Le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé, mardi, l'interpellation de 29 personnes en France pour des soupçons de financement du terrorisme au profit de membres d'Al-Qaïda et de l'Organisation dite Etat islamique en Syrie. Ce coup de filet s'inscrit dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en janvier pour « financement du terrorisme et association de malfaiteurs terroriste criminelle, suite à la détection par Tracfin, organisme public chargé de la lutte contre la fraude fiscale, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, d'un circuit sophistiqué de transferts de fonds à des djihadistes français encore présents en Syrie, a précisé le PNAT dans un communiqué. Selon le parquet, le réseau, qui avait changé son modus operandi en raison de la surveillance poussée mise en place par les enquêteurs, recourait à des cryptomonnaies, notamment le bitcoin pour réaliser les transferts de fonds, en lieu et place de mandats cash. « Le réseau de financement du terrorisme visé par l'opération antiterroriste menée ce mardi est actif depuis l'année 2019 et repose principalement sur l'achat, en France, de coupons de cryptomonnaie dont les références ont été transmises par messagerie sécurisée à des djihadistes présents en Syrie, puis crédités sur des plateformes de bitcoins », a indiqué le PNAT. « Les investigations ont révélé que plusieurs dizaines de personnes résidant en France se sont rendues à maintes reprises, au cours des derniers mois, dans des bureaux de tabac répartis sur l'ensemble du territoire national pour acheter anonymement des coupons d'une valeur comprise entre 10 et 150 euros. Ces coupons étaient ensuite crédités sur des comptes ouverts depuis l'étranger par des djihadistes qui se chargeaient de les convertir en crypto-monnaies sur des plateformes d'achat de bitcoins », a détaillé le Parquet. Les montants transférés sont évalués à plusieurs centaines de milliers d'euros. Ils auraient bénéficié à des djihadistes affiliés à al-Qaïda, mais également à l'organisation dite Etat islamique, selon la même source. « L'identification des personnes injectant de l'argent dans ce réseau s'est avérée particulièrement complexe du fait qu'aucune prise d'identité n'est légalement exigée lors de l'achat de ces coupons de cryptomonnaie dans des bureaux de tabac », ajoute le parquet. L'enquête a notamment permis d'identifier deux acteurs majeurs du réseau de financement. Il s'agit de deux Français de 25 ans, Mesut S. et Walid F., qui se trouvent actuellement en Syrie. Les deux hommes ont rejoint ensemble la zone irako-syrienne en 2013 et sont soupçonnés d'être membre du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), affilié à al-Qaïda. Condamnés en leur absence à 10 ans d'emprisonnement par le tribunal correctionnel de Paris en 2016, ils font depuis l'objet d'un mandat d'arrêt. Au total, l'opération menée, ce mardi matin, a conduit à 55 perquisitions, dans 26 départements sur l'ensemble du territoire Français. Les 29 personnes interpellées, âgées de 22 à 66 ans, sont principalement soupçonnées « d'avoir injecté des fonds dans le réseau au bénéfice de proches se trouvant en Syrie », indique le PNAT.