Les Français descendent à nouveau dans les rues ce jeudi, pour la 11ème journée nationale d'action contre le projet très controversé de réforme des retraites, au lendemain de l'"échec" d'une première réunion entre l'intersyndicale et la première ministre. Quelque 340 rassemblements sont prévus partout en France lors de cette journée, qui devrait mobiliser entre 600.000 et 800.000 personnes selon les prévisions des autorités, alors que le ministre de l'Intérieur a annoncé la mobilisation de 11.500 policiers et gendarmes dont 4.200 à Paris, afin d'encadrer les cortèges. Les cortèges des manifestants se sont élancés dans plusieurs villes vers 10 heures du matin (UTC+2), tandis qu'à Paris, la marche partira à 14 heures des Invalides à la place d'Italie. En raison de cette nouvelle journée de mobilisation et de grèves, des perturbations sont attendues dans plusieurs secteurs. Dans les transports, la SNCF (chemins de fer) prévoit un trafic en amélioration par rapport aux précédentes journées de mobilisation, alors qu'à Paris et en Ile-de-France, la RATP (transports en région parisienne) prévoit un trafic quasi normal sur le réseau RER et Métro « à l'exception de quelques lignes ». Dans les autres grandes agglomérations françaises, le trafic sera également perturbé à différents niveaux selon les villes. Lire aussi : Réforme des retraites en France : Echec d'une réunion entre l'intersyndicale et la PM Dans les airs, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a prévenu que le trafic sera perturbé au départ et à l'arrivée des aéroports de Marseille-Provence, Toulouse, Nantes et Bordeaux, et a demandé aux compagnies d'y réduire les vols de 20%, « dès la soirée du mercredi 5 avril jusqu'au vendredi 7 à 6h du matin ». Dans l'enseignement, « autour de 20% » des enseignants du primaire seront en grève jeudi pour la onzième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, selon FSU-SNUipp, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires. Dans le domaine énergétique, la grève se poursuit dans de nombreuses raffineries de pétrole et dépôts, mais son impact est limité suite à de nouvelles réquisitions ordonnées par le gouvernement, notamment à Gonfreville-L'Orcher, selon les médias. Néanmoins, l'approvisionnement reste localement compliqué, essentiellement en Ile-de-France. Selon les chiffres de l'Union française des industries pétrolières (UFIP) (à mardi soir), 9% des stations-service connaissent au moins une rupture de carburant contre 11% lundi. La dernière journée de manifestations et de grève, organisée le 28 mars, à l'initiative de l'intersyndicale, la dixième depuis le 19 janvier, avait mobilisé "plus de 2 millions" de manifestants, selon la Confédération générale du travail (CGT), contre 740.000 d'après le comptage du ministère de l'Intérieur. En descendant à nouveau dans la rue, les syndicats, fortement opposés à la réforme des retraites, déjà adoptée par le parlement après l'échec de deux motions de censure contre le gouvernement, entendent poursuivre leur pression sur l'exécutif. Ce dernier souhaite une entrée en vigueur de sa réforme très décriée avant la fin de la l'année, alors que le Conseil constitutionnel doit se prononcer le 14 avril sur la loi réformant le système des retraites, ainsi que sur le projet de référendum d'initiative partagée (RIP) concernant le report de l'âge légal de départ à la retraite. La veille, une rencontre entre l'intersyndicale et la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne s'est soldée par un échec, selon les syndicats, qui ont qualifié leur rencontre avec la première ministre d'"inutile". « C'est une gifle à des millions de personnes dans la rue (…) cette stratégie jusqu'au-boutiste est violente et irresponsable », a déclaré Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT, au terme de la rencontre. L'intersyndicale, réunissant les huit principaux syndicats du pays, devra se réunir ce jeudi vers 18 heures afin de décider de la suite des événements concernant le mouvement contre la réforme des retraites.