Selon les données de Bank Al-Maghrib, la dette publique du Maroc a représenté 71,60 % du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2023. Ce ratio est nettement supérieur à la moyenne de 59,81 % observée entre 1965 et 2022. Il s'approche du pic de 117,71 % atteint en 1985, mais reste loin du creux de 21,66 % enregistré en 1965. Toutefois, la structure de la dette du trésor reste dominée par sa composante intérieure avec une part de près de 74,7% alors que celle de la dette extérieure aurait augmenté à près 25,3%. Cette structure reste conforme aux objectifs retenus pour le portefeuille benchmark de 70% à 80% pour la dette intérieure et 20% à 30% pour la dette extérieure. L'épineuse question de la dette retient toutes les attentions des économistes marocains. La tendance haussière de la dette publique devrait se poursuivre dans les prochaines années. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) prévoit que la dette nationale augmentera de 26,8 milliards de dollars américains (+27,25 %) entre 2023 et 2028, pour atteindre 125,1 milliards de dollars américains, un niveau inédit. Cette évolution s'explique par la croissance continue des besoins de financement du trésor, qui a dû recourir principalement à des sources de financement extérieures en 2023, après une période de forte dépendance au marché intérieur. Le Maroc a ainsi réussi son premier emprunt à l'international de 2,5 milliards de dollars en début d'année 2023, après deux années d'absence. Le financement intérieur reste toutefois prédominant dans la structure de la dette du trésor, qui représente environ 72 % du PIB en 2023, contre 71,6 % en 2022. La part de la dette intérieure s'élève à 74,7 %, tandis que celle de la dette extérieure augmente à 25,3 %. Cette répartition respecte les objectifs fixés pour le portefeuille benchmark de 70 % à 80 % pour la dette intérieure et 20 % à 30 % pour la dette extérieure, souligne le HCP. Lire aussi : Bourse : 2024, une année de reprise La dette extérieure garantie par l'Etat, quant à elle, diminue légèrement, passant de 14,6 % du PIB en 2022 à 13,6 % en 2023. Cette baisse est due aux opérations de restructuration menées pour permettre aux établissements et entreprises publics de se financer librement sur les marchés national et international, sans recourir à la garantie de l'Etat. Ainsi, le ratio de la dette publique globale s'établit à 85,6 % du PIB en 2023, contre 86,1 % en 2022. Des réformes fiscales insuffisantes Face à la dégradation des finances publiques, aggravée par l'impact du séisme qui a frappé le pays en 2022, le gouvernement a engagé des réformes fiscales en 2023 et 2024. Parmi ces réformes, on peut mentionner l'amélioration du système d'imposition des sociétés, qui vise à supprimer progressivement la variabilité du taux normal à 20 % d'ici 2026. Cette mesure devrait accroître les recettes fiscales et favoriser l'investissement privé. Par ailleurs, le gouvernement a décidé de remplacer les subventions alimentaires et énergétiques par des allocations familiales ciblées, afin d'assurer une meilleure gestion des dépenses publiques et de réduire les inégalités sociales. Cependant, ces efforts de consolidation budgétaire ne seront pas suffisants pour empêcher le creusement du déficit budgétaire en 2023 et 2024 par rapport à 2022. En effet, le plan de reconstruction annoncé par le gouvernement représente un coût élevé pour le budget de l'Etat. Ce plan, qui s'étalera sur cinq ans, est estimé à 117 milliards de dirhams, soit 8,5 % du PIB. Il sera financé par une augmentation des dépenses budgétaires et une contribution de deux milliards de dirhams du Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Un soutien international Pour faire face à ses besoins de financement, le Maroc bénéficie du soutien de ses partenaires internationaux, notamment le Fonds monétaire international (FMI). Le Maroc dispose d'une ligne de crédit préventive et de liquidité (LCPL) du FMI, d'un montant de 3,47 milliards de dollars, qu'il peut utiliser en cas de besoin. Cette ligne de crédit témoigne de la confiance du FMI dans les politiques économiques et financières du Maroc, ainsi que de sa capacité à rembourser ses obligations. Le Maroc a également reçu des prêts concessionnels de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement, de la Banque européenne d'investissement, de l'Union européenne et de la France, pour financer des projets de développement économique et social, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'énergie, de l'agriculture et de l'environnement.