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Comment faire face aux changements climatiques au Maroc ?
Publié dans Le Soir Echos le 04 - 08 - 2010

Le GIEC prévoit d'ici 2090 une baisse de 20 % à 30 % des pluies et une augmentation de 2,5 à 5°C au Maroc.
Les conséquences des changements climatiques se font le plus ressentir dans des secteurs stratégiques pour le développement du pays.
Les membres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) sont formels. C'est en Afrique que les changements climatiques se feront le plus ressentir. D'après le rapport 2007 du groupe, l'Afrique du Nord a vu sa température moyenne augmenter de 1 à 2 degrés Celsius sur la période 1970-2004 ; et la région devrait voir sa température encore augmenter de 2 à 4°C d'ici la fin du siècle. Et le climat du royaume n'échappe pas à la règle. Afin de mieux cerner les spécificités de chaque région du royaume, et pour avoir des informations plus locales, les experts marocains adaptent les modèles globaux utilisés par le GIEC à l'échelle du pays.
C'est ce qu'ont fait notamment les responsables de Maroc Météo, dans le cadre d'une étude pilotée par le bureau de l'UNESCO à Rabat intitulée «Changements climatiques : enjeux et perspectives au Maghreb».
Fatima Driouech et Abdallah Mokssit de la Direction de la météorologie nationale (DMN) insistent sur «l'importance des méthodes de réduction d'échelle spatiale (downscaling) pour l'élaboration de scénarios climatiques permettant d'accéder aux échelles fines, ainsi que la nécessité de l'intégration d'informations climatiques avec suffisamment de détails locaux dans l'appréhension des études d'impacts par des méthodes objectives et reconnues». Les deux responsables de Maroc Météo ont ainsi mis en place un modèle de prévision appliqué au Maroc qui nous permet de savoir, par exemple, que le réchauffement est plus accentué à l'intérieur et à l'est du pays que sur les côtes ; que l'augmentation des températures moyennes a fait gagner à Rabat 0,2°C par décennie sur la période 1961-2008 ; ou encore que la diminution annuelle des pluies de -3,2 mm par an a eu plus de conséquences pour une ville comme Oujda, qui reçoit environ 326 mm de pluie par an. Outre le travail statistique permettant de mesurer de façon chiffrée l'évolution du climat, le travail de Driouech et de Mokssit met en évidence l'évolution en terme de type de climat du Maroc. A travers l'analyse de l'évolution de l''indice d'aridité de De Martonne, la DMN fait apparaître une certaine progression des climats à caractère semi-aride vers le Nord. Plusieurs régions, telles que celles d'Oujda, de Taza, de Kénitra, de Rabat ou de Meknès sont ainsi devenues plus arides.
Perspectives décennales
Et les prévisions montrent tous les signes d'une accentuation de cette tendance vers l'assèchement et le réchauffement du climat du Maroc. Les responsables de Maroc Météo tiennent cependant à insister sur le fait que «la complexité des processus et interactions régissant les échanges existants entre les différentes parties du système climatique ainsi que celles liées aux processus internes de l'atmosphère font du domaine des changements climatiques et de leur prédiction un des moins faciles à appréhender, notamment quand il existe en plus des incertitudes liées aux émissions futures des gaz à effet de serre. Dans le cas d'une région comme le Maroc, où le paysage géographique et météorologique est bien varié, cette complexité ne peut être que plus importante». Fatima Driouech et Abdallah Mokssit prévoient cependant une diminution des pluies plus importante au Nord qu'au Sud du pays. Maroc Météo table également sur un réchauffement moyen de 2 à 5 °C dans tout le royaume avec une augmentation du nombre de jours de vague de chaleur plus importante à l'est du pays. La période maximale de sécheresse augmenterait dans la plupart des régions avec une diminution des précipitations de l'ordre de -20 à -50% selon les régions.
Quid du changement climatique ?
Le changement climatique caractérise l'évolution des caractéristiques du climat au cours du temps, soit dans le sens du réchauffement, soit dans le sens du refroidissement des températures. On parle de dérèglement climatique quand les variations climatiques sont anormales et résultent notamment de l'activité de l'homme. Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), ces dérèglements peuvent avoir des conséquences telles que la perturbation du cycle de l'eau, l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes naturelles, la disparition de certains espaces du littoral côtier, la baisse de la biodiversité, etc. La Banque Mondiale (BM) explique que les pays en développement sont plus vulnérables au changement climatique que les pays riches. Il faut donc à la fois diminuer les émissions de carbone à l'échelle mondiale, tout en répondant aux besoins énergétiques des populations démunies. Et ce afin que la vulnérabilité des pays pauvres n'ait pas de conséquences sur leur progrès économique.
Une fois le bilan posé de la situation du réchauffement climatique au Maroc, il convient de savoir le lire en regard de son impact économique et social sur le développement du pays et de mettre en place des stratégies de lutte, en travaillant sur les sources du phénomène et sur ses conséquences. Dans «Changement climatique : Enjeux et perspectives au Magrheb», Taha Balafrej, ancien point focal du Maroc auprès de la Convention sur le climat, revient dans un premier temps sur les différents indicateurs de vulnérabilité du Maroc, puis sur les politiques d'adaptation et le potentiel d'atténuation du royaume. «L'avenir du Maroc est dépendant des solutions qu'il saura apporter aux questions de l'énergie et de l'eau. Or, ces questions sont au cœur des politiques que tout pays doit mener pour réussir son adaptation mais aussi pour contribuer à réduire les pollutions et émissions liées aux énergies fossiles» explique l'expert en changement climatique.
Conséquences économiques
Il est urgent de réagir par des politiques adaptées aux conséquences de l'évolution du climat. L'impact des changements climatiques au Maroc se fait en effet le plus ressentir dans des secteurs porteurs en matière de développement tels que celui des ressources en eau, de l'agriculture, du littoral et de la foresterie. Les ressources en eau du pays sont en effet estimées à 20 milliards de m3, soit une moyenne de 700 m3 par an par habitant, ce qui est caractéristique d'une situation de stress hydrique assez élevé. La réduction des apports d'eau des barrages (-35% entre la période de 1970-2005 comparativement à celle de 1940-1970) ne fait que confirmer la tendance à la raréfaction de ces ressources. L'alternance de plus en plus raprochée de catastrophes liées aux changements climatiques, entre sécheresse et inondiation, prouve encore une fois la vulnérabilité du pays aux évolutions du climat. Cette raréfaction des ressources a un impact très fort sur la croissance du pays. Le secteur agricole est ainsi fortement touché par les évolutions du climat. «La contribution de ce secteur au PIB varie de 13 à 23% selon les fluctuations climatiques annuelles», spécifie l'étude. Le changement climatique a également des effets négatifs sur la production animale. A titre d'exemple, l'ancien point focal rappelle l'évenement de l'été 2003 durant lequel près de 5 millions de volailles ont été décimées par la chaleur au Maroc, provoquant 100 millions de dirhams marocains de pertes pour le secteur avicole.
Adaptation et atténuation
Pour Balafrej, «si par le passé l'eau contribuait à la fourniture d'énergie, demain, grand consommateur d'énergie, le dessalement d'eau de mer constituera la réponse incontournable à la raréfaction des ressources en eau». Dans le cas du Maroc, l'adaptation reste en effet liée fortement à la question de l'eau. Et l'atténuation, elle, au secteur de l'énergie, le plus polluant et donc le plus émetteur de Gaz à effet de serre (GES). L'inventaire des émissions de GES du Maroc en 2000 faisait état d'un total estimé à plus de 63 millions de tonnes équivalent CO2 (Teq CO2), soit une moyenne annuelle d'émissions de 2,21 Teq CO2/habitant. Balafrej fait cependant remarquer qu'il existe un potentiel annuel d'atténuation entre les années 2000 et 2030 estimé à 53 millions de Teq CO2. Différents projets pourraient ainsi permettre d'alléger nos émission de GES. Ainsi, à titre d'exemple, Balafrej cite la station d'épuration des eaux usées du Grand Agadir dont le biogaz sera récupéré pour une production d'électricité pouvant atteindre 15 mégawatts. «Plus de 35.000 Teq CO2 seront ainsi évités donnant droit à des crédits carbone dont la vente pourrait rapporter des revenus susceptibles d'alléger les frais de fonctionnement de cette station», explique le spécialiste. Le plan éolien marocain, d'une capacité de 2.000 Mégawatts, représentant un investissement de 9 milliards de dollars, permettra d'éviter l'émission de 3,7 millions de tonnes de CO2/an.
Vers une économie sobreen carbone
Le Maroc semble ainsi avoir compris le message et tend à saisir les opportunités offertes par l'économie verte. Pour Taha Balafrej, le pays peut encore aller plus loin. «La question du dessalement d'eau de mer par l'énergie solaire devra devenir réalité. Les décharges contrôlées génératrices d'électricité devraient se généraliser dans toutes les zones urbaines. Les grandes entreprises devraient être plus conscientes de l'intérêt pour leur compétitivité de disposer régulièrement d'un bilan carbone. L'efficacité énergétique devrait être érigée en priorité pour tout le parc immobilier à construire. Les eaux usées des villes devraient être réutilisées pour la préservation de la ressource et la protection de la santé des populations. Les partenariats appropriés pour la fabrication de panneaux solaires, de pales pour éoliennes, ou même de batteries pour véhicules électriques ne doivent pas échapper à l'industrie marocaine. Se fixer des objectifs clairs et précis dans tous ces domaines et se donner les moyens humains, techniques et financiers pour y arriver : voilà ce à quoi doivent s'atteler les pouvoirs publics dans le cadre de ce qu'on pourrait appeler un plan Morocco Cleantech susceptible de drainer des technologies et des investissements et créer des emplois». Voilà ce que l'ancien point focal propose pour que le royaume mette en place une économie plus sobre en carbone.
Comment y répondre ?
L'adaptation est le nom que porte la réponse des collectivités face aux changements climatiques. C'est la stratégie qui est mise en place pour réagir à l'évolution du climat et en anticiper les effets. Une partie de ces stratégies d'adaptation reste théorique puisque les études climatiques reposent sur des probabilités et non sur des certitudes absolues. C'est pour cela que l'adaptation est complétée par une politique de prévention, dite d'atténuation. L'atténuation consiste à limiter la vitesse d'augmentation des taux de gaz à effet de serre dans l'air, en maîtrisant mieux le gaspillage énergétique, notamment en substituant des énergies nouvelles aux énergies fossiles et/ou en stockant du carbone. Autrement dit, il s'agit de mettre en place des programmes de développement durable afin de rendre les territoires moins vulnérables aux dérèglements climatiques. Ainsi, si l'adaptation est nécessaire pour parer à l'urgence, l'atténuation est tout aussi primordiale, car plus le réchauffement sera important, plus les coûts de l'adaptation monteront en flèche.


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