Le ministre délégué chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des Politiques publiques, Mohcine Jazouli a affirmé, mercredi à Rabat, que la nouvelle Charte de l'investissement offre un cadre « transparent et lisible » à l'investisseur structuré. S'exprimant à l'ouverture d'un symposium organisé par le Conseil du Développement et de la Solidarité (CDS), sur le thème « l'investissement et le rôle de l'Etat territorial », M. Jazouli a indiqué que la Charte de l'investissement qui a vu le jour grâce aux Hautes Orientations de SM le Roi Mohammed VI offre plusieurs dispositifs et instruments, notamment après l'adoption de la loi-cadre 03-22, et du premier décret d'application de cette nouvelle loi. Dans ce sens, le ministre a souligné que cette loi-cadre s'articule autour de 3 axes, à savoir : des dispositifs de soutien à l'investissement ; l'amélioration du climat des affaires ; ainsi qu'une gouvernance unifiée et territorialisée de l'investissement. Il a de même fait savoir que la nouvelle Charte de l'investissement instaure un système de soutien complet à travers 4 dispositifs, notamment des primes jusqu'à 30% du montant d'investissement, des primes communes des investissements en ligne avec les Hautes Orientations Royales, les objectifs du nouveau modèle de développement (NMD) et le programme gouvernemental, ainsi qu'une prime territoriale pour encourager les provinces les moins favorisées, et une prime sectorielle dédiée aux secteurs prioritaires. M. Jazouli a également mis en avant les dispositifs pour les projets stratégiques à travers des mesures d'appui spécifiques, en particulier pour les projets à caractère souverain ou avec une capacité d'attraction d'écosystèmes, ajoutant que ces projets stratégiques bénéficient d'avantages négociés au cas par cas. En outre, un dispositif est également mis en place pour le développement des entreprises marocaines à l'international, en vue de renforcer le rayonnement économique du Maroc à travers le monde, et pour soutenir notamment le rayonnement économique en Afrique, a-t-il fait remarquer. Evoquant les mesures transverses d'amélioration du climat des affaires, le ministre a passé en revue la simplification des procédures et la déconcentration administrative, la facilitation de l'accès au foncier, le renforcement de la compétitivité logistique, la facilitation de l'accès à l'énergie verte, la mise en place d'offres de formation adaptées, la promotion des activités de recherche et développement et d'accès aux nouvelles technologies, ainsi que la diversification des modes de financement. Pour sa part, le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a souligné que cette rencontre aborde une problématique centrale et d'actualité pour le Maroc, notamment dans cette ère post-Covid où l'environnement international défavorable et ses perspectives incertaines pèsent sur l'activité économique et inhibent l'initiative privée. Il a également relevé qu'au cours des deux dernières décennies, le Royaume a consenti un effort important en matière d'investissement qui atteint, selon les données des comptes nationaux, autour de 30% du produit intérieur brut (PIB), notant toutefois que la même période, la croissance s'est établie à 3,8% en moyenne annuelle, avec un affaiblissement de son rythme de 4,7% entre 2000 et 2010 à 2,8% entre 2011 et 2021. A cet égard, il a estimé que le Maroc consent un effort d'investissement important et constant, mais qui donne lieu jusqu'à présent à « une croissance économique insuffisante, en tendance baissière, avec un contenu en emploi de plus en plus faible et dont les retombées ne profitent pas de la même manière à toutes les régions ». Pour les raisons qui peuvent être avancées pour justifier ce faible rendement, M. Jouahri souligne la nature des investissements réalisés, ajoutant qu' »en effet, le Maroc a lancé depuis le début du millénaire un vaste programme d'infrastructures dont les retombées financières ne se matérialisent vraisemblablement qu'après des délais longs ». « Toutefois, force est de constater qu'en l'espace de plus de deux décennies, les résultats auraient dû commencer à être visibles », a-t-il ajouté, indiquant qu'un autre fait stylisé est que l'investissement est tiré par un effort important de l'Etat, alors que le secteur privé continue de faire face à de nombreux défis dont le plus important reste l'état du tissu productif caractérisé par une forte fragmentation, une large dominance des très petites entreprises (TPE) et un nombre relativement faible d'entreprises exportatrices. Compte tenu de la décélération de la croissance et dans un contexte de pression sur les ressources publiques, avec les nombreux chantiers sociaux budgétivores en cours, le Wali de BAM a affirmé que « le secteur privé est appelé plus que jamais à assumer son rôle principal d'investisseur, de créateur de richesses et d'emplois ». Dans ce sens, il a précisé que cette orientation n'est pas propre au Maroc, mentionnant le dernier rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques qui prévoit que dans les pays émergents et en voie de développement, le rythme de l'investissement devrait demeurer à moyen terme en deçà des niveaux d'avant pandémie, ce qui ne manquerait pas d'affecter la croissance potentielle et le commerce, rendant ainsi plus difficile la réalisation des objectifs en matière de développement durable. Sur le plan opérationnel, M. Jouahri a rappelé le plan de relance post-Covid de 120 milliards de dirhams, la création du fonds Mohammed VI pour l'investissement désormais opérationnel, la réforme en cours des établissements et entreprises publics, ainsi que la nouvelle Charte d'investissement, en plus de la mise en œuvre de réformes structurelles touchant des secteurs essentiels (enseignement, justice, protection sociale, santé,…), soulignant que le Maroc dispose ainsi d' »atouts solides », garantis en plus par sa stabilité politique et sa crédibilité auprès des investisseurs et des partenaires internationaux, ses infrastructures de qualité, ainsi que son système bancaire solide et résilient … Au regard de cette détermination et de ces moyens, et avec une mobilisation harmonieuse de toutes les parties prenantes dans un cadre fédérateur, en l'occurrence le « Pacte National de l'Investissement », l'objectif de 550 milliards de dirhams d'investissements et de 500 mille emplois à l'horizon 2026 ne serait plus hors de portée, pavant le chemin vers la concrétisation à terme de l'ambition de l'émergence économique et sociale de notre pays, a assuré M. Jouahri. Figurent au menu de cette conférence deux panels, le premier traitant du rôle du secteur privé dans la stratégie d'investissement, et le deuxième portant sur le thème « un Etat territorial pour une croissance inclusive ».