Dira-t-il Oui ou Non, va-t-il briguer un 3-ème mandat, c'est la question que se posent aujourd'hui les Sénégalais et la classe politique du Pays au sujet d'une éventuelle candidature de Macky Sall à la prochaine élection présidentielle, prévue le dimanche 25 février 2024. Depuis la réélection de Macky Sall en 2019, la question sur un 3-ème mandat est agitée de manière récurrente dans l'espace politique sénégalais. Pour mettre fin au suspense, le chef de l'Etat a donné rendez-vous aux Sénégalais ce lundi 3 juillet à partir de 20h pour dire Oui ou Non à cette candidature, rejetée par les partis de l'opposition et fortement souhaitée par la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakkar (BBY, unis par l'espoir). « Quelle que soit la beauté de votre message, je ne peux pas vous répondre pour le moment. Cependant, cela sera fait. Lundi, Inch'Allah (s'il plaît à Dieu), je le ferai », a répondu Macky Sall aux maires et aux présidents des conseils départementaux qu'il recevait samedi au Palais de la République à Dakar. Le discours à la Nation du président de la République aura lieu ce lundi à 20h en direct du Palais de la République et sera diffusé sur l'ensemble du réseau synchronisé de la radio télévision sénégalaise RTS. Cette annonce est très attendue dans ce pays où le flou entretenu par le président Sall sur ses intentions par rapport à ce scrutin, et la condamnation à deux ans de prison de l'un de ses principaux opposants, Ousmane Sonko, ont contribué à créer un climat tendu. Lire aussi : L'avenir de Macky Sall : Un enjeu majeur pour la démocratie sénégalaise La condamnation début juin de Ousmane Sonko dans une affaire de « corruption de la jeunesse« , qui le rend en l'état actuel inéligible au scrutin de février prochain, a provoqué les 1et 2 juin de graves troubles, faisant 16 morts selon les autorités et des dégâts matériels importants. M. Sall, qui a été élu en 2012 et réélu en 2019, avait fait réviser la Constitution en 2016. Elle stipule que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs« . Ses partisans le présentent comme leur candidat en 2024, arguant que la révision de la loi fondamentale du pays a mis les compteurs à zéro. Le président de la république a fait valoir que seuls des facteurs politiques, et non constitutionnels, l'empêcheraient de se présenter, et a affirmé que son choix serait « libre et souverain« . Devant des élus locaux qui ont signé une pétition s'engageant à le soutenir, il a appelé samedi à l'unité. « L'enjeu du moment est d'abord d'être uni. Uni, il n'y a aucune force politique qui peut faire face à Benno Bokk Yaakkar (BBY)« , la coalition présidentielle, a-t-il déclaré, exhortant ses soutiens à placer « l'intérêt général » et « l'intérêt de la coalition » devant toute autre considération. « Mon combat et ma plus grande fierté est vraiment de vous conduire vers la victoire et de poursuivre notre politique économique au bénéfice de nos populations« , a-t-il ajouté, mettant en avant son bilan et soulignant que la feuille de route pour faire du Sénégal un pays émergent en 2035 était déjà « balisée ». A rappeler qu'à l'occasion d'un traditionnel discours à la nation, le chef de l'Etat, répondant à question d'un journaliste, avait préféré entretenir le flou. « Ma réponse ne sera ni Oui, ni Non. La question est évoquée depuis plusieurs années, avant les élections et à la même époque l'année dernière. » Macky Sall justifie que « quelle que soit sa réponse, le débat sur le mandat ne sera pas terminé. » Le Président Macky Sall avait même motivé son choix en disant que si jamais il déclarait sa non-candidature, son gouvernement « baisserait les bras », précisant que les autres questions relatives à l'économie, à la société, entre autres, sont plus importantes que le mandat. Il souligne que l'heure n'est pas encore à ce débat. Et s'il déclare sa candidature, plusieurs acteurs politiques ayant des ambitions présidentielles auront du fil à retordre car, ils se projetteront vers les rendez-vous électoraux. « Mon combat et ma fierté, c'est de vous conduire vers la victoire ». C'est ce qu'il a confié aux élus qu'il recevait samedi 1er juin lors d'une rencontre pendant laquelle, une pétition pour un troisième mandat lui a été présentée. En effet, sa sortie sur sa candidature éventuelle sera « libre et assumée », comme il l'a souvent expliqué lors de ses différentes sorties. Les maires et présidents de Conseils départementaux de la mouvance ont déjà donné officiellement leur position au président Macky Sall en réclamant sa candidature. Cinq cent douze dirigeants de collectivités territoriales du Sénégal ont déclaré samedi à Dakar avoir signé la pétition réclamant la candidature de Macky Sall à la présidentielle 2024. ''Nous [...] sommes prêts à vous renouveler notre confiance pour l'intérêt, le bonheur et la gloire du Sénégal. C'est pourquoi nous signons cette pétition pour vous demander de vous présenter en 2024'', a dit Malick Ndiaye, le maire de Gagnick, dans la région de Kaolack (centre), en lisant le texte tenant lieu de pétition, en présence du chef de l'Etat, au palais de la République à Dakar. La candidature de Macky Sall est ''une obligation pour la paix et la stabilité'' du pays, soulignent les pétitionnaires. ''Nous sommes convaincus qu'un nouveau mandat de Macky Sall est indispensable...'' ajoutent-ils, affirmant que l'actuel chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2012, ''a besoin de cinq ans seulement pour rendre irréversible l'émergence'' du Sénégal. L'opposition le soupçonne de vouloir briguer un 3ème mandat, ce qui, selon ses adversaires, serait une « violation » de la Constitution. Macky Sall élu en 2012 à un premier mandat de sept ans et en 2019 pour cinq années supplémentaires, affirme par contre que la loi fondamentale du pays l'autorise à présenter sa candidature au scrutin présidentiel de 2024 . En 2016, une révision de la Constitution a diminué la durée du mandat et en a limité le nombre autorisé. Désormais, l'article 27 indique que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Toute la question est désormais de savoir si le premier mandat de sept ans est comptabilisé ou si les compteurs ont été remis à zéro lors de cette réforme. Macky Sall avait déclaré d'ailleurs qu'il ne pourrait plus être candidat s'il était réélu. Dans un livre publié à la veille du scrutin présidentiel de 2019, il affirmait même briguer son « deuxième et dernier mandat ». Dans son camp, l'on espère que M. Sall va annoncer sa candidature. A l'APR , Alliance pour la République, le consensus est que Macky Sall est le seul candidat. C'est le seul à avoir l'expertise nécessaire. « Mais il y a des lâches qui tentent d'alimenter l'idée d'une alternative au sein de notre camp. Ils seront traités comme il le faut », a déclaré Mame Mbaye Niang, ministre du tourisme. Le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, estime, pour sa part, que Macky Sall est l'homme de la situation : « Le pays est menacé par ceux qui veulent anéantir notre République. A ces personnes qui refusent le dialogue et ne connaissent que la violence, on ne peut laisser le pays« , a déclaré M. Fofana. Le peuple sénégalais sera informé sur cette question qui agite le pays, ce lundi 3 juin, soit à 7 mois de la Présidentielle. Avec MAP