En plein tourbillon médiatique à la suite des révélations de l'affaire Pegasus, le Maroc est présenté par certains comme le « cerveau » de cette affaire internationale d'une envergure inédite. Près de 40 Etats, principalement européens, seraient pourtant clients de la start-up israélienne NSO Group qui commercialise le logiciel. De quoi cet acharnement médiatique est-il le nom ? Il y a quelques jours, un consortium de 17 médias internationaux dévoilait les conclusions d'une enquête qui allait faire parler d'elle au quatre coins de la planète. Près de 50 000 numéros de téléphones de journalistes, militants ou personnalités politiques auraient été sélectionnés pour être espionnés par des pays utilisateurs du logiciel israélien Pegasus. Parmi ces numéros, on retrouve notamment l'un de ceux du Président Emmanuel Macron ou du fondateur de Mediapart Edwy Plenel. Les accusations du consortium se sont concentrées sur le Royaume chérifien. Forbidden Stories, membre du consortium, avance qu'un cinquième des cibles du logiciel auraient été ajoutées par le Royaume. → Lire aussi : Pegasus : entre le déni français officiel et les abracadabrants fantasmes du « Monde » et Médiapart, un Maroc serein Silence sur l'implication de nombreux acteurs Si 40 Etats, principalement européens, seraient clients de la start-up israélienne NSO Group, étonnamment, ces dernières restent pour le moment épargnées par la couverture des médias. Seules les Nations émergentes font l'objet d'accusations d'espionnage, et en particulier le Mexique, l'Arabie Saoudite, l'Inde et ... le Maroc. Ce dernier a immédiatement démenti les accusations et a décidé de poursuivre en diffamation le consortium de médias. Rabat veut jeter la lumière sur les faits, et invite les acteurs à l'initiative de l'enquête à faire part de preuves tangibles et scientifiques pour justifier leurs accusations. Dans un article du Monde intitulé « Projet Pegasus" : face aux dénégations de NSO Group et du Maroc, "Le Monde" maintient ses informations", le quotidien français évoque de fait des "preuves matérielles" publiques, sans pour autant les dévoiler. Une opacité que dénonce l'Ambassadeur du Maroc en France Chakib Benmoussa, qui rappelle que le Maroc fait régulièrement l'objet d'accusations non fondées : "En juin 2020, Amnesty International nous avait accusés de surveiller des journalistes au Maroc en utilisant une telle application. Le chef du gouvernement avait déjà réfuté de tels faits et demandé dans une lettre adressée à l'ONG d'apporter les éléments de preuve qui permettraient de conforter ses accusations. Une demande restée sans réponse". Pegasus : qui en veut au Maroc ? Pour de nombreux observateurs, le Royaume marocain pourrait être en proie à une tentative de déstabilisation orchestrée. "Il existe des réseaux hostiles au Maroc, en France et ailleurs, qui sont dans une logique de déstabilisation », avance Chakib Benmoussa, avant de poursuivre : "Nous constatons également un timing particulier. Des éléments disponibles il y un an, ressortent aujourd'hui, de manière coordonnée, à l'approche de la Fête du trône, à l'approche des élections législatives, régionales et locales, dans un contexte où le Maroc réalise des avancées sur de nombreux sujets. Cela peut ne pas plaire". En France aussi, de nombreuses personnalités mettent en doute l'implication du Maroc. Parmi elles, le fondateur de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a indiqué sur Twitter que « les connaisseurs savent que c'est trop facile et bien commode d'accuser le Maroc alors même que son roi a lui-même été espionné ». Christian Cambon, à la tête de la commission des Affaires étrangères au Sénat, estime quant à lui que « la décision américaine de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara a fait beaucoup de jaloux sur la scène internationale et a conduit à un acharnement très ciblé de certains pays ». Partenaire historique de la France et allié de nombreux pays occidentaux dans la lutte contre le terrorisme, le Maroc paierait-il le prix de son rôle de stabilisateur dans la région ? Puissance de premier plan en Afrique du Nord, Rabat pèse dans plusieurs dossiers diplomatico-sécuritaires régionaux majeurs, notamment en Libye, au Sahel et dans le conflit israélo-palestinien. Une influence qui peut déranger parmi ses voisins, qui lui reprochent sa vision moderne de la diplomatie, en particulier en matière de coopération Sud-Sud."Certains dans ce cartel de supports médiatiques et d'ONGs n'arrivent pas à se faire à la réalité du Maroc qui réussit, se renforce et consolide sa souveraineté à tous les niveaux. Ils pensent pouvoir le mettre sous emprise. A leur grand dam, ceci n'est pas possible et ne le sera jamais", déclarait le 22 juillet Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères dans les colonnes de Jeune Afrique. Pour l'heure, le Maroc a décidé de faire confiance à la justice.