Invoquant la «dignité» et «l'espoir» des Palestiniens, le chef de la diplomatie saoudienne a écarté toute officialisation des relations avec Tel Aviv tant que ceux-ci ne disposeraient pas de leur propre Etat. L'Arabie saoudite ne normalisera pas ses relations avec Israël sans l'établissement d'un Etat palestinien, a déclaré le 20 janvier le ministre des Affaires étrangères de la puissante monarchie du Golfe, Fayçal ben Farhane, alors que l'Etat hébreu espère poursuivre sa stratégie consistant à rétablir des liens avec les pays arabes. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, ont ainsi discuté le 19 janvier de la possibilité, en faisant allusion à l'Arabie saoudite, d'«élargir» les accords d'Abraham, lesquels ont abouti à l'officialisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes. «Une vraie normalisation et une vraie stabilité ne viendront qu'en donnant aux Palestiniens de l'espoir et de la dignité, ce qui nécessite de leur donner un Etat», a objecté Fayçal ben Farhane, chef de la diplomatie saoudienne, dans une vidéo publiée sur Twitter le 20 janvier. Premier exportateur de pétrole brut au monde et plus grande économie arabe, le royaume du Golfe reste un très proche partenaire des Etats-Unis malgré plusieurs épisodes de tensions. Il a cependant toujours refusé de normaliser ses liens avec Israël en raison de l'occupation et la colonisation par l'Etat hébreu des territoires palestiniens. Israël occupe les territoires palestiniens depuis 1967 et poursuit sa politique de colonisation de peuplement juive, dénoncée par l'ONU, les ONG et l'Union européenne, celle-ci ayant récemment protesté – en vain – contre la destruction d'infrastructures dont elle avait financé la construction. La Maison Blanche a précisé le 19 janvier que Jake Sullivan avait fait part au Premier ministre israélien de l'opposition de Washington à tout ce qui mettrait en cause «la viabilité» d'un futur Etat palestinien. Riyad ne s'est pas opposé aux accords d'Abraham, signés sous l'égide de Washington fin 2020 par Israël et plusieurs pays arabes, dont certains du Golfe proches de l'Arabie saoudite, tels que le Bahreïn et les Emirats arabes unis. Le royaume saoudien a cependant répété à plusieurs reprises qu'il faisait du respect des droits des Palestiniens une condition sine qua non pour signer un tel accord avec les Israéliens. Au printemps 2021, Fayçal ben Farhan avait affirmé qu'un accord de normalisation avec Israël serait «extrêmement bénéfique» pour le Moyen-Orient, mais avait rappelé qu'il était conditionné aux progrès du processus de paix israélo-palestinien. A la tête du gouvernement considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, Benjamin Netanyahou estime de son côté que la normalisation avec l'Arabie saoudite permettrait de faciliter un accord israélo-palestinien, bien que les bonnes relations avec les Emirats arabes unis n'aient pas ouvert la moindre perspective d'une évolution du processus de paix. Tous les signaux semblent au contraire être au rouge, notamment après la visite très controversée du nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir sur l'esplanade des Mosquées le 3 janvier. Celle-ci a provoqué l'ire de toute la région et conduit nombre de pays arabes et musulmans à exiger une action de la part du Conseil de sécurité de l'ONU.