À l'approche de l'Aïd, les Marocains aspirent à célébrer cet événement ancestral. Même les ménages aux moyens financiers limités contractent des crédits pour acheter le mouton. L'Aïd Al Adha, période fastueuse, représente une pression sociale pour ceux qui manquent de moyens. Le crédit à la consommation est significatif durant l'Aïd Al Adha. Les Marocains consacrent une part importante de leur budget à la célébration, une fête séculaire ancrée dans l'ADN marocain, riche de coutumes ancestrales. Une étude de terrain menée par le ministère de l'Agriculture sur l'Aïd Al Adha 2023 révèle que 49 % des ménages acquièrent leur animal de sacrifice entre 3 et 7 jours avant la fête, 24 % le font 1 ou 2 jours avant, et 27 % plus d'une semaine à l'avance. En 2023, 87,5 % des ménages ont accompli le rituel de sacrifice, avec une prédominance rurale de 94 % contre 84 % en milieu urbain. Lire aussi : Au moins 70 moutons morts en trois jours à Berrechid : explications de l'ONSSA Concernant la répartition par espèce, l'Aïd précédent a compté 6 millions de têtes abattues, dont 5,5 millions d'ovins (92 %) et 510 000 caprins (8 %). Le nombre d'animaux destinés au sacrifice était de 120 000 têtes (2,1 %). Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), les dépenses représentaient en 2019-2020, 42 % du budget mensuel des 10 % des ménages les plus défavorisés, contre seulement 13,3 % pour les 10 % les plus aisés. Ces dépenses augmentent chaque année. Le HCP indique que le prix moyen des animaux sacrifiés par ménage est passé de 1840 dirhams en 2013 à 2000 dirhams en 2019, soit une hausse de 8,7 %. Avec une augmentation annuelle moyenne de 5 % du prix de la viande, le coût a grimpé de 21 % entre 2019 et 2023, portant le prix moyen à 2400 dirhams. Les ménages marocains devraient dépenser plus de 18 milliards de dirhams pour l'Aïd Al Adha, selon les prévisions du HCP. Ce montant était de 15,4 milliards en 2019. Malgré la hausse des prix, la majorité continue de pratiquer le rituel du sacrifice. En 2019-2020, 7,9 % des ménages n'ont pas sacrifié de mouton, 9,6 % en milieu urbain et 4,1 % en rural. Seulement 2,5 % des ménages parmi les 20 % les plus pauvres ne pratiquent pas le sacrifice, contre 16,4 % des 20 % les plus riches. La proportion de ménages effectuant le sacrifice est plus faible lorsque le chef de famille a un niveau d'éducation supérieur : 17,2 % pour ceux ayant atteint l'enseignement supérieur, contre 6,5 % pour ceux sans niveau scolaire. Bien que la majorité reste attachée au rituel du sacrifice, les chiffres du HCP montrent un recul. Entre 2000 et 2019, le nombre de ménages n'ayant pas sacrifié de mouton a augmenté, passant de 4,7 % en 2013-2014 à 5,2 % en 2000-2001, et à 7,9 % en 2019.