Des milliers de Zimbabwéens sont descendus samedi dans les rues d'Harare pour demander le départ du président Robert Mugabe, assigné à résidence surveillée depuis la prise du contrôle du pays par l'armée en milieu de semaine. Les manifestants brandissaient des banderoles appelant au départ immédiat de celui qui a présidé à leurs destinées pendant 37 ans, plongeant le pays, jadis l'un des plus riches en Afrique, dans une grave crise économique, politique et sociale avec des taux excessivement élevés de pauvreté et de chômage et une hyperinflation sans précédent. Des scènes d'euphorie et de joie ont marqué l'imposante manifestation, témoin du soulagement ressenti par une population assujettie à un régime répressif depuis l'indépendance de cette ancienne colonie britannique au début des années 1980. Certains manifestants brandissaient des portraits des généraux de l'armée, célébrant leur intervention contre Mugabe et son régime. Des Drapeaux du Zimbabwe ont été offerts aux soldats déployés pour assurer la paix et la sécurité durant la manifestation. Par ailleurs, Mugabe (93 ans), qui a refusé depuis l'intervention de l'armée, de quitter le pouvoir, aurait commencé à céder, la presse rapportant qu'il a demandé davantage de temps «pour partir dans la dignité». Isolé et abandonné par ses alliés, Mugabe ne semble pas avoir de choix que d'accepter l'offre d'asile présenté par le voisin sud-Africain, indiquent les médias. L'Afrique du Sud, en sa qualité de président en exercice de la Communauté de développement d'Afrique australe, avait dépêché depuis le début de la crise à Harare, une délégation conduite par les ministres de la Défense et de la Sécurité d'Etat pour aider à trouver un règlement. La manifestation de Samedi vient confirmer l'isolement de Mugabe après l'annonce par son propre parti du Zanu-PF du lancement d'une procédure de destitution contre lui, s'il continue de refuser d'abdiquer. Les vétérans de l'armée de libération, qui étaient l'un des alliés majeurs de Mugabe avant de l'abandonner, ont pris part à la manifestation aux côtés des autres groupes d'opposition. L'opposition avec le parti au pouvoir se préparent désormais pour la formation d'un gouvernement de transition devant baliser le chemin pour l'organisation d'élections dans le pays durant la première moitié de 2018, selon certains rapports.