Dans moins d'un mois, plus de 112 millions d'électeurs russes seront attendus aux urnes pour un scrutin présidentiel marqué par un nombre limité de candidats et un favori en vue. Début février, la Commission électorale centrale de Russie (CEC) a entériné une liste définitive composée de quatre candidats à l'élection présidentielle, soit autant que lors du scrutin de 2008, remporté par Dmitri Medvedev, avec 70,28% des voix. En plus de l'actuel président Vladimir Poutine, la liste comprend Leonid Sloutski du parti libéral-démocrate de Russie, Nikolaï Kharitonov du parti communiste de Russie (KPRF), ainsi que Vladislav Davankov du parti ''Nouvelles personnes''. Selon plusieurs experts, M. Poutine, qui brigue un cinquième mandat lors de ces élections prévues entre le 15 et 17 mars 2024, est perçu comme le grand favori de ce scrutin. « Le leadership du candidat à la présidentielle russe et actuel chef de l'Etat Vladimir Poutine dans les sondages sociaux est évident », assure Viktor Poturemski, directeur de l'analyse politique à l'Institut du marketing social (INSOMAR), basé à Moscou. Un récent sondage du Centre panrusse d'étude de l'opinion publique (VTsIOM) montre, en effet, que si l'élection présidentielle russe se tenait aujourd'hui, 79% des russes éligibles voteraient pour le président sortant, qui se présente en tant que candidat indépendant comme en 2014 et 2018. Pour les trois autres candidats, 4% des sondés ont exprimé leur soutien au vice-président de la Douma Danakov et autant voteraient pour le député communiste Kharitonov, alors que le député Sloutski n'a recueilli que 2% des intentions de vote, d'après ce sondage réalisé vers la mi-février auprès de 1.600 adultes. Lire aussi : Quatre candidats en lice pour les présidentielles russes +Bataille pour la deuxième place+. Commentant ces résultats, l'analyste politique Poturemski estime qu'une « bataille pour la deuxième place » est en cours entre les trois candidats qui se présentent contre M. Poutine. C'est ce que soutient un récent rapport de la Fondation des politiques progressistes, un organe de recherche socio-économique et politique basé à Moscou, qui affirme que le dauphin de l'élection présidentielle pourra "hisser son parti au sommet" lors des prochaines élections législatives de 2026. Abondant dans ce sens, le politologue russe Alexei Makarkin explique que « la lutte pour la 2e place aux élections présidentielles est un enjeu réel pour tous les candidats des partis parlementaires ». Si le KPRF termine deuxième, cela ne sera pas un fait nouveau car les candidats de cette formation politique avaient pris systématiquement la 2e place lors de toutes les élections présidentielles russes depuis 1996. « Or, si un représentant du parti libéral-démocrate ou des Nouvelles personnes prend la 2e place, cela pourrait devenir un événement intéressant et stimuler l'ascension des deux partis », relève-t-il. +Des programmes électoraux focalisés sur les régions+. En termes de programmes électoraux, Danakov propose le renforcement du rôle économique des régions, le développement de l'entrepreneuriat, l'optimisation des dépenses publiques et la redistribution des dépenses en faveur de l'éducation et de la santé. Le programme électoral de Kharitonov s'articule, lui, autour de deux axes principaux, à savoir la nationalisation de la production, ainsi qu'une politique sociale renforcée pour favoriser le développement de la science et une hausse de la natalité. Sloutski, un fervent soutien du président sortant, se focalise sur la création de conditions égales pour les citoyens vivant dans différentes régions. Pour ce faire, le candidat du parti libéral-démocrate souligne la nécessité de modifier le système de répartition des impôts entre le centre fédéral et les régions et de lancer des projets d'investissements pour développer l'économie régionale. Les trois candidats, tous membres de la chambre basse du parlement russe, pourront exposer en détail leurs programmes en utilisant le temps d'antenne qui leur est imparti dans le cadre de la campagne électorale, lancée samedi. Ils participeront également à plusieurs débats programmés sur cinq chaînes de télévision fédérales et trois stations de radio à partir du 19 février. +Le président russe absent des débats+. Le président sortant Vladimir Poutine sera le grand absent de ces débats tout comme lors des présidentielles de 2004, 2012 et 2018, son équipe de campagne ayant annoncé "le refus du candidat à la présidence de la Fédération de Russie, Vladimir Vladimirovitch Poutine, de participer à des événements de campagne conjoints sur les chaînes fédérales". Interrogé à ce sujet par les médias, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a imputé cette décision à l'emploi du temps très chargé de M. Poutine, notant que le chef d'Etat russe apparaît suffisamment dans les médias pour en être exempté. "Poutine est l'actuel chef de l'Etat qui vit dans un environnement présidentiel très tendu. Cela le distingue fondamentalement des autres candidats", a-t-il expliqué. Près de 112.309.947 électeurs, dont 1.890.863 personnes à l'étranger, devraient voter à ce scrutin qui se tiendra en présentiel et à distance, selon la CEC. A ce jour, près de 2.915.000 électeurs ont exprimé leur souhait de voter en ligne lors du scrutin, a annoncé la présidente de la CEC, Ella Pamfilova, qui s'attend à ce que 38 millions de Russes votent électroniquement lors de la présidentielle de mars 2024. Bien que M. Poutine est donné vainqueur de ce scrutin, la grande question sera, selon les observateurs, de savoir s'il fera mieux que lors de la présidentielle de 2018, au cours de laquelle il a remporté 76,69 % des suffrages, son meilleur chiffre à ce jour.