La migration climatique, conséquence inévitable du changement climatique, est devenue l'un des plus grands défis mondiaux du 21e siècle. Les répercussions croissantes des changements climatiques contraignent de plus en plus de personnes à fuir leur lieu de résidence, cherchant un refuge contre des phénomènes climatiques dévastateurs tels que les inondations, les sécheresses et les tempêtes. Des experts venus du monde entier se sont réunis à Rabat dans le cadre du Sommet du Sud global sur les déplacements climatiques, organisé par l'Université Mohammed VI Polytechnique, pour discuter de l'ampleur de ce problème et de la manière de relever ce défi mondial. Les participants à cette rencontre ont plongé au cœur des défis juridiques et institutionnels liés à la protection des « déplacés climatiques », une catégorie de personnes souvent désignées comme les « victimes invisibles et silencieuses » du changement climatique. Khalid Chegraoui, vice-doyen de la Faculté de gouvernance et des sciences économiques et sociales à l'UM6P, a souligné l'urgence de coordonner les efforts internationaux pour faire face à la migration climatique, qui est devenue un enjeu stratégique majeur pour l'Afrique. Les conséquences du changement climatique dans la région nord-africaine ont été particulièrement mises en avant, au-delà des enjeux politiques existants. M. Chegraoui a également évoqué les défis spécifiques auxquels le Maroc est confronté, insistant sur la nécessité d'intégrer ces enjeux dans les politiques publiques. Il a souligné que les systèmes politiques, économiques et juridiques actuels s'avèrent incapables de traiter efficacement les problèmes profondément ancrés associés aux changements climatiques. Caroline Ford, directrice de la Division gouvernance démocratique et inclusive au Centre de recherches pour le développement international (CRDI), a indiqué que les recommandations issues de cette rencontre seront partagées avec les participants au Forum global sur les réfugiés de l'UNHCR prévu en décembre à Genève. Elle a souligné que la relation entre les changements climatiques et les déplacements est l'un des principaux défis auxquels les pays du Sud seront confrontés à l'avenir. Le CRDI s'engage à promouvoir les initiatives du « Sud Global » en matière de recherche et de production de connaissances. Lire aussi : Le Maroc parmi les 10 pays africains où l'épargne en dollars est privilégiée Le CRDI s'efforce activement de développer un réseau de recherche et de partage des connaissances dans les pays du Sud, en mettant l'accent sur le soutien aux chercheurs émergents des institutions du Sud, afin de faire entendre leur voix auprès des décideurs internationaux. Anushka Shibchurn, conseillère politique à l'ambassade du Canada au Maroc, a mis en exergue la complexité et la diversité des situations de déplacement, plaidant pour une approche réfléchie et inclusive pour y répondre. Elle a précisé que le Canada soumet tous les projets qu'il finance à des analyses environnementales et de genre, dans le but de minimiser les impacts négatifs potentiels sur l'environnement et les communautés, tout en promouvant l'équité et l'inclusion. Au cours de cette deuxième journée du Sommet, des experts et des académiciens ont animé une table ronde interdisciplinaire et plurielle sur les enjeux de la migration climatique, mettant en évidence la nécessité d'une approche globale pour aborder cette question pressante. Le Sommet, organisé en collaboration avec le CRDI et le bureau de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté à Madrid, comporte un programme varié d'activités, dont un échange d'expériences d'agricultrices de la région du Souss sur l'impact du changement climatique sur leurs activités. La dernière journée du Sommet sera marquée par la présentation d'un rapport co-édité par FNF Madrid, l'IEMed et le Policy Center for the New South. Ce rapport explore la relation complexe entre le changement climatique et la migration en Afrique de l'Ouest et au Maghreb, mettant en lumière les défis environnementaux et socio-économiques qui conduisent à la migration climatique. Il propose également des recommandations politiques visant à renforcer la résilience des communautés affectées.