Si la date n'est pas encore annoncée, le retour de Karima Benyaich à Madrid est imminent. En effet, selon plusieurs médias espagnols, l'ambassadrice du Maroc en Espagne, rappelée le 18 mai, pour consultations après la crise diplomatique déclenchée par l'hospitalisation du chef du polisario, Brahim Ghali, en avril dernier, à Logroño, devra reprendra ses fonctions dans les prochains jours, fermant ainsi la parenthèse sur une période de frictions entre le Maroc et son voisin ibérique. La reprise des relations entre le Maroc et l'Espagne, à plus de trois mois de tensions, augurent ainsi une nouvelle étape promettante pour les deux pays même si du côté marocain, il n'y a toujours pas de confirmation officielle de la part du ministère des Affaires étrangères. Pour rappel, le Roi Mohammed VI a tendu la main au gouvernement espagnol pour surmonter la crise que traversent les deux pays voisins, depuis avril dernier, et a assuré que le Maroc aspire, en toute sincérité et confiance, à continuer à travailler avec le gouvernement espagnol et avec son président, Pedro Sánchez, afin « d'inaugurer une nouvelle étape inédite » dans les relations bilatérales, basée sur « la confiance, la transparence, la considération mutuelle et le respect des engagements ». C'était lors de son discours à l'occasion de 68e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, prononcé vendredi 20 août, de Fès. Un discours qui a trouvé son écho chez le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, qui a reçu avec reconnaissance les propos de Sa Majesté le Roi. « Je crois que des opportunités naissent également de chaque crise et je pense que c'est une excellente occasion de redéfinir ces relations, les piliers sur lesquels elles reposent et en ce sens je ne peux que remercier et saluer les paroles du roi du Maroc », a-t-il répondu lors d'un point presse, en assurant que l'Espagne a toujours considéré le Maroc comme un « allié stratégique, tant pour l'Espagne que pour l'Union européenne ». Force est de souligner que le Maroc a toujours cherché à établir des relations fortes, constructives et équilibrées, notamment avec les pays voisins, comme l'a souligné Sa Majesté le Roi. En ce sens, le Souverain a précisé que ces relations « ont récemment traversé une crise sans précédent qui a fortement ébranlé la confiance mutuelle et a suscité de nombreuses interrogations sur leur sort », notant toutefois que le Maroc a travaillé avec la partie espagnole dans « un climat de calme total, de transparence et de responsabilité ». Faut-il rappeler que l'ambassadrice Karima Benyaich, en poste depuis 2018, ayant été convoquée par Arancha Gonzales Laya, de façon « agressive » faisant fi des convenances diplomatiques, a été rappelée par le ministère des Affaires étrangères, le 18 mai dernier, en pleine crise migratoire de Sebta. LIRE AUSSI : Arancha González Laya : « Nous sommes disposés à écouter le Maroc concernant le Sahara » Il est à noter que le Souverain a personnellement et directement suivi l'avancée du dialogue et l'évolution des discussions avec Madrid. Aussi a-t-il souligné que l'objectif « n'était pas seulement de sortir de cette crise, mais d'en faire l'occasion de revoir les fondamentaux et les déterminants qui régissent ces relations ». Ceci dit, si l'accueil du leader du polisario par l'Espagne avait ébranlé les relations entre les deux pays, et malgré la crise diplomatique et surtout de confiance, les liens entre les hauts responsables, conscients de la nécessité de trouver un terrain d'entente pour des relations bilatérales solides, n'ont pas été complètement rompus. Dans ce sens, Arancha Gonzales Laya a été limogée et remplacée par José Manuel Albares, le 10 juin dernier, pour marquer un tournant dans la crise diplomatique entre Rabat et Madrid. C'était le premier message envoyé par le gouvernement espagnol et sa volonté de dissiper les malentendus pour passer à autre chose. Pour preuve, peu après sa prise de fonction, Albares avait souligné qu'il fallait « renforcer les relations avec le Maroc « , un pays qu'il considérait comme « un voisin et ami du sud « . « Il ne s'agit pas d'avoir de gros titres, mais de renforcer cette relation entre l'Espagne et le Maroc. Une véritable relation stratégique d'amitié « . Par ailleurs, pour le 58e anniversaire du Roi Mohammed VI, le Roi Felipe VI a envoyé un message de félicitations conjoint avec la reine Letizia. Un message qui s'ajoute d'ailleurs à celui émis, en juillet, pour le 22e anniversaire de l'accession du Roi Mohammed VI au trône, un signe sans équivoque de proximité et d'amitié. Toutefois, n'oublions pas que des dossiers fâcheux sont toujours en instance et l'agenda hispano-marocain des prochains mois sera marqué par des questions très délicates qui nécessitent beaucoup de sagesse de la part des deux pays, notamment la coopération migratoire, la fermeture des frontières de Sebta et Melilla en plus des échanges commerciaux des produits agricoles. Ceci sans oublier le dossier du Sahara marocain qui constitue la première cause nationale du Maroc et sur lequel l'Espagne n'a pas encore exprimé une position claire. Le dialogue et la coopération constructive seront donc de mise. Aujourd'hui et après plusieurs mois plongés dans une crise diplomatique sans précédent, le Maroc et l'Espagne entament une nouvelle étape. Karima Benyaich a du pain sur la planche et l'une des premières missions à laquelle elle devra s'attaquer dès qu'elle aura regagné son poste à Madrid, sera la préparation de la prochaine réunion de haut niveau entre les deux pays, qui devait se tenir en décembre dernier, mais qui a été reportée, à plusieurs reprises, en raison de la situation épidémiologique.