L'Espagne rallie le mouvement enclenché par les Etats-Unis le 10 Décembre 2020, en reconnaissant, dans un message à SM le Roi Mohammed VI, l'autonomie «comme la base la plus sérieuse, réaliste, et crédible» pour le règlement de la question du Sahara. Un tournant décisif. L'Espagne a fini, au bout du compte, par adhérer à la thèse marocaine, après plusieurs mois de tergiversations, d'hésitations, voire d'opacité dans sa position. Le radicalisme de Madrid était tel que l'Espagne avait tenté de saisir la nouvelle Administration américaine de Joe Biden pour réclamer l'annulation de la reconnaissance de la souveraineté américaine sur l'ensemble de ses provinces du sud. Par la suite, Madrid sollicita Washington pour intensifier «les efforts communs», pour la recherche d'une solution rapide à la question du Sahara, «dans le cadre des Nations unies», sans jamais décliner ses véritables intentions. Aujourd'hui, il y'a lieu de saluer Madrid pour cette décision raisonnable, certes quelque peu tardive, par rapport à ses deux grands voisins du nord, la France et l'Allemagne. Le message du chef du gouvernement espagnol à SM le Roi est destiné à la normalisation des rapports de l'Espagne avec le Royaume du Maroc, au moment où une tension nouvelle se profilait à l'horizon, suite aux nouvelles révélations de la justice espagnole, qui mettrait en cause dans l'affaire Brahim Ghali, le chef du gouvernement espagnol en personne, dans l'hospitalité accordée au chef des séparatistes. Le Maroc était resté ferme sur sa position, en exigeant de Madrid de la sincérité, la franchise, la confiance réciproque et le loyalisme. Les engagements du chef du gouvernement espagnol, dans son message à SM le Roi Mohammed VI, sont clairs à ce sujet. Les deux pays peuvent imaginer l'avenir sur de nouvelles bases. Le Camp des pays favorables à la thèse marocaine s'élargit donc. L'Espagne fait partie du groupe des amis de la question du Sahara, aux Nations unies. C'est aussi l'ancienne puissance coloniale, qui vient de rendre son verdict sur la démarche et perspective d'une solution réaliste, logique et raisonnable. La décision de Madrid qui doit satisfaire largement le Royaume du Maroc – comme en témoigne sa réponse immédiate rendue publique ce vendredi soir – devrait enfoncer davantage la neutralisation de la thèse des séparatistes et de leur parrain. Elle devrait aussi éclairer la voie devant l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, Steffan de Mistura. Les Etats unis, La France, l'Allemagne et l'ancienne puissance coloniale conviennent, ensemble, que lr règlement de la question du Sahara ne peut se concevoir en dehors de la proposition d'autonomie marocaine, présentée en avril 2007 déjà et défendue par la communauté internationale. Une nouvelle raclée à l'Algérie, qui vient se coupler avec la réduction par l'Espagne de ses importations de gaz d'Algérie, préférant importer ses gros besoins depuis la contrée lointaine des Etats-Unis, qui honorent leurs contrats. L'Algérie, baignée dans l'improvisation, comme toujours, a perdu un immense marché, qui se chiffre par des milliards de dollars, surtout en cette période de tension en Europe centrale. Elle aurait pu, outre les 13 milliards de mètres cubes qui transitaient par le Royaume, livrer à l'Espagne et l'Europe plus de 20 milliards de mètres cubes. Mais, tant pis pour les experts économiques et politiques algériens. Alger n'a pas seulement perdu cet immense marché mais risque de perdre également son partenariat avec l'Espagne et l'Europe, qui cherchent désormais une solution de substitution à un fournisseur qui n'honore pas ses engagements et qui fonde ses relations commerciales sur des considérations idéologiques. (*) Journaliste et écrivain