Les manifestations sur la réforme des retraites ont gravement nui politiquement à Emmanuel Macron. Le président fait face à quatre années paralysantes jusqu'à son mandat restant. Des centaines de millions de Français sont très remontés, surtout, contre la manière dont il a fait passer sa réforme des retraites. La France du Président Macron, c'est tout sauf la normalité démocratique. La première décennie après la Seconde Guerre mondiale a été une période d'instabilité politique pour la France. La Quatrième République a été caractérisée par de fréquents changements de gouvernement, le pays a mené et perdu des guerres coloniales et les forces militaires réactionnaires ont tenté un coup d'Etat plus d'une fois. Le général Charles de Gaulle, héros de guerre et libérateur de la France, n'a cessé de remettre en cause les institutions de la république – parce qu'il voulait un autre Etat, avec lui-même à la tête. 2017, les acquis démocratiques de la France tanguent dangereusement, car le nouveau président, Emmanuel Macron vient tout chambouler et désire mettre son empreinte lui aussi, dans cette France jadis pays de Lumières. Mais à force d'attaques brutales sur les fondements de la cinquième République, le plus jeune président fait sombrer de plus en plus le pays de Marianne dans une dictature bananière. La dernière en date est la réforme des retraites, imposée par le mécanisme du 49.3, rappelle à la France sous le régime de Vichy, à quelques exceptions près. Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France était contrôlée par un gouvernement provisoire. A leur tête se trouve le général Charles de Gaulle, devenu le chef de la « France libre » en exil. Le 6 juin 1944 au plus tard, jour du débarquement des Alliés en Normandie, il était sous les feux de la rampe. Dans un discours à la radio de la BBC, il a appelé ses compatriotes à lutter contre l'occupant allemand. Après tant de combats, de fureurs, de douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant espéré. Bien entendu, c'est la bataille de France et c'est la bataille de la France ! Aujourd'hui, l'appel du 6 juin doit-il résonner car la France doit faire face à une autre bataille, celle interne avec un régime qui est indéniablement assimilé à une république bananière et qui rappelle les Salvador Allende, Jean-Bedel Bokassa, Mobutu Sese Seko... La réforme des retraites imposée par le président Macron est décriée par plus de 70% des français, mais « Jupiter » a décidé de passer et ce par tous les moyens. En face une vaillante population, plus que jamais déterminée à se faire respecter. Car la souveraineté a été acquis grâce à de hautes luttes. « Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi » « Non, je ne regrette rien », a déclaré le président Macron dans l'interview où il a dit qu'il n'avait aucun regret – peut-être juste qu'il n'avait pas clairement expliqué la nécessité de cette réforme. Ses prédécesseurs auraient repoussé la question sensible. Pourtant une citation de Nelson Mandela lui aurait permis d'être plus mesuré, car le prix Nobel de la paix parlant de réformes ou décision des politiques avait laissé entendre que « Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi ». Pour Macron, tout passe et sans regret. Résultat les manifestations dans l'Hexagone vont en crescendo avec un lot de dégâts et de violation des droits de l'Homme pour un pays où le 10 décembre 1948, il a été adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme à Paris. L'inacceptable référence La semaine dernière, le président Macron a défendu sa réforme en invoquant notoirement « l'intérêt supérieur de la nation » sans mentionner un mot sur les dommages collatéraux et les coûts de la réforme pour les travailleurs occupant des emplois sous-payés dans les services, l'éducation et la santé. Pour cela, il s'est permis des comparaisons complètement exagérées de la vague de protestations dans son pays avec la prise d'assaut de la foule Trump sur le Capitole à Washington et les voyous de Bolsonaro sur le bâtiment du parlement au Brésil. Il a ravivé la légende selon laquelle « la voie démocratique normale » avait été empruntée pour la réforme. Formellement, c'est exact. Mais Macron a oublié de mentionner qu'en invoquant l'article 49.3 d'urgence, qui a aidé à faire passer la réforme devant le Parlement français. Bérézina Une interview télévisée du président Emmanuel Macron la semaine dernière, dans laquelle il soutenait la réforme, a intensifié la colère nationale. Il en va de même pour la déclaration du Premier ministre Elizabeth Borne, qui a annoncé le 18 mars qu'elle avait fait ce que le public attendait d'elle. Mais la situation actuelle en France fait que les membres du gouvernement semblent avoir peur de leur propre peuple. C'est à ce titre que le roi roi britannique, Charles III a annulé sa visite en France. Le successeur de la Reine Elisabeth II avait voulu visiter Paris, Versailles et Bordeaux. Alors que des manifestations spontanées ont lieu presque chaque soir dans de nombreuses villes françaises depuis le 16 mars, et qu'à Paris les ordures qui traînent partout sont incendiées. D'ailleurs les syndicats avaient annoncé à l'avance que Charles III va faire face à un tableau plutôt embarrassant de la perte de contrôle de Macron et de son gouvernement. De plus, le président Macron a annulé sa visite prévue à un match de football au Stade de France vendredi – car il soupçonnait probablement que cela pourrait être inconfortable pour lui. Ponctuellement après 49 minutes et 3 secondes de jeu – en allusion au paragraphe éponyme 49.3, avec lequel la réforme des retraites a été imposée – la foule a scandé : « Macron, démission ! » – « Macron, démission ! » En Afrique, la France de Macron perd du terrain Lors de son premier mandat (2017-2022), Emmanuel Macron a tenté de se démarquer des modèles bien connus et largement décriés de la politique africaine française. Il diversifie les relations avec l'Afrique en termes de région et de contenu, intègre les acteurs non étatiques et aborde relativement ouvertement le passé problématique de la France sur le continent. Cependant, le récit du changement, que Paris a diffusé principalement par les canaux de la diplomatie publique, a été recouvert par des dépendances de chemin, visibles surtout dans la poursuite de l'engagement militaire raté au Sahel et dans un comportement politiquement incohérent envers les gouvernements autoritaires. L'un des résultats a été le retrait militaire involontaire du Mali en août 2022. D'un autre côté, le côté, le rapport de Macron himself, avec les autres dirigeants africains, s'est soldé par un échec à cause d'un comportement condescendant et déséquilibré entre acteurs du continent surtout en conflit. On prendre le cas entre le Mali et le CEDEAO ou encore le Rwanda et la RDC (République démocratique du Congo). Sur le cas du Maroc et de la France, le président français, pour des préoccupation énergétiques, légitimes, s'est mis à dos le Royaume au profit de l'Algérie. Poussant le bouchon trop loin, il se choisit lui-même la date d'une visite au Maroc sans accord avec les autorités du Royaume, une preuve du coup d'éclat qu'il essaie de produire comme à son habitude et qui produit toujours l'effet contraire. On se souvient très récemment de ses échanges avec le Président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi où en plein conférence de presse à Kinshasa, il a encore tenté de montrer le paternalisme français avant de sa faire recadrer par son hôte, « Regardez-nous autrement, en nous considérant comme des partenaires et non avec un regard paternaliste », a répondu Félix Tshisekedi. La touchée de Macron ou l'effet Midas En Afrique Macron n'est pas apparu comme un réformateur, mais simplement comme l'administrateur d'une intervention militaire héritée et finalement ratée, qui représentait la plus grande mission étrangère depuis la guerre d'Algérie. D'un point de vue ouest-africain, il a simplement poursuivi la politique française traditionnelle d'intervention dans les anciennes colonies, sapant ainsi le récit du changement politique africain. La célèbre maxime de Macron « Il n'y a plus de politique africaine française ! », qu'il a forgée au Burkina Faso (Ouagadougou, 28 novembre 2017) et qu'il a voulu faire comprendre comme une nécrologie pour la politique scandaleuse de ses prédécesseurs, qui était liée au terme Françafrique, n'a pas seulement raté son effet. Au contraire, sa prétention semblait absurde compte tenu des 4 500 soldats français stationnés au Sahel au même moment. Pire encore, la déclaration mémorable de Macron a été prise dans la région comme une preuve supplémentaire de l'ambiguïté de la politique française, qui a constamment réclamé le changement sans jamais le mettre en œuvre. Et si Macron allait se laver à la source du fleuve Pactole !