Les célébrations de l'Aïd al-Adha demeurent un poste de dépenses important pour les ménages. Entre 2019 et 2023, ces dernières sont passées de 15 MMDH à 18 MMDH. Pourtant, le nombre de Marocains qui font l'impasse sur le rituel du sacrifice est en constante hausse. Explications. Aux yeux de la majorité des Marocains, l'Aid Al Adha demeure encore un événement important. Ils y prêtent une attention particulière. C'est le cas en particulier pour les ménages marocains les plus défavorisés qui doivent faire face à des dépenses exceptionnelles occasionnées par cet événement. C'est ce qu'a confirmé une récente étude menée par le Haut-commissariat au plan (HCP) qui estime les dépenses totales des ménages, lors de cet événement, à plus de 18 milliards de dirhams en 2023, contre 15,4 milliards de dirhams en 2023. Fortes dépenses pour la consommation de viande Dans le détail, 29% du budget annuel moyen des ménages à l'occasion de l'Aïd al-Adha est consacré à la consommation de viande. Cette part est de 32,6 % dans 20% des ménages les plus défavorisés, et de 25,5% dans 20% des ménages les plus aisés. Il faut dire que le rituel de cette année a coïncidé avec une hausse généralisée des prix des denrées alimentaires. Entre 2019 et 2023, le prix de la viande a enregistré une augmentation annuelle moyenne de 5% (7,2 % entre 2021 et 2023). Cette augmentation aurait des répercussions sur le prix moyen des animaux d'abattage à l'occasion de Aid Al Adha en 2023, expliquant en partie l'augmentation du montant des dépenses consacrées à cette fête. En réalité, le chiffre en question ne reflète pas seulement l'attachement qu'ont les Marocains pour cet événement. Il traduit également le rythme d'évolution des prix de la viande durant cette période. Le prix moyen des animaux abattus par ménage s'est élevé à 2.000 dirhams en 2019 contre 1.840 dirhams en 2013, enregistrant ainsi une augmentation de 8,7 %. Le rituel du sacrifice de moins en moins exécuté En réalité, le nombre de Marocains qui se désintéressent des festivités et rites liés à Aïd al-Adha est en constance hausse, notamment parmi la population la plus aisée. Là encore, les chiffres du HCP le confirment. Selon les données d'enquêtes nationales sur les sources de revenu et les dépenses de consommation des ménages réalisées par le Haut-Commissariat au Plan, le rituel du sacrifice à l'occasion de la fête n'a pas été accompli par 7,9 % des ménages en 2019-2020, soit 9,6% en milieu urbain et 4,1% en milieu rural. Cette proportion était de 4,7% en 2013-2014 et de 5,2 % en 2000-2001. Par ailleurs, poursuit la même source, il semble que le niveau de vie et le niveau d'instruction du chef de ménage soient positivement corrélés avec le non-accomplissement de ce rituel. Près d'un ménage sur six (16,4%) relevant des 20% de la population la plus aisée n'accomplit pas le sacrifice de l'Aid, contre 2,5% pour les ménages relevant de 20% de la population la plus pauvre. De même, 17,2% des ménages dont le chef a atteint le niveau d'études supérieures ne sacrifient pas de mouton, contre 6,5% pour des ménages dont le chef n'a aucun niveau scolaire. Si le niveau d'instruction de certains ménages explique le non-accomplissement de Aid Al Adha qui constitue un événement important pour les Marocains, particulièrement en ce qui concerne les contraintes matérielles qui pèsent sur leur budget, les tensions inflationnistes ont également leur part de responsabilité dans ce phénomène. En effet, en 2019-2020, le poids de ces dépenses dans leur budget mensuel est de 42% pour les 10 % des ménages les plus défavorisés, contre 13,3 % pour les 10% des ménages les plus aisés. Entre 2019 et 2023, les prix de la viande ont augmenté de près de 21 %. Les deux dernières années ont été marquées par une inflation, notamment pour les produits alimentaires. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO