien du Maroc à la lutte du peuple algérien et se mettre d'accord ensemble sur le principe d'un règlement après la libération de la question des frontières maroco-algériennes . Farhat Abbès , premier dirigeant algérien de l'Indépendance, homme intègre et pacifique, sera éliminé par la suite par Ben Bella et l'armée. Il va sans dire, en effet, que le protocole d'accord du 6 juillet 1961, ébauche fragile d'une vision d'avenir irénique d'un bon voisinage qui ne verra jamais le jour – à tout le moins qui sera combattu – dispose en son paragraphe 5 que « le Gouvernement provisoire de la République algérienne reconnaît (...) que le problème territorial posé par la délimitation imposée arbitrairement par la France entre les deux pays trouvera sa résolution dans les négociations entre le Gouvernement du Royaume du Maroc et du Gouvernement de l'Algérie indépendante »...Ferhat Abbas , Président du GPRA étant éliminé par la suite, ses successeurs, issus par la force et détenant désormais le pouvoir, avaient tout simplement renié de tels engagements. Aussi lorsque certains esprits se hasardent à parler d'un conflit maroco-algérien de cinquante ans, serait-on forcé de rectifier le tir. Il s'agit bel et bien d'une « guerre » de 60 ans que le pouvoir militaire algérien s'acharne à mener contre pays, épuisant un trésor de manœuvres dilatoires, foulant aux pieds les beaux principes de fraternité et de solidarité manifestés par le Maroc, brisant les rêves de nos jeunesses, érigeant le mensonge d'Etat comme un modèle. Chengriha qui incarne de toute évidence la face brutale de ce régime, répressive, autoritariste, violente ne serait-ce que par la sinistre image de centaines de milliers de morts pendant la décennie noire, la tentation suicidaire de l'expansionnisme au dépens des Etats voisins, enfin la dictature sombre, stalinienne, violente contre les intellectuels – comme notamment Boualem Sensal – et les démocrates, ou tout simplement les citoyens dépouillés de leurs droits, violés dans leur conscience, asservis à un ordre totalitaire... Dans la lignée d'une défaite de tous les principes et d'un modèle algérien, au pied du mur, d'un régime en faillite, Chengriha, ce stalinien rétrograde est lancé dans une fuite en avant... Il porte la marque indélébile du complexe rédhibitoire du Royaume du Maroc comme le totem sur sa peau...