Dans son dernier rapport publié vendredi, l'agence Moody's Ratings a confirmé les notes d'émetteur à long terme et de dette senior non garantie du Maroc à Ba1, conservant des perspectives stables pour le pays. Cette décision reflète les nombreuses forces institutionnelles du Maroc ainsi que sa robuste position extérieure, et souligne l'équilibre délicat que le pays doit maintenir entre ses défis économiques et ses efforts de réforme. L'évaluation de Moody's souligne que les efforts de consolidation budgétaire sont entravés par la nécessité de répondre aux demandes sociales tout en soutenant les investissements. Les pressions sur les dépenses publiques, en particulier en ce qui concerne les réformes de la sécurité sociale et les projets d'infrastructure, posent des défis à la gestion fiscale du gouvernement. Néanmoins, Moody's prévoit que le Maroc parviendra à maintenir un fardeau de la dette stable dans les années à venir. Les plafonds de notation demeurent inchangés, avec un plafond en monnaie locale à Ba1, soit trois crans au-dessus de la note souveraine. Le plafond en devises étrangères est quant à lui établi à Baa2, reflétant des risques de transfert et de convertibilité modérés, en cohérence avec le régime de taux de change fixe du pays. Lire aussi : Cours des devises du lundi 30 septembre 2024 Par ailleurs, la gouvernance robuste et le cadre institutionnel du Maroc sont des éléments déterminants pour sa résilience économique. Le pays a démontré une capacité efficace à gérer des crises externes, comme l'indique le rapport de Moody's. L'engagement de Bank Al-Maghrib à maintenir la stabilité des prix renforce également la crédibilité de la politique monétaire, favorisant une libéralisation contrôlée du taux de change. Sur le plan budgétaire, le gouvernement prévoit une augmentation des dépenses de santé et de sécurité sociale, estimée à 2,3 % du PIB pour l'année 2024. Des partenariats public-privé sont envisagés pour atténuer les impacts fiscaux de grands projets, y compris ceux liés aux événements d'envergure et aux investissements climatiques. Le déficit primaire du Maroc devrait se stabiliser autour de 2 % du PIB, assumant un contexte macroéconomique favorable, même si des pressions sur les dépenses demeurent. Cependant, le Maroc doit faire face à des défis persistants, tels que des niveaux de revenus en deçà des attentes et des inégalités socio-économiques qui entravent le développement durable et les opportunités d'emploi. Avec un revenu par habitant s'élevant à 10 460 dollars en termes de parité de pouvoir d'achat (PPA) en 2023, le pays se situe bien en-dessous de la moyenne Ba1 de 27 316 dollars. De plus, une proportion significative d'emplois dans l'économie informelle et un taux de chômage élevé parmi les jeunes soulignent l'urgence d'une action gouvernementale renforcée. Malgré les réformes structurelles mises en place, les avancées pour surmonter ces défis restent limitées. Le Maroc s'efforce de diversifier son économie et d'investir davantage dans les énergies renouvelables. Les perspectives stables de Moody's reflètent ainsi des risques équilibrés autour du scénario économique actuel, bien que des préoccupations subsistent quant au rythme des réformes nécessaires face à une pression continue sur les dépenses.