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“Les migrations climatiques peuvent être bénéfiques
Publié dans L'opinion le 12 - 03 - 2011

Les hommes fuient des conditions économiques difficiles, des régimes politiques répressifs ou des régions où la guerre fait rage. Mais avec les années, ils devront surtout échapper aux conséquences du changement climatique. Malgré tout, ces migrations climatiques ne doivent pas seulement être envisagées sous l'angle des catastrophes humanitaires. Elles peuvent aussi découler d'une stratégie rationnelle d'adaptation et s'avérer profitables aux populations concernées. Voilà les conclusions d'un nouveau rapport sur le sujet présenté par la Banque asiatique du développement lundi. Son coordinateur, François Gemenne, chercheur à l'Institut du développement durable et des relations internationales, détaille ce changement de perspective radical.
Qu'appelle-t-on les réfugiés climatiques ?
François Gemenne : Il n'y a pas de définition qui fasse l'unanimité. Mais de manière générale, il s'agit de personnes forcées de quitter leur lieu de vie en raison d'une dégradation de leur environnement liée au changement climatique. Cette dégradation peut être lente, telle que l'élévation du niveau des mers ou l'érosion des sols, ou brutale, comme les inondations ou les ouragans. Les pays les plus concernés sont les pays en développement, en particulier ceux de la région Asie-Pacifique. Il existe plusieurs raisons à cela : leur géographie, avec des côtes très exposées, la sensibilité de ces écosystèmes aux dégradations environnementales, la vulnérabilité sociale et économique des populations, et surtout une très forte densité de population. Ce dernier facteur explique que les pays africains les plus pauvres soient touchés par des mouvements migratoires plus lents et plus progressifs.
On parle depuis quelques années de ces migrants climatiques. Quand a-t-on pris conscience de cet enjeu ?
Les migrations climatiques sont un phénomène qui a toujours existé. Les dégradations de l'environnement ont ainsi toujours été un facteur de migration à travers l'histoire. Mais les Etats et les chercheurs ne s'y sont intéressés que récemment, depuis les années 1980. Et ce n'est que dans les années 2000 que cette problématique est devenue cruciale, avec l'accélération des conséquences du changement climatique. Il a en effet entraîné des flux migratoires bien plus importants ainsi que des migrations davantage contraintes que par le passé. Le réchauffement de la planète a donc changé notre point de vue sur le sujet et nous fait nous questionner sur la responsabilité des pays développés pour trouver une solution à ce problème.
La plupart des études récentes estiment entre 200 millions et 1 milliard le nombre de réfugiés climatiques d'ici 2050. Etes-vous si alarmiste ?
Ces études n'ont pas de fondement empirique. Elles calculent en effet le nombre de personnes qui vivent dans des régions à risque, les prévisions de dégradation de l'environnement, et concluent que tel nombre de personnes vont partir. Elles sont donc basées sur le postulat que les migrations seraient la seule option possible pour les personnes touchées par le changement climatique. Or, elles ne tiennent pas compte de l'évolution démographique des régions, de la capacité locale des populations à s'adapter et de la mise en place de politiques publiques qui pourraient faciliter ou empêcher ces migrations. On ne peut donc pas estimer le nombre de réfugiés climatiques dans les prochaines années.
Ces statistiques sont d'autant plus délicates que, d'après votre étude, les migrations climatiques relèvent de dynamiques plus complexes que les seuls facteurs environnementaux…
Les migrations environnementales s'inscrivent en effet dans une dynamique migratoire globale. Le facteur de la dégradation de l'envionnement, en particulier lorsque celle-ci s'étend sur de nombreuses années, est intimement imbriqué avec des facteurs sociaux-économiques tels que la pauvreté, les réseaux familiaux et sociaux ou encore la représentation de l'étranger par les migrants. Nous devons donc reconnaître le rôle croissant de l'environnement dans ces facteurs sans pour autant l'isoler. Toutefois, donner un statut juridique aux réfugiés climatiques permettrait aussi de les protéger, notamment en cas de déplacement brutal après une catastrophe naturelle, comme le tremblement de terre en Haïti.
Comment protéger les migrants climatiques ?
Il faut mettre en place des politiques migratoires appropriées dès maintenant, d'autant que l'on sait estimer les risques à venir, notamment grâce aux rapports du GIEC. Les Etats doivent par exemple encourager les populations à vivre dans des zones moins risquées, permettre aux agriculteurs de travailler à la ville pour diversifier leurs revenus ou encore donner les moyens aux villes de s'adapter aux flux migratoires auxquels elles vont être de plus en plus confrontées. Si elle est préparée, la migration peut relever d'une stratégie d'adaptation rationnelle, au lieu d'être le signe d'un échec de l'adaptation. En évitant que les gens ne partent au dernier moment, on réduit le nombre de morts et de crises humanitaires, on diversifie les sources de revenus pour les familles, on provoque une meilleure gestion des terres et moins de compétition pour les ressources. Bien gérées, les migrations climatiques peuvent être bénéfiques pour tout le monde, les régions d'origine comme les pays d'accueil et les migrants eux-mêmes.
Comment la question des migrations est-elle gérée aujourd'hui ?
Pour le moment, les Etats gèrent ce problème d'une manière uniquement réactive, seulement après une catastrophe naturelle. Ils fonctionnent sur une base irrationnelle, gouvernée par la peur. Les réfugiés climatiques sont toujours perçus par les Etats comme des bombes à retardement. Les migrations doivent donc devenir un enjeu de coopération internationale : les pays développés doivent reconnaître leur responsabilité et financer les stratégies d'adaptation au changement climatique des pays en développement. Un premier pas a été esquissé avec le sommet de Cancun : les politiques migratoires seront financées par le Fonds vert pour le climat. Mais il restera encore à mettre en place un régime de gouvernance globale des migrations, sous l'égide des organisations internationales.


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