Les Etats-Unis ont opposé vendredi leur veto à la résolution des Emirats arabes unis appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, bien que 13 des 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU aient voté en sa faveur. La Grande-Bretagne s'est abstenue. Le veto américain a mis fin aux efforts désespérés du secrétaire général de l'ONU, António Guterres, qui avait averti que s'ils ne s'arrêtaient pas maintenant, les combats à Gaza mettraient en danger la paix mondiale et déstabiliseraient le Moyen-Orient. La résolution, proposée par les Emirats arabes unis, le seul Etat arabe membre du Conseil composé de 15 membres, a été votée samedi matin. Auparavant, l'ambassadeur américain auprès des Nations Unies, Robert A. Wood, avait clairement indiqué que Washington ne soutenait pas un cessez-le-feu immédiat. Dans son discours à la session d'urgence convoquée par le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, l'ambassadeur Wood a critiqué l'échec du Conseil de sécurité à condamner le raid du Hamas du 7 octobre et a souligné une « déconnexion fondamentale » entre les discussions et les réalités sur le terrain. Les Etats-Unis, a-t-il déclaré, s'opposent à un cessez-le-feu immédiat, car cela « ne ferait que planter les graines » de la prochaine crise, car le Hamas n'a « aucun désir de voir une paix durable, ni une solution à deux Etats ». Mais l'envoyé américain a également averti Israël qu'« il ne doit y avoir aucun déplacement ni réduction durable du territoire de Gaza. En aucune circonstance, les Etats-Unis ne soutiendraient la réinstallation forcée des Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie. » Lire aussi : Le rejet de Cameron pour un cessez-le-feu permanent soulève des inquiétudes à Gaza Le secrétaire général Guterres, qui a utilisé ses pouvoirs d'urgence pour convoquer la réunion, a exprimé son inquiétude face à l'effondrement potentiel du système de soutien humanitaire à Gaza. Soulignant le risque de conséquences dévastatrices pour l'ordre public, de déplacements massifs vers l'Egypte et de sécurité régionale, il a réitéré son appel à « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » et a exhorté le Conseil à « agir maintenant ». L'ambassadrice britannique Barbara Woodward a déclaré que « l'ampleur choquante des victimes civiles » était alarmante. Tout en soutenant le droit d'Israël à l'autodéfense, elle a appelé à des actions ciblées et précises, à la protection des civils et à une aide humanitaire accrue pour éviter une catastrophe. L'ambassadeur de France Nicolas de Rivière a réitéré l'appel à « une trêve humanitaire immédiate conduisant à un cessez-le-feu permanent ». Condamnant les actions du Hamas, la France a déploré la décision de ne pas renouveler le visa du coordonnateur résident de l'ONU. La France a également exprimé sa préoccupation concernant les colonies juives, appelant à une solution à deux Etats. L'ambassadeur chinois Zhang Jun a soutenu le projet de résolution des Emirats arabes unis en faveur d'un cessez-le-feu immédiat, déclarant qu'« il est crucial de sauver des vies et d'ouvrir la voie à une solution à deux Etats ». Zhang Jun a mis en garde contre une crise imminente de plus grande ampleur, exhortant les Etats membres à agir rapidement. « Une crise plus grave est imminente et la paix et la sécurité régionales sont au bord du précipice. Le monde regarde. Les Etats membres doivent agir », a-t-il prévenu. Le représentant adjoint de la Russie, Dmitriy Polyanskiy, a exhorté le Conseil à « sauver les Palestiniens de l'extermination » et a exigé la fin des hostilités. « Nous espérons que tous nos collègues trouveront la force et le courage d'adopter le projet de résolution préparé par les Emirats arabes unis », a déclaré M. Polyanskiy. Il a également déclaré que le fait d'inonder Gaza d'eau de mer par l'armée israélienne comme tactique de guerre équivaudrait à un crime de guerre. L'ambassadeur des Emirats arabes unis, Mohamed Issa Abushahab, a souligné la nécessité d'une action urgente du Conseil, car peu d'aide parvient à Gaza, ce qui crée un danger accru pour les civils. M. Abushahab a souligné la nouvelle et dangereuse phase des troubles, en particulier le siège de Khan Yunis et d'autres parties du sud de Gaza.