Quelque 2.000 manifestants ont été interpellés par les services de sécurité algériens depuis le 14 mai dernier, a annoncé la Ligue Algérienne de Défense des Droits Humains (LADDH). « Plus de 2.000 manifestants ont été interpellés, dont près d'une centaine ont été placés en garde à vue et une soixantaine sous mandat de dépôt« , a précisé dans un tweet le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi. Tout en dénonçant la poursuite de « l'escalade de la répression » depuis le 117ème vendredi » (14 mai) du mouvement de protestation pacifique, il a fait état de 175 détenus d'opinion en 3 mois depuis la grâce du président Tebboune en février passé. « Un journaliste en prison et d'autres sous contrôle judiciaire, des partis politiques menacés de dissolution« , a-t-il regretté, rappelant que près de 20 personnes ont été condamnées à des peines de prison ces dernières 24 heures en Algérie pour avoir tenté de participer à des marches du mouvement de contestation du Hirak. Tout en qualifiant la situation d »inquiétante« , M. Salhi a fait savoir que rien que pour le vendredi dernier, il y a eu au total près de 800 interpellations dans 15 wilayas sur 58. Si la plupart des interpellés ont été relâchés dans les heures qui ont suivi, une cinquantaine ont été présentés dimanche devant les tribunaux et 17 condamnés à un an de prison ferme. → Lire aussi : a style="color: #008000;" title=""Tous les voyants au rouge en Algérie" (parti d'opposition)" href="https://maroc-diplomatique.net/tous-les-voyants-au-rouge-en-algerie-parti-dopposition/" rel="bookmark""TOUS LES VOYANTS AU ROUGE EN ALGERIE" (PARTI D'OPPOSITION) Il s'agit du deuxième vendredi consécutif que les autorités algériennes procèdent à l'interdiction des manifestations, intervenue après la décision du ministère algérien de l'Intérieur qui a exigé que toute marche doive faire l'objet d'une déclaration préalable et déclarer son itinéraire et ses slogans à scander auprès des services compétents. Il s'agit d'un record d'interpellations rarement égalé durant ces 20 dernières années, selon des organisations de défense des droits humains, qui rappellent qu'il faut revenir jusqu'aux épisodes sinistres de la décennie noire des années 90 pour retrouver des chiffres ou des bilans aussi similaires en matière de répression sécuritaire. Depuis le début du soulèvement populaire contre le régime, le 22 février 2019, le placement en détention de militants, d'activistes, de journalistes et de manifestants du Hirak n'a pas atteint une aussi inquiétante situation. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a répertorié 174 détenus jusqu'au 25 mai 2021, emprisonnés pour leur opinion politique sur les réseaux sociaux ou lors des manifestations pacifiques du mardi ou vendredi. Les détenus d'opinion sont répartis sur 30 wilayas, dont la grande partie se trouve à Alger (70 détenus). Les défenseurs des droits de l'homme en Algérie ont tiré la sonnette d'alarme plusieurs fois pour ce qu'ils considèrent comme « une atteinte grave aux droits de l'Homme et à la liberté d'expression » et ont appelé les hautes autorités du pays à « cesser les poursuites contre les militants et manifestants pacifiques« . La semaine dernière, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) a réitéré sa vive préoccupation quant à la détérioration de la situation des droits humains et à la poursuite de la répression contre le Hirak dans ce pays maghrébin, dénonçant « le recours à la violence pour disperser les manifestations pacifiques » et « les arrestations arbitraires et la détention de personnes ayant exercé leurs droits à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion pacifique« . « Nous sommes de plus en plus préoccupés par la situation en Algérie où les droits à la liberté d'opinion et d'expression, de réunion pacifique et de participation aux marches continuent d'être menacés » a dénoncé le porte-parole du Haut-commissariat, Rupert Colville. Pour sa part, l'Union européenne a dit « suivre de près » les développements en Algérie et en particulier la situation des droits de l'Homme. D'après le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et la sécurité Josep Borrell, qui répondait à une question d'une eurodéputée sur la détérioration de la situation des droits de l'Homme dans ce pays, a précisé que le respect des libertés fondamentales et des droits de l'Homme est un élément essentiel dans les relations UE-Algérie. Le Hirak, ce mouvement de protestation de grande ampleur qui a chassé le président algérien Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne sans partage, avait repris le 22 février dernier après près d'une année de suspension pour cause de la pandémie de Covid-19 qui sévit en Algérie et dans le monde entier.