Une neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites devait paralyser une partie du pays, jeudi 23 mars, répondant à un appel à manifester de l'intersyndicale. De nombreux syndicats ont appelé à amplifier la protestation contre le projet de loi. Si des rassemblements sont prévus dans tout le pays, plusieurs secteurs d'activité seront également mobilisés ce jeudi. Les transports seront très affectés, les éboueurs continuent la grève, les blocages s'installent devant des raffineries et des dépôts pétroliers, et la mobilisation s'annonce forte dans les écoles. À Paris, le rassemblement est prévu à 14 heures place de la Bastille. Le cortège doit ensuite s'élancer en direction de la place de la République puis sur les grands boulevards en direction de la place de l'Opéra où s'achèvera la manifestation vers 19 heures. D'autres manifestations sont prévues partout en France : à Marseille (10h30), Nantes (10h30), Lyon (11 h), Rennes (11h), Bordeaux (12h), Strasbourg (14h), Lille (14h30) ou encore Toulouse (15h). Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé que 12.000 policiers et gendarmes seraient déployés en France, dont 5.000 à Paris. « Un nombre jamais atteint dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites », a-t-il expliqué. Depuis jeudi, date du recours au 49.3 par le gouvernement pour l'adoption de la réforme des retraites, le ministre a armé qu'il y avait eu « 855 interpellations en France dont 729 à Paris pour 843 gardes à vue ». En région parisienne, les circulations seront également « très fortement perturbées » avec de 20% à 50% des trains maintenus, selon les lignes du RER. Dans le métro parisien, la plupart des lignes verront leur circulation restreinte principalement aux heures de pointe ou jusqu'à 20 heures. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 30% de leurs vols jeudi à Paris-Orly et 20% dans d'autres aéroports en raison de la grève de contrôleurs aériens. Les plateformes Marseille-Provence, Toulouse-Blagnac et Lyon-Saint Exupéry sont concernées par la suppression d'un vol sur cinq au départ ou à l'arrivée. Entre 40 et 50% des professeurs du primaire seront en grève jeudi, prévoit le SNUipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires. Le syndicat s'attend à de fortes mobilisations dans de nombreux départements comme les Bouches-du-Rhône, les Pyrénées Orientales ou la Haute-Vienne avec plus de 50% de grévistes, la SeineSaint-Denis (55%) ou encore Paris avec 70% de professeurs des écoles en grève. La grève des éboueurs parisiens engagée le 6 mars contre la réforme des retraites est reconduite jusqu'à lundi. Après plus de deux semaines de grève, le blocage des trois sites d'incinération entourant Paris et des dépôts de bennes a provoqué l'amoncellement des ordures dans les rues de la capitale avec 9. 500 tonnes de déchets qui jonchent les trottoirs. Avec 14,30 % des stations-service en pénurie d'au moins un type de carburant mercredi, contre 12% mardi, la situation se dégrade. Plus de 7% sont même à sec, contre 6% mardi. Seule une raffinerie TotalEnergies sur quatre est en fonctionnement. Les deux raffineries d'Esso-ExxonMobil tournent encore. Cependant les expéditions de carburants restent bloquées dans les deux sites.
Grèves des gaziers et des dockers Selon la CGT, les gaziers du terminal de Dunkerque (Nord) ont décidé de fermer les vannes jeudi et de réduire le débit au minimum technique pendant 24 heures avant une assemblée générale vendredi matin « pour voir comment ils envisagent de continuer l'action ». Dans les dépôts de gaz, comme celui de Gournay-surAronde (Oise), des salariés évoquent l'idée de « sécher le réseau », une action pour l'instant écartée car une remise en service prend des mois. La 9e journée de grève contre la réforme des retraites va également concerner les ports maritimes. Après les dernières opérations « ports morts », les dockers sont mobilisés depuis mardi 21 mars, et jusqu'au 24 mars, selon la CGT des Ports et des Docks. Les syndicats routiers appellent également les professionnels du secteur à se mobiliser le 23 mars, en opposition à « un gouvernement peu à même de connaître la réalité et les conditions de travail des travailleur(euse)s », a indiqué la fédération Sud-Solidaires Transports routiers dans un communiqué.