80% des 545 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm, ont jugé que le bitcoin est un gadget spéculatif. À l'inverse, 20% des sondés ont considéré que le bitcoin est la monnaie du futur. En préambule, notons qu'au Maroc, le ministère de l'Economie et des finances, Bank Al-Maghrib (BAM) et l'Autorité marocaine du marché des capitaux, ont mis en garde le public quant à l'utilisation du bitcoin comme mode de paiement pour l'achat de produits et services. Ils ont aussi attiré l'attention du public sur les risques associés à l'utilisation des monnaies virtuelles. C'est le cas pour l'absence de la protection du consommateur notamment en cas de défaillance des plateformes d'échange ou en cas de vol ou de détournement. Il en est de même pour la volatilité du cours de change des monnaies virtuelles. Aussi, ces monnaies peuvent être utilisées à des fins illicites ou criminelles notamment le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. D'ailleurs, Tracfin s'est inquiété récemment de l'association des monnaies virtuelles avec des cartes prépayées qui permettent de convertir le bitcoin en espèces. Enfin, l'utilisation du bitcoin au Maroc entraîne le non-respect des réglementations en vigueur, en particulier celles ayant trait aux marchés des capitaux et à la législation des changes. Surtout, même pour les devises connues, l'usage par les résidents est strictement encadré. Justement, ces arguments des pouvoirs publics marocains, sont partagés avec plusieurs observateurs et professionnels à l'international. Ainsi, la Banque centrale chinoise avait lancé le warning en interdisant plusieurs levées de capitaux en bitcoin par des entreprises chinoises. Aussi, Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase & Co, avait qualifié le bitcoin de fraude qui va exploser en vol. De même, Jordan Belfort, ancien courtier américain qui a inspiré le personnage du Loup de Wall Street à Martin Scorsese, a indiqué aux médias que la levée de fonds via le bitcoin est une arnaque. Plus récemment, Jean Tirole, Prix Nobel d'économie 2014, a évoqué la durabilité du bitcoin, jugé comme une pure bulle, un actif sans valeur intrinsèque. Ainsi, selon cet économiste, le prix du bitcoin tombera à zéro si la confiance disparaît. Surtout, Jean Tirole a rappelé que l'histoire des marchés est constellée de bulles s'achevant en krachs, dont la plus célèbre est celle de la spéculation sur les bulbes de tulipes au Pays-Bas dans les années 1630. De l'autre côté de la barrière, les aficionados du bitcoin parlent des chiffres avec une performance de plus de 1.700% en un an et une capitalisation qui avoisine les 300 MM$. Aussi, la crédibilité a été acquise avec la décision de la SEC d'autoriser des contrats à terme sur le bitcoin, sur les deux principaux marchés mondiaux de Chicago. Ces contrats ont déjà démarré avec des premières séances orientées à la hausse. De plus au niveau technologique, le bitcoin tire sa force du fait qu'il utilise la technologie Blockchain et qu'il en est la première application concrète. Cette technologie est révolutionnaire dans le sens qu'elle est une véritable innovation de rupture dans la mesure où elle se distingue par trois éléments essentiels. Il s'agit de la désintermédiation, de la sécurité grâce à la cryptographie, de l'architecture décentralisée et l'inviolabilité des informations. Enfin, la Blockchain est justement autonome grâce à la création d'une crypto monnaie. D'ailleurs, au-delà du bitcoin, plusieurs banques travaillent sur le développement d'une nouvelle forme de monnaie numérique pour régler des transactions financières via le Blockchain. Enfin, de plus en plus d'enseignes acceptent le bitcoin pour le paiement sans parler du potentiel dans l'e-commerce et les réseaux sociaux. lement. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Que penser du bitcoin ? Farid Mezouar : Le sujet mêle la grande avancée technologique de la Blockchain à l'émission d'une monnaie sans banque centrale en plus de l'essor de l'économie du digital. Ainsi, ce sujet mériterait d'être traité au sein de commissions qui comprennent des financiers, des économistes en plus des spécialistes de la Blockchain. Enfin, certains GAFAM comme Apple créent déjà implicitement une monnaie virtuelle avec des ventes des fameuses recharges App store ou ITunes. Qu'en est-il des risques du bitcoin ? L'absence de régulateur centralisé facilite la fraude. Certains escrocs utilisent le prétexte du bitcoin pour arnaquer des investisseurs et des consommateurs. Toutefois, certains griefs évoqués sont communs aux monnaies classiques. À titre d'exemple, la BCE ne va jamais rembourser quelqu'un arnaqué en euros. De même, dans les pays à change convertible, personne n'interdit la spéculation sur les devises étrangères. l