Une nouvelle vague de violence a éclaté mardi en Catalogne, où des agriculteurs en grève ont pris pour cible cinq camions en provenance du Maroc, chargés de fruits et légumes. Ils ont déversé des caisses de haricots verts sur la chaussée et bloqué la circulation sur l'autoroute et la route nationale II, à proximité de Gérone. Cette action coup de poing s'inscrit dans le cadre d'un mouvement de protestation qui dure depuis plus de deux semaines et qui vise à dénoncer la concurrence des produits marocains sur le marché européen. Les agriculteurs espagnols reprochent au Maroc de pratiquer du dumping social et environnemental, en produisant à bas coût des fruits et légumes qui ne respecteraient pas les normes de qualité et de traçabilité exigées par l'Union européenne (UE). Ils affirment que cette situation entraîne une baisse des prix et une perte de revenus pour les producteurs locaux, qui peinent à faire face aux charges et aux investissements nécessaires pour maintenir leur activité. Ce n'est pas la première fois que des camions marocains sont pris pour cible par des agriculteurs espagnols. Quelques semaines avant, des incidents similaires avaient eu lieu à Grenade et en Andalousie, où des tonnes de tomates marocaines avaient été détruites par des manifestants. Ces actes de vandalisme ont suscité l'indignation et la condamnation du gouvernement et des organisations professionnelles du Maroc, qui ont dénoncé une campagne de dénigrement et de sabotage contre leurs produits. Face aux accusations portées par les agriculteurs espagnols, le Maroc a réagi avec fermeté et a défendu la qualité et la compétitivité de ses fruits et légumes. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré en marge de la conférence de presse lundi à Rabat, en compagnie de son homologue français, Stéphane Séjourné, qui effectuait une visite officielle dans le royaume, condamné des attaques contre les camions marocains et a rappelé que le Maroc est un partenaire stratégique et fiable de l'UE, avec qui il entretient des relations commerciales équilibrées et bénéfiques pour les deux parties. Bourita a souligné que l'UE est le premier partenaire commercial du Maroc, et que l'accord d'association signé en 1996 a permis de créer un espace de coopération et de dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. Il a précisé que l'UE a réalisé un excédent de 10 milliards d'euros dans ses échanges avec le Maroc, et que l'UE exporte plus de produits agricoles vers le Maroc qu'elle n'en importe. Il a ajouté que le Maroc occupe le troisième rang en termes de respect des règles sanitaires et phytosanitaires de l'UE, et que ses produits sont soumis à des contrôles rigoureux et réguliers. Bourita a également mis en garde contre une « géopolitique du rejet » qui se développe en Méditerranée, et qui tend à considérer comme une menace tout ce qui vient du sud. Il a estimé que cette vision est alimentée par la peur et la méfiance, et qu'elle a commencé avec les problèmes de migration, pour s'étendre désormais aux produits agricoles. Il a qualifié cela de « myopie dangereuse » qui ne tient pas compte des réalités économiques et sociales, et qui risque de compromettre la stabilité et la prospérité de la région.