Par Abdelaziz RHEZALI, Expert agricole et chercheur en politiques publiques Conscient du rôle de l'agriculture dans l'activité économique nationale, l'OCP group agit dans une perspective de développer le secteur agricole marocain. Dans ce sens, l'OCP s'est aligné avec la vision de l'Etat en déployant une stratégie claire et ambitieuse visant, entre autres, l'amélioration du savoir-faire des agriculteurs dans une optique de favoriser l'augmentation des productions agricoles en quantités et qualités satisfaisantes. L'objectif noble et ultime étant d'assurer une sécurité alimentaire à long terme pour le pays. Au Maroc, l'agriculture est un secteur stratégique de l'économie nationale et participe à hauteur de 14% dans le produit intérieur brut (PIB) du pays. L'activité de l'agriculture s'étale sur une superficie de presque 8,7 millions hectares dont 5 millions sont dédiés aux céréales et légumineuses. L'architecture agricole marocaine se caractérise par la prédominance des petites exploitations agricoles avec un nombre avoisinant les 10,5 millions et des superficies inférieures à 5 hectares. Le reste, qui est réservé pour les moyennes et grandes exploitations, est estimé à 4,5 millions d'unités. La majorité des petites exploitations adoptent les céréales comme une spéculation principale. Faute de moyens et de technicité, les agriculteurs évitent les cultures de forte valeur ajoutée et restent confinés principalement à une rotation céréale-jachère ou céréale-légumineuse. Cette pratique donne l'illusion que nous sommes un pays leader dans la production des céréales et légumineuses avec des excédents de production destinés à l'export. Or, la réalité dévoile que la facture d'importation des céréales peut atteindre près de 11 milliards de dirhams dans les années de sécheresse, mettant ainsi le Maroc dans la liste des grands pays importateurs des denrées de base, et laisse poser des questions pertinentes et légitimes sur les facteurs qui jugulent l'essor de la production des céréales au Maroc. Il est clair que la pluie est un élément clé et une variable explicative des rendements en céréales, mais développer un secteur résilient stipule la mise en place des mesures allégeant le fardeau des pénuries de pluies. Conscient de cette situation, les acteurs de l'action publique dans le monde agricole marocain, essayent de vulgariser des techniques ayant pour objectifs de réduire l'empreinte du carbone dans l'atmosphère, qui est un précurseur du réchauffement climatique, d'augmenter la matière organique et de minimiser la déperdition d'eau dans le sol. C'est ainsi que le semis direct, qui consiste en un zéro labour du sol, a commencé à prendre de l'élan dans le système de production des céréales dans notre pays. Malheureusement, ce système depuis des années, a pâti des contraintes liées principalement à la disponibilité des semoirs à usage semis direct et à la maitrise de cette technicité par les agriculteurs. Cependant, l'OCP à travers le programme Al Moutmir, a réussi d'implémenter ce système de production sur une superficie atteignant 19000 ha au cours de la campagne agricole 2020-2021. Les études scientifiques, partout dans le monde, ont démontré que le semis direct est une pratique avantageuse par rapport au semis traditionnel. L'OCP, un groupe avec des approches citoyennes, a fait bénéficier 3500 agriculteurs du semis direct dans le cadre de Al Moutmir. Il importe de souligner que disposer d'un semoir direct est très difficile vu le coût de cette machine qui oscille entre 250.000 et 300.000 Dhs. Pour contrer ce facteur contraignant, L'OCP a mis plus de 40 semoirs directs à la disposition de ce programme au Maroc pour couvrir différentes zones agro-climatiques, notamment les zones marquées par le Bour Défavorable et le Bour favorable. D'autre part, projeté dans le conseil agricole et l'importance d'améliorer les compétences des agriculteurs, l'OCP mobilise une grande équipe composée d'ingénieurs agronomes et experts agricoles pour aider à la mise en place et à la réussite du semis direct. Ce travail de grande haleine a été couronné lors de cette année par un succès indéniable, enregistrant une augmentation des rendements de 23% par rapport aux parcelles témoins faisant recours au semis traditionnel. L'OCP a le mérite d'être qualifié du grand parrain du système semis direct au Maroc vu son dynamisme incontestable et ses efforts louables pour la réussite dudit programme dans notre pays. La généralisation du semis direct est désormais un grand défi pour le groupe. Ceci réside en premier lieu d'incarner le système de production semis direct dans l'esprit de l'agriculteur marocain. L'accompagnement de l'agriculteur doit continuer dans l'optique de tripler à court terme les superficies semis direct. Il est clair que le chemin n'est pas emblavé en roses, mais la détermination et la convergence des efforts de l'Etat et de l'OCP sont, une clé incontournable pour généraliser ce système de production au Maroc.