Le Maroc demeure un acteur majeur de l'industrie textile européenne. En effet, le groupe espagnol Inditex sous-traite une partie de sa production au Maroc, tirant avantage de la proximité géographique, un atout considérable pour la chaîne d'approvisionnement et la réactivité sur le marché. Toutefois, l'émergence de la Fast Fashion, qui recourt de plus en plus au fret aérien pour des livraisons rapides et pour satisfaire les tendances éphémères, bouleverse le secteur. Les entreprises chinoises Shein et Temu ont révolutionné l'industrie textile mondiale, réduisant les délais d'expédition à quelques jours par voie aérienne, contre 5 à 6 semaines par bateau. L'essor de la Fast Fashion, encouragé par de grandes marques européennes telles que Primark, H&M, Zara, ainsi que par les géants chinois du e-commerce Shein et Temu, a entraîné une augmentation exponentielle des ventes d'articles de mode rapide. Cette situation a suscité des inquiétudes environnementales en Europe, incitant la France, l'Union européenne et le G7 à entamer un processus de régulation de cette industrie. Cela pourrait affecter les exportations marocaines, sachant que le royaume se classe au huitième rang des fournisseurs de l'Europe en matière d'habillement. Le Maroc est un fournisseur important pour l'Europe dans le domaine textile, occupant la huitième place avec une part de marché de 3,1 %. Sur le marché français, le Maroc se positionne en deuxième place avec 17 % des exportations marocaines vers l'Europe, représentant 1,75 milliard de dirhams en 2023. L'industrie de la mode a connu une transformation significative avec l'avènement de la Fast Fashion. Ce phénomène, qui affecte principalement le prêt-à-porter, se caractérise par un nombre considérable de nouveaux modèles et un renouvellement constant des collections. Les cycles de production accélérés et les vêtements bon marché ont changé les normes de consommation dans le secteur de la mode, entraînant une surproduction massive de vêtements fabriqués à l'autre bout du monde. Chaque année, le nombre de vêtements vendus dans le monde est estimé à 100 milliards, générant 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Fast Fashion : un danger pour l'environnement ? Sur le plan écologique, la production massive et industrielle de vêtements est alarmante. Les fournisseurs des marques sont principalement situés au Bangladesh, en Birmanie, au Vietnam, au Pakistan, en Inde et surtout en Chine. Ces vêtements parcourent des milliers de kilomètres avant d'atteindre l'Europe, contribuant à l'émission de tonnes de CO2. L'industrie textile mondiale est responsable de 4 milliards de tonnes d'équivalent CO2 chaque année, un volume supérieur à celui des vols internationaux et du trafic maritime combinés. En raison de son impact environnemental délétère, le modèle de la Fast Fashion fait l'objet de vives critiques. En France, les écologistes ont combattu ce modèle en instaurant des mesures coercitives, telles que l'application d'un malus environnemental renforcé pour diminuer l'attractivité des produits issus de la Fast Fashion. Ce malus représente une pénalité de 50 % du prix hors taxe pour chaque article vendu, ce qui pourrait atteindre jusqu'à 10 euros par produit d'ici 2030. Au sein de l'Union européenne, les eurodéputés s'attaquent au problème des déchets textiles. Selon les experts, les pays du G7 vont s'engager contre l'impact environnemental et climatique considérable du secteur de la mode et du textile. La question de la Fast Fashion est préoccupante ; en effet, les ministres réunis à Turin espèrent limiter le développement incontrôlé de l'industrie textile, responsable d'une importante pollution plastique et d'émissions de GES, facteurs de réchauffement climatique. Cependant, le Maroc bénéficie d'un avantage compétitif indéniable : la proximité géographique, surtout à une époque où les coûts de transport s'envolent. Les experts prévoient que la pénalisation de la Fast Fashion en France aura un impact positif sur l'industrie marocaine. En tant qu'important exportateur de textile vers l'Europe, ces lois pourraient à terme freiner considérablement le commerce des marques de Fast Fashion en France, favorisant ainsi l'émergence des produits industriels marocains sur le marché français.