Qu'est-ce en effet que cette étrange affaire où un grand pays tel que le Maroc, qui a eu la grande et périlleuse mission de coopérer avec le France dans ses moments les plus difficiles, s'est vu réduit à venir disputer la dignité de sa conduite et de son nom à toutes les animosités de presse, à toutes les récriminations ? L'affaire Pegasus ne concerne nullement le Maroc. Dans les articles du journal Le Monde sur l'affaire Pegasus, il se propage on ne sait quel goût de travestissements, de révélations équivoques, de divulgations hasardeuses qui ne respectent rien. Le quotidien, qui passe pour être inspiré par un courant hostile à Rabat, a entrepris la plus singulière campagne contre ce qu'il appelle le client marocain de Pegasus. Cette diversion assez excentrique, tentée au profit de ce certaines coteries, n'a pas donné l'effet escomptée. Il s'est élevé il y a peu de jours, dans la presse modérée et nuancée, une polémique bien plus sérieuse. Il ne s'agit ici de rien moins que le peu de preuves derrière les fuites de l'affaire Pegasus. Radio France Internationale rapporte le souci de Paris de ne pas «pousser à une brouille diplomatique avec un pays ami comme le Maroc, avec lequel les relations bilatérales sont très fortes, notamment dans l'échange entre services de renseignements» avant de rappeler les nombreuses informations fournie à la France par le Maroc dans sa lutte contre le terrorisme. «Au-delà de cet écran de fumée – ce coup de bluff, si je puis me permettre – monté de toutes pièces et sans preuve aucune, il convient de jeter la lumière sur les faits, loin de la polémique et de la calomnie», a tenu à préciser le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, dans un entretien accordé au magazine panafricain Jeune Afrique. L'avocat de Rabat, Olivier Baratelli, a qualifié les accusations contre le Maroc «d'ubuesques». Il a révélé que NSO Group, la société israélienne détentrice du logiciel d'espionnage Pegasus, «n'a jamais eu de liens contractuels ou commerciaux» avec le Maroc et qu'«Emmanuel Macron n'a pas et n'a jamais été une cible sélectionnée par des clients NSO». Les accusations du consortium, rappelle le site de «la Revue Internationale», se sont concentrées sur le Royaume chérifien. «Si 40 Etats, principalement européens, seraient clients de la start-up israélienne NSO Group, étonnamment, ces dernières restent pour le moment épargnées par la couverture des médias. Seules les nations émergentes font l'objet d'accusations d'espionnage» affirme la revue. Le Maroc «a immédiatement démenti les accusations et a décidé de poursuivre en diffamation le consortium de médias. Rabat veut jeter la lumière sur les faits, et invite les acteurs à l'initiative de l'enquête à faire part de preuves tangibles et scientifiques pour justifier leurs accusations» a-t-on précisé. Dans un article du Monde intitulé "Projet Pegasus" : face aux dénégations de NSO Group et du Maroc, "Le Monde" maintient ses informations", le quotidien français évoque de fait des "preuves matérielles" publiques, mais à la lecture de l'article, aucune nouvelle donnée n'a été divulguée. Une opacité contestée l'Ambassadeur du Maroc en France Chakib Benmoussa, qui rappelle que l'acharnement est réitéré : "En juin 2020, Amnesty International nous avait accusés de surveiller des journalistes au Maroc en utilisant une telle application. Le chef du gouvernement avait déjà réfuté de tels faits et demandé dans une lettre adressée à l'ONG d'apporter les éléments de preuve qui permettraient de conforter ses accusations. Une demande restée sans réponse". «Il existe des réseaux hostiles au Maroc, en France et ailleurs, qui sont dans une logique de déstabilisation», avance Chakib Benmoussa, avant de poursuivre : «Nous constatons également un timing particulier. Des éléments disponibles il y un an, ressortent aujourd'hui, de manière coordonnée, à l'approche de la Fête du trône, à l'approche des élections législatives, régionales et locales, dans un contexte où le Maroc réalise des avancées sur de nombreux sujets. Cela peut ne pas plaire». En dehors du Maroc, les fuites et leur source sont interrogées. Le fondateur de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a indiqué sur Twitter que «les connaisseurs savent que c'est trop facile et bien commode d'accuser le Maroc alors même que son roi a lui-même été espionné». Christian Cambon, à la tête de la commission des Affaires étrangères au Sénat, estime quant à lui que «la décision américaine de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara a fait beaucoup de jaloux sur la scène internationale et a conduit à un acharnement très ciblé de certains pays». Ce qui est sûr, c'est que la montée en puissance économique et diplomatique du Maroc dérange. «Certains dans ce cartel de supports médiatiques et d'ONGs n'arrivent pas à se faire à la réalité du Maroc qui réussit, se renforce et consolide sa souveraineté à tous les niveaux. Ils pensent pouvoir le mettre sous emprise. A leur grand dam, ceci n'est pas possible et ne le sera jamais», déclarait le 22 juillet Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères dans les colonnes de Jeune Afrique.