Le Maroc va coordonner les travaux d'élaboration et de publication d'un ouvrage sur les changements climatiques et le développement durable en Afrique. "Cet ouvrage est une opportunité pour le Maroc d'inclure les connaissances développées depuis l'indépendance en matière de développement durable, notamment dans les domaines de l'irrigation, de la politique des barrages, du développement agricole et de la recherche agronomique", a souligné M. Abdelkader Allali, Ingénieur en Chef au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritime qui aura la tâche de coordonner les travaux d'un groupe d'experts pour l'élaboration de cet ouvrage, qui sera publié sous l'égide de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et d'autres organismes internationaux. Intitulé "Sciences des changements climatiques et développement durable: l'expérience africaine", ce livre devra mettre à contribution les quatre rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), le réseautage des scientifiques et l'analyse de la situation actuelle en Afrique vis-à-vis des progrès technologiques, des compétences et des infrastructures existantes. Selon cet expert international dans les domaines du changement climatique et du développement durable, l'ouvrage traitera aussi des stratégies économiques africaines, en particulier celles en relation avec les marchés africains (marché de carbone, énergies renouvelables...), des conflits politiques, des produits agricoles du terroir et leur valorisation, ainsi que des initiatives régionales et des expériences réussies de certains pays africains comme le Maroc. Il permettra également d'identifier les lacunes et les besoins technologiques et de créer une synergie entre les travaux scientifiques et les stratégies politiques. L'ouvrage tentera, en outre, d'explorer l'ensemble des solutions offertes pour un développement durable en Afrique, à travers la création d'un mécanisme de médiation et de résolution des conflits sur les ressources naturelles, la bonne gouvernance, la coopération et le partenariat au niveau international et l'esquisse d'une feuille de route pour l'adaptation et l'atténuation des effets du changement climatique (Plan Master ou Plan Marshall pour l'Afrique), a fait savoir M. Allai, ancien membre du Bureau du GIEC. Le changement climatique représente une grande menace pour la croissance et le développement durable en Afrique, le continent qui contribue le moins aux émissions globales de gaz à effet de serre (GES). Pourtant, l'Afrique est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, notamment à cause de sa dépendance à l'égard des rendements de l'agriculture sous pluie, de la pauvreté et du manque de capacités. Les effets du changement climatique (réduction de la production agricole, détérioration de la sécurité alimentaire, incidence accrue des inondations et de la sécheresse, propagation des maladies) sont d'ores et déjà évidents. Des mesures urgentes doivent être prises pour réduire à l'avenir les niveaux d'émissions et permettre à l'Afrique de s'adapter au changement climatique. Les trois quarts des pays d'Afrique sont situés dans des zones où il suffirait d'une faible réduction des précipitations pour engendrer d'importantes diminutions de la disponibilité globale en eau. D'ici à 2020, entre 75 et 250 millions de personnes seront exposées à une augmentation des crises liées à l'eau. Un Africain, en moyenne, génère 13 fois moins de GES qu'un Nord-Américain et le continent est responsable de moins de 4pc des émissions de GES produites dans le monde entier.