La décision d'Alger de fermer le gazoduc Maghreb-Europe (GME), dans un contexte de flambée des prix et de crise énergétique mondiale, constitue un « chantage » qui « menace directement l'Europe », en particulier l'Espagne, écrit mardi le site d'information français « opinion-internationale ». Depuis cinq mois, les autorités algériennes ont pris des décisions « qui menacent de déstabiliser le Maghreb et de provoquer des ondes de choc jusqu'en Europe », souligne Michel Taube, fondateur de « opinion-internationale », dans un éditorial. Fin octobre, une nouvelle étape dans la provocation a été franchie avec le refus par Alger de reconduire le contrat du gazoduc GME, note l'auteur, ajoutant que « se priver des exportations vers le Maroc, c'est aussi appauvrir son propre pays (sa population et non ses dirigeants !) ». En Europe, la décision d'Alger de suspendre l'approvisionnement de l'Espagne et du Portugal en gaz, « qui va nécessairement provoquer l'augmentation des prix de l'énergie en Europe », a suscité de « nombreuses désapprobations » au Parlement Européen, notamment de la part de Andréa Cozzolino, président de la Délégation pour les pays du Maghreb, relève M. Taube. La question du Sahara marocain est « évidemment l'un des enjeux principaux du bras de fer que voudrait imposer Alger », rappelle l'éditorialiste, qui qualifie d'"événement majeur" la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara, décision suivie par plusieurs pays qui ont ouvert des consulats dans les provinces du Sud du Maroc, faisant observer que le successeur de Donald Trump, Joe Biden, n'a pas remis en cause cette reconnaissance. Selon l'éditorialiste, « le Sahara marocain compte de nouveaux alliés de poids » et que « c'est peut-être pour freiner ou contre-balancer cette percée diplomatique du Maroc qu'Alger a décidé de jouer les gros bras ». Selon Michel Taube, la « décrédibilisation » du pouvoir militaire en Algérie « l'incite à rechercher et invoquer de plus en plus des boucs émissaires pour faire oublier l'incurie de l'Etat face aux légitimes revendications du peuple algérien". A cet égard, l'éditorialiste estime que le Maroc est un "bouc-émissaire idéal pour l'armée sur fond de soutien au Polisario". Par ailleurs, le fondateur de « opinion-internationale » estime que le conflit du Sahara « ne peut être vu de France comme un conflit lointain auquel nous serions étrangers ». Et si ce conflit "venait à s'envenimer, la France et l'Union européenne doivent, comme les Etats-Unis, se ranger sans ambiguïté du côté marocain, et lui apporter le soutien diplomatique et logistique dont il a besoin", affirme-t-il. Car, le Maroc est « l'allié de la France et plus généralement de l'Occident et de ses partenaires, en particulier dans le monde arabe". → Lire aussi : Inquiétudes au Parlement fédéral belge au sujet de la fermeture du GME par l'Algérie Après avoir souligné que les "points communs entre la France et le Maroc ne s'arrêtent pas à cette triste posture de bouc-émissaires d'Alger", l'auteur relève que les synergies Rabat-Paris sont "nombreuses" notamment en matière de lutte contre le terrorisme et la coopération à la maîtrise des flux migratoires. En outre, affirme-t-il, le dynamisme des diasporas marocaine et française, surtout au niveau des entrepreneurs, cimente cette amitié. "C'est que le Maroc se modernise et poursuit un modèle de développement spécifique", note Michel Taube, ajoutant que les dernières élections législatives, régionales et municipales au Maroc en septembre dernier ont « clairement exprimé » ce choix de la modernité. Et d'observer que si la main tendue de Rabat à Alger s'inscrit dans le dessein marocain d'une diplomatie multipolaire, surtout après sa réintégration dans l'Union africaine et le renforcement de ses liens internes dans le monde arabe, le premier enjeu de ce bras de fer imposé par Alger, c'est certainement le leadership du continent africain. "Mais pour l'heure, remarque l'éditorialiste, il est urgent que les surenchères d'Alger qui commencent à menacer les intérêts de l'Europe, notamment en matière énergétique, mobilisent les chancelleries pour calmer les ardeurs du pouvoir algérien". "Il est temps qu'Alger ouvre les yeux sur ses propres réalités algériennes. Les Algériens méritent mieux que des dirigeants qui se cachent derrière des bouc-émissaires", conclut Michel Taube.