Chakib Benmoussa le représentant diplomatique du Maroc à Paris a déclaré au média français « Le Journal Du Dimanche » (JDD), à propos du projet Pegasus initié par un consortium de médias dont le Monde et Radio France -partenaires du projet, qui avaient révélé qu'une ligne de téléphone d'Emmanuel Macron faisait partie des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l'Etat marocain pour un potentiel piratage-, qu'« Il s'agit d'une tentative de déstabilisation ». Chakib Benmoussa a assuré que le Maroc « n'a pas espionné Emmanuel Macron, ni aucun membre du gouvernement cité par l'enquête journalistique internationale sur l'usage du logiciel espion Pegasus », rajoutant, « qu'aucun élément ne corrobore cela». Et d'expliquer « la relation entre la France et le Maroc est particulière, construite sur l'histoire, sur des liens humains et culturels extrêmement forts, sur des intérêts communs. C'est une relation d'exception mais aussi une relation qui se renouvelle à l'aune des évolutions dans chacun des deux pays et des nouveaux défis. Je comprends que des acteurs en prennent ombrage… Il existe des réseaux hostiles au Maroc en France et ailleurs, qui sont dans une logique de déstabilisation». En effet, le Royaume nie être client de Pegasus, et Chakib Benmoussa d'assurer : « Le Maroc a démenti l'acquisition de ce logiciel il y a plusieurs mois de cela, et de manière catégorique ». Chakib Benmoussa a étayé ses dires en affirmant, « le chef du gouvernement avait déjà réfuté de tels faits et demandé dans une lettre adressée à l'ONG d'apporter les éléments de preuve qui permettraient de conforter ses accusations. Une demande restée sans réponse ». Dans un article publié le 23 juillet, "Le Monde", un des médias français membre du consortium ayant travaillé avec Forbidden Stories et Amnesty International, affirmait à son corps défendant mais en propageant des rumeurs sans preuves matérielles, du reste, « avoir accumulé de multiples éléments » qui prouveraient que le Maroc est un client de NSO Group et utilisateur de Pegasus. Ce que le Royaume a vivement réfuté par la voix de Me Baratelli, avocat du Maroc qui affirmait sur BFMTV : « Le Maroc n'a jamais utilisé le logiciel Pegasus ». Et d'ajouter « Le Royaume du Maroc n'a jamais eu de liens contractuels ou commerciaux avec NSO », avait tranché Me Olivier Baratelli sur le plateau de BFMTV. Aussi pour mettre fin aux accusations gratuites que colportaient divers médias sans pour autant étayer leurs dires à l'instar du quotidien du soir, qui écrivait que « de nombreuses personnes figurant sur la liste ont été dans le viseur du renseignement marocain », l'avocat avait annoncé qu'un compte à rebours judiciaire a débuté. Les accusateurs ont 10 jours pour fournir les preuves réclamées par le Maroc. Pourtant le Royaume avait diffusé un communiqué dans la semaine pour condamner « vigoureusement la persistante campagne médiatique mensongère, massive et malveillante » et par la voix de son ambassadeur en France le Maroc a tenu à rétablir la vérité. Pour Chakib Benmoussa, les médias à l'origine de ces révélations doivent « apporter des preuves » et a affirmé au JDD « Ce listing de 50 000 numéros qui auraient subi une intrusion ou une tentative d'intrusion semble avoir été reconstitué. Mais comment ? Le groupe NSO affirme qu'il ne tient pas de listing... Pourquoi ce répertoire concerne-t-il certains pays, que l'on essaie de présenter sous l'angle d'Etats voyous et policiers, et pas d'autres, alors qu'une quarantaine au total sont censés avoir acheté ce programme, selon NSO ? Nous nous demandons également quels éléments permettent de faire le lien avec nos autorités. Les acteurs qui ont lancé ce processus, avec des accusations fortes, doivent maintenant apporter des preuves». Et allusion faite à l'Est de l'Eden « Pensez-vous sérieusement que ces acteurs représentent un poids politique suffisant pour déstabiliser le pays? Les gens connus pour leur hostilité au Maroc n'ont pas besoin d'être espionnés pour qu'on sache ce qu'ils ont à dire! » Chakib Benmoussa juge que dans l'affaire Pegasus, « le Maroc est une victime ». Et de développer « Il s'agit d'une tentative de déstabilisation. En quelques jours, le rouleau compresseur s'est mis en place, avec une campagne massive et coordonnée qui exploite l'émotion d'acteurs se sentant de bonne foi, violés dans leur intimité. Quelles raisons aurions-nous à entreprendre de tels actes d'espionnage? », s'est-il encore interrogé. L'ambassadeur du Maroc assure que la normalisation des relations diplomatiques entre son pays et Israël, saluée comme un « tournant historique » par le Roi Mohammed VI fin 2020 et par le monde, n'a aucun rapport avec le logiciel Pegasus, dont plusieurs médias ont expliqué qu'il était parfois utilisé par l'Etat d'Israël comme un levier diplomatique. Et Chakib Benmoussa de conclure : « Il est de notoriété publique que les succès du Maroc en Afrique ne font pas plaisir à tout le monde, notamment à notre voisin. Nous constatons également un timing particulier. Des éléments disponibles il y a un an, ressortent aujourd'hui, de manière coordonnée, à l'approche de la Fête du trône, à l'approche des élections législatives, régionales et locales, dans un contexte où le Maroc réalise des avancées sur de nombreux sujets. Cela peut ne pas plaire. La question du Sahara marocain est essentielle, mais le Maroc la défend d'abord sur le terrain, avec une dynamique de développement économique et humain. Ce ne sont pas quelques acteurs qui gesticulent ici ou là qui modifient la donne ».