Le Maroc soutient pleinement l'initiative de l'Union africaine (UA) en faveur du développement d'une santé communautaire forte capable de renforcer la résilience des systèmes de santé, de contribuer à la sécurité sanitaire régionale et continentale et de promouvoir les efforts de développement durable, a affirmé, lundi à Kigali, le ministre de la Santé et de la Protection Sociale, Khalid Ait Taleb. Intervenant lors d'un évènement sur l'« Institutionnalisation du personnel de santé communautaire vers un système de santé communautaire durable et résilient en Afrique » en marge de la 2ème Conférence Internationale sur la Santé Publique en Afrique prévue mardi à Kigali, le ministre a mis en avant la première conférence africaine de haut niveau sur la réduction des risques organisée au Maroc il y a trois semaines, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, et qui a été sanctionnée par la déclaration politique de Marrakech, qui a permis de mettre en exergue les spécificités qui caractérisent la dynamique du secteur de la santé dans sa confrontation dynamique et perpétuelle aux risques les plus divers. Elle a également réussi à proposer les axes de développement nécessaires pour édifier un système de santé résilient et durable, à l'échelle nationale comme à l'échelle continentale, a souligné le ministre. Si j'ai évoqué cette conférence, c'est pour citer le message de Sa Majesté le Roi qui souligne et réitère l'engagement du Maroc à soutenir tous les efforts dont le but est de renforcer le niveau de bien-être des populations. Ainsi Sa Majesté le Roi a affirmé dans ce message que « La santé du citoyen est une priorité qui doit être inscrite dans toute coopération Sud-Sud, qui se veut efficiente et vise à favoriser le rapprochement et la solidarité entre les peuples », a ajouté M. Ait Taleb. Le ministre a relevé que « c'est aussi grâce à toutes les crises auxquelles nous avons été confrontés, à un moment ou à un autre de notre histoire commune, qu'il est pertinent d'affirmer aujourd'hui que l'Afrique est forte de son expertise et de son recul face aux risques et aux menaces sanitaires ». « Durant des décennies, voire des siècles, nous avons développé nos capacités, nos perspectives, notre philosophie, et il est temps aujourd'hui d'investir tout cela dans des options d'avenir profitables à l'ensemble des Nations Africaines et susceptibles de contribuer au bien-être des générations futures », a souligné le ministre. M. Ait Taleb a également évoqué la pertinence d'inscrire la question de l'institutionnalisation du personnel de santé communautaire parmi les sujets à débattre, en marge de cette deuxième conférence internationale de santé publique. Après presque trois années de lutte acharnée contre la pandémie CoViD-19, la question est même d'autant plus pertinente qu'elle renvoie à d'autres questions de fond, à savoir la durabilité et la résilience des systèmes de santé, la centralité de la santé et de la protection sociale, dans l'espace des politiques publiques, et la sécurité sanitaire et de la souveraineté sanitaire d'une manière générale, a noté le ministre. Elle renvoie par ailleurs à la nécessité de développer une politique continentale transnationale concertée, en matière de sécurité sanitaire, afin que l'Afrique puisse faire front commun contre la vulnérabilité commune de ses Nations vis-à-vis des risques sanitaires et environnementaux qui les menacent, mais aussi afin qu'elle puisse relever les défis futurs, désormais vitaux, de développement durable, a ajouté M. Ait Taleb, mettant l'accent sur la nécessité d'une couverture optimale en ressources humaines qualifiées. Il est de connaissance notoire également que bon nombre de pays Africains, dont le Maroc, souffrent d'une pénurie profonde et chronique en personnels soignants, rendant improbable la capacité du continent à subvenir aux besoins essentiels de sa population et, par voie de conséquence, à assurer sa sécurité sanitaire », a dit le ministre. Des exemples comme ceux de la peste, de la poliomyélite, de la grippe Espagnole, d'Ebola ou encore de la COViD-19, pour ne parler que de ceux-ci, sont là pour nous rappeler que les répercussions des risques sanitaires peuvent être dévastatrices, tant sur le plan humain que social, économique, financier, politique ou sécuritaire. Ils sont aussi là pour nous rappeler que les efforts de promotion de la santé et de prévention contre les risques sanitaires participent pleinement à la construction de capacités durables de préparation aux situations de crise, elles-mêmes nécessaires, voire vitales, pour garantir une riposte et une résilience optimales ainsi qu'un retour relativement plus rapide et plus aisé à la normale, a ajouté le ministre. « Chaque dollar investi dans ce sens verra sa valeur décuplée, directement ou indirectement, si l'on compte les effets multiplicateurs directs de ces investissements et les pertes économiques évitées. Quoi de plus naturel dans ces conditions, que d'investir massivement dans de nouvelles générations de services de santé, avec des prestations intégrées et axés sur la personne, une fourniture viable, dans le temps et dans l'espace, des biens de santé et, surtout, le développement d'un capital humain adéquat, évolutif et pérenne ? », a insisté M. Ait Taleb. L'expérience mondiale, et plus spécifiquement l'expérience Marocaine, montrent que la mise en œuvre, dans des conditions appropriées, d'approches communautaires basées sur des agents issus des communautés qu'ils desservent, permet de créer et d'entretenir une dynamique et une mobilisation collective pour la santé, d'opérer des rapprochements inespérés entre les organisations de santé et la population desservie et de concilier les attentes, les besoins et les contraintes des uns et des autres. Les agents de santé communautaires participent en outre à lever certains obstacles d'accès aux soins et contribuent à réduire les iniquités et les inégalités sociales en la matière. Ils peuvent enfin, dans des contextes d'urgence sanitaire ou de crise humanitaire, renforcer les premières lignes de défense contre les risques de santé publique, a souligné le ministre. Dans un tout autre registre, la mobilisation d'agents communautaires en faveur de la santé n'a pas d'impact potentiel que sur l'utilisation des services de soins ou l'amélioration du bien-être et de la qualité de vie de la population. Il est tout à fait possible qu'une mobilisation à grande échelle soit susceptible de stimuler le marché du travail, de promouvoir la justice et la cohésion sociale et de multiplier les opportunités de croissance économique, poursuit le ministre. En ce sens, l'initiative de déploiement de deux millions d'agents de santé communautaires en Afrique, conformément à la décision issue des travaux de la 29ème session ordinaire des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine, organisée en 2017, cette initiative est en harmonie avec les principes de dividende démographique que connait le continent, a-t-il notamment relevé.