Bank Al Maghrib (BAM) a tenu le 20 décembre dernier son quatrième Conseil de politique monétaire au titre de l'année 2022, qui a été sanctionné par une nouvelle hausse du taux directeur de 50 points de base à 2,5%, après celle opérée le 27 septembre dernier. « Cette décision vise essentiellement à prévenir tout désancrage des anticipations d'inflation et assurer les conditions d'un retour rapide à des niveaux en ligne avec l'objectif de stabilité des prix », avait précisé le communiqué de la banque centrale. En effet, après une flambée des prix des biens importés, une transmission vers les produits locaux a été observée, aggravée par la sécheresse qui a marqué la saison agricole 2021-2022, générant ainsi, une révision à la hausse des prévisions d'inflation par la banque centrale pour les exercices 2022 de 1% à 6,3% et 2023 de 0,4% à 2,4%. Bien que les prix des matières premières et énergétiques aient reculé au niveau international, le risque d'une persistance de cette vague inflationniste semble plus durable, comme illustré dans le rapport du FMI « World Economic Outlook, d'octobre 2022 » dont les prévisions d'inflation, pour les années 2022 et 2023, ont été globalement révisées à la hausse pour ensemble des catégories de pays. Cette durabilité de l'inflation a poussé la majorité des Banques centrales à accélérer le resserrement de leur politique monétaire à travers d'une part, la remontée, à plusieurs reprises, de leurs taux directeurs et d'autre part, l'annonce de la fin des programmes de rachat de titres publics et privés et une réduction de leurs bilans. Toutefois, il est à rappeler que pour des considérations économiques, particulièrement de relance de la croissance et de la création d'emplois, certains pays ont opté pour le statut quo ou bien même une baisse du taux directeur. Ainsi, plusieurs questions sont soulevées quant à l'impact réel qu'aura cette augmentation sur le taux d'inflation. Pour certains économistes, seul un ralentissement drastique des cours des matières premières au niveau international peut freiner la hausse des prix. Aussi, ils craignent que la nouvelle hausse du taux directeur rétrécisse les conditions de financement, affaiblisse la croissance économique et tire les cours boursiers vers le bas. Ce nouveau taux directeur va également faire augmenter le coût de financement du Trésor public qui fait déjà face à des conditions de financement très restrictives. Le Trésor aura probablement recours à de nouveaux mécanismes et à des financements bilatéraux à l'image de la ligne de crédit modulable du FMI et que le Maroc compte demander auprès du FMI comme annoncé Abdellatif Jouahri, gouverneur de BAM. D'un autre côté, les défenseurs de cette décision arguent d'un retour rapide à la stabilité des prix, de l'amélioration des taux créditeurs bancaires et d'une baisse sensible des dépôts à vue en faveur de l'épargne. Pour eux, cette succession de hausses du taux directeur va finir par stabiliser les prix.