La nouvelle stratégie de développement du secteur agricole «Génération Green 2020-2030», lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en février 2020, vise la consolidation des acquis réalisés par le Plan Maroc Vert, à travers l'adoption d'une vision nouvelle du secteur agricole, la consécration d'une nouvelle gouvernance et la mise en place de moyens modernes au service du secteur agricole. Elaborée conformément aux Hautes Orientations Royales contenues dans le discours du Souverain à l'occasion de l'ouverture de la 1ère session de la 3e année législative de la 10e législature en 2018, cette stratégie consacre la Vision Royale d'un secteur agricole résilient et durable, et vient compléter un ensemble de plans et de programmes initiés par S.M. le Roi, notamment les plans de développement des énergies renouvelables, le Programme prioritaire national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation 2020-2027 et la stratégie de développement du domaine forestier «Forêts du Maroc 2020-2030». La valorisation de l'élément humain, conformément aux Hautes Orientations Royales, se fera à travers l'émergence d'une nouvelle génération de classe moyenne agricole, en permettant à 400.000 ménages d'accéder à la classe moyenne et d'y stabiliser 690.000, par le biais de quatre piliers. Ces piliers intéressent l'amélioration des revenus des agriculteurs, la généralisation de l'assurance agricole, la mise en place d'un cadre spécial pour l'agriculteur lui permettant de bénéficier des services de protection sociale, la réduction de la différence entre le salaire minimum légal agricole (SMAG) et le salaire minimum légal des autres secteurs (SMIG) à l'horizon 2030 et la naissance d'une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs, via la mobilisation et la valorisation d'un million d'hectares de terres collectives et la création de 350.000 postes d'emploi au profit des jeunes. Le salut pour la classe moyenne ? Cette classe moyenne et ces jeunes agriculteurs pourront également recourir à une nouvelle génération d'organisations agricoles plus innovantes qui permettront de multiplier par cinq le taux de regroupement et le renforcement du rôle des Interprofessions agricoles, par la promotion de nouveaux modèles de coopératives et le renforcement de l'indépendance de ces interprofessions dans la structuration des chaînes de production. Lire aussi : Regard sur la politique nationale agricole Ils pourront, par ailleurs, bénéficier de nouvelles mesures d'accompagnement, notamment à travers le renforcement et la généralisation du conseil agricole et en connectant au moins deux millions d'agriculteurs à des plateformes de services digitaux, ainsi que par l'enrichissement du système d'accompagnement dans le domaine de l'agriculture solidaire. Pour réaliser le second fondement, la nouvelle vision prévoit la consolidation des filières agricoles, en vue de doubler le PIB agricole pour atteindre 200 à 250 milliards de dirhams (MMDH) à l'horizon 2030 et de doubler la valeur des exportations marocaines pour atteindre 50 à 60 MMDH, ainsi que l'amélioration des chaînes de distribution, notamment à travers la modernisation de 12 marchés de gros et de souks, et ce, en partenariat avec le ministère de l'Intérieur et les collectivités territoriales. Il s'agit également du développement de l'agriculture résiliente et durable via l'application du volet relatif aux eaux d'irrigation, qui s'inscrit dans le cadre du programme national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation 2020-2027, et l'accompagnement des agriculteurs dans la transition vers les énergies renouvelables et l'amélioration des techniques de conservation des sols, ainsi que l'amélioration de la qualité et de la capacité d'innovation, en octroyant l'agrément à 120 abattoirs modernes et en doublant les contrôles sanitaires pour être en conformité avec les normes internationales et répondre aux besoins des consommateurs, tout en faisant du produit «origine Maroc» un gage de qualité. Le défi de la transition écologique Ce programme qui permet de relever le défi écologique dans la dimension verte de la stratégie, tout en voulant développer une agriculture résiliente et durable, demande une transformation de l'organisation productive et même sociale et ne pourra réussir que si elle est incarnée par les agriculteurs eux-mêmes. Ainsi, les agriculteurs devront être en transition agro-écologique pour apprendre à mieux irriguer, mieux utiliser des fertilisants et à mieux utiliser les énergies renouvelables. L'accompagnement et la pédagogie doivent en outre s'intensifier pour ne pas épuiser l'eau, ressource épuisable, avec des énergies inépuisables nécessaires à la rupture avec l'empreinte carbone et les défis environnementaux. La réalisation de cette stratégie, qui ambitionne de franchir un nouveau palier dans le secteur agricole marocain, nécessitera une augmentation annuelle du budget du secteur de près de 2,5%, et ce à partir de l'an 2020. Perspective plombée par la pandémie du Covid-19. Véritable levier du développement et de la modernisation du secteur agricole, cette stratégie a été mise en œuvre à partir de 2020, notamment au niveau territorial selon les spécificités et les atouts de chaque région, et ce en coordination avec tous les intervenants, selon les principes de la bonne gouvernance en termes de suivi et d'évaluation des investisseurs ainsi que des indicateurs d'efficacité et de rendement. «Génération Green» pour conforter le leadership du Maroc Cette stratégie a été hautement saluée par la communauté internationale. Ainsi, «Forbes France» avait écrit dans un article intitulé «Génération Green : Le modèle agricole marocain, un exemple à suivre», que grâce au volontarisme de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc poursuit sa révolution agricole et s'impose comme un modèle à suivre par les autres pays africains. Cette nouvelle stratégie devrait conforter le leadership du Maroc dans le secteur agricole, notant qu' « une nouvelle révolution verte est, en effet, à l'œuvre au Maroc ». «Génération Green», une stratégie aussi complète qu'ambitieuse, est une feuille de route qui répond à la demande de S.M. le Roi Mohammed VI d'une «réflexion globale et ambitieuse pour le développement du secteur», d'après l'article. Pour sa part, le Directeur du département Maghreb et Malte à la Banque mondiale, Jesko S. Hentschel ,souligne que le lancement de la stratégie arrive à un moment crucial, compte tenu de la double crise de la pandémie de la Covid-19 et de la sécheresse qu'a connue le pays. L'essor de la Stratégie sera essentiel dans la réponse à la crise et la sortie de crise, avait-t-il ajouté, notant que la dimension verte de la Stratégie, en particulier en rapport avec les mesures de valorisation de l'eau dans l'irrigation, est un élément clé pour la prévention et l'atténuation des impacts des sécheresses sévères. Il est incontestable que l'équation de l'agriculture repose sur une variable qui prend plusieurs valeurs: le climat. Elle dépend certes d'autres variables qu'il est possible de maîtriser. Ainsi, il est impératif de consolider les efforts de toutes les parties prenantes (agriculteurs, décideurs, société civile, secteur privé et universités...), chacun selon son domaine de définition pour apporter le capital, le savoir-faire ou l'encadrement nécessaires pour développer le secteur agricole. La problématique hydrique Selon la Banque mondiale en juillet 2022, le Maroc reste l'un des pays les plus touchés par le stress hydrique au monde. Des études récentes ont montré que les cultures d'exportation dépendent d'une utilisation accrue et souvent déraisonnable des eaux souterraines, malgré les subventions pour la conversion de l'irrigation par gravité. Conscient de cet écueil potentiel, le Royaume a lancé en 2020 un nouveau plan pour le secteur agricole dénommé Génération verte 2020-2030. Le Maroc s'attend à ce que son PIB agricole et ses secteurs d'exportation doublent d'ici 2030, tout en mettant l'accent sur l'élément humain en améliorant les conditions de vie dans les zones rurales et en investissant dans la création d'emplois. Le Royaume a également consacré des ressources à la durabilité du développement agricole grâce à la résilience au changement climatique, au renforcement de systèmes de gestion de l'eau plus efficaces et à la conservation des sols. Vers la fin septembre 2022, le ministère de l'Agriculture s'est engagé dans un processus de réforme largement salué, mettant fin aux subventions localisées à l'irrigation pour les cultures gourmandes en eau (notamment les agrumes, les pastèques et les avocats). Cette voie de réforme était nécessaire pour favoriser le développement de cultures moins consommatrices d'eau, telles que le caroubier, le cactée, l'amandier, le câprier et le figuier. C'est peut-être un premier pas positif, mais il reste encore beaucoup à faire.