Un an après le conclave mondial du climat à Marrakech, des délégations du monde entier se retrouvent, du 6 au 17 novembre à Bonn, en Allemagne, pour un nouveau sommet pour faire avancer l'agenda climatique en matière de lutte contre les effets néfastes du réchauffement climatique, avec l'ambition d'accélérer la mise en œuvre de l'Accord de Paris. Dans le cadre de la 23ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP23), les négociateurs devront débattre de l'avancement des objectifs et des ambitions de l'Accord de Paris, ratifié jusqu'ici par 169 pays dans la perspective de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en deçà de 2 °C par rapport à l'ère pré-industrielle et si possible à 1,5 °C. Il s'agit notamment de progresser sur les lignes directrices de la mise en œuvre de l'Accord adopté par les 196 Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en décembre 2015 à Paris, et partant aller de l'avant dans ce processus confirmé à Marrakech lors de la COP22 (7-18 novembre 2016). L'idée est de faire en sorte que l'on parvienne à améliorer la lisibilité des objectifs nationaux des pays signataires de manière à rendre comparables les promesses faites par les différents pays en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d'autant plus qu'il est prévu d'adopter un règlement commun lors de la COP24, qui se déroulera en Pologne en décembre 2018. Autre enjeu majeur de la Conférence de Bonn : motiver les Etats à relever progressivement leurs ambitions et les efforts consentis en prévision de la première révision des contributions nationales à la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui aura lieu l'an prochain. Car de l'avis des spécialistes, les contributions actuelles ne devraient pas permettre d'atteindre l'objectif fixé par l'Accord de Paris (limiter le réchauffement de la température globale à 2°C d'ici à la fin du siècle). Le COP23 intervient alors deux rapports alarmants, publiés la semaine dernière par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM), montrent clairement que « nous devons faire davantage pour stopper la hausse continue des températures » dans le monde. Le rapport du PNUE sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions estime, en effet, que les engagements pris par les pays au niveau national ne représentent qu'un tiers des réductions d'émissions nécessaires à l'horizon 2030 pour respecter les objectifs relatifs à la lutte contre les changements climatiques. L'OMM a fait état, pour sa part, de niveaux de concentration de CO2 dans l'atmosphère sans précédents. Ces concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2), responsable du réchauffement climatique, ont augmenté à un rythme record en 2016, atteignant le niveau le plus élevé depuis 800.000 ans. L'OMM prévient que la planète s'achemine aujourd'hui vers une hausse du thermomètre de 3 à 3,2 °C à la fin du siècle. Sans effort supplémentaire, en 2030, l'humanité aura consommé 80 % de son « budget carbone », c'est-à-dire la quantité de CO2 qu'elle peut encore relâcher dans l'atmosphère sans dépasser 2 °C de réchauffement. Avec un tel scénario, la totalité du budget lui permettant de ne pas aller au-delà de 1,5 °C devrait être épuisée. « Il est donc urgent d'accélérer l'action à court terme et de renforcer les ambitions nationales à long terme », recommande le rapport, soulignant qu' »il est clair que si l'écart entre les réductions d'émissions nécessaires et les engagements des pays n'est pas comblé d'ici à 2030, il est extrêmement improbable que l'objectif de maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C puisse encore être atteint ». A ces inquiétudes qui font que les négociations s'annoncent d'ores et déjà rudes, s'ajoutent une autre et non des moindres, celle liée la décision des Etats-Unis de se retirer de l'accord de Paris, et ses conséquences sur la contribution américaine au financement du fonds vert, destiné à soutenir les projets des pays en développement pour réduire leurs émissions et pour s'adapter aux évolutions du climat. Le retrait du plus gros contributeur du fonds, deuxième émetteur mondial de dioxyde de carbone (CO2) derrière la Chine, devrait donc accentuer les difficultés liées au financement des efforts de réduction des émissions et d'adaptation, qui doit se traduire, au-delà de la promesse des pays développés de verser 100 milliards de dollars par an aux pays en développement, par une réorientation de la finance vers une économie bas carbone. Face à ces craintes, les délégations des pays en développement ont tout intérêt à faire entendre leurs voix durant les deux semaines de négociations à Bonn, dans le cadre de la COP23 qui se tiendra sous la présidence des îles Fidji, un Etat insulaire qui représente les pays du Pacifique fortement vulnérables aux effets des changements climatiques. Après une présidence marocaine aussi dynamique que résolument engagée en faveur des pays africains et ceux exposés au réchauffement planétaire, c'est au tour de ce petit pays du Pacifique de porter la voix de la cause climatique et surtout d'attirer l'attention sur les périls qui guettent les laissés pour compte de la cause écologique. Entre 25.000 et 35.000 participants, parmi lesquels les représentants de plus de 500 ONG et plus d'un millier de journalistes, sont attendus lors de la COP23 de Bonn, organisée selon le concept : « Une conférence, deux zones ». Lors des deux semaines de la conférence, un vaste espace de la ville allemande deviendra le Campus Climat qui sera divisé en deux secteurs : la « zone Bula » où auront lieu les discussions entre les gouvernements et la « zone Bonn » qui accueillera les événements relatifs à l'action climatique, dont des événements de haut niveau, des événements parallèles et des expositions organisées par la CCNUCC et le gouvernement allemand. Cette deuxième zone abritera aussi des activités médiatiques et des événements dans les pavillons des délégations participantes.