Suite aux répercussions économiques et sociales de la crise sur les femmes à cause de la pandémie de Covid-19, le Policy Center for the New South (PCNS) a mis en avant la question de l'autonomisation économique des femmes marocaines au temps de la Covid-19, dans un Research Paper, réalisé par Aomar Ibourk, Tayeb Ghazi et Karim El Aynaoui, respectivement Senior Fellow, économiste et président du (PCNS). Cette étude a fait ressortir l'importance de la femme dans le développement des sociétés lorsque les facteurs de conversion lui ont permis de mettre à l'œuvre ses potentialités pour parler simple. Elle a signalé les effets économiques de la Covid-19 qui sont « exacerbés » pour les femmes et les filles, au Maroc et ailleurs. Ces retombés se matérialisent en des pertes d'emplois, en la vulnérabilité qui leur est associée et au travail en danger. La Covid-19 et les femmes du monde La pandémie de la Covid-19 a frappé de plein fouet plusieurs secteurs. Pour ce qui est de l'économique, l'effet de la Covid-19 se transmet, en principe, via le marché du travail. Les matérialisations de cette transmission sont limitées aux aspects liés à la perte d'emploi, à la vulnérabilité associée à une éventuelle perte d'emploi, et au travail en danger, précise l'étude. Il y a eu de noter, dans ce sens, que les femmes sont très présentes dans les secteurs les plus touchés par la crise, à savoir ceux dont l'activité est basée sur la mobilité, les rassemblements ou les chaînes d'approvisionnement, selon des données du Bureau international du Travail (BIT). Le Research Paper a mis en évidence, également la problématique de la protection sociale et de la stabilisation des revenus. En l'absence de ces mécanismes, les travailleurs risquent de tomber dans le piège de la pauvreté. Ceci est d'autant plus inquiétant pour les femmes qui touchent des salaires inférieurs à ceux des hommes et ont aussi moins accès à la protection sociale (BIT, 2018). Par ailleurs, suite à la fermeture des écoles et le passage à l'enseignement à distance, les femmes ont vu leur charge de travail domestique augmente pour raison d'assistance des enfants et des personnes âgées, affirme l'étude. Un autre impact de cette crise sanitaire se ressent sur la santé des femmes, et réside dans l'accès aux soins, notamment psychologiques, sexuels et reproductifs. Dans ce sens, les Nations Unies alertent sur les difficultés d'accès aux soins de santé en raison du détournement de l'offre au profit de la Covid-19. Les femmes marocaines au temps de la Covid-19 Dans ce contexte sanitaire exceptionnel, l'étude s'est focalisée sur les femmes au Maroc, qui font face quotidiennement à des difficultés, notamment d'emploi, des revenus, de la santé, et de l'éducation. D'après la même source, les répercussions de cette crise sur les femmes marocaines concernent principalement les métiers où la femme est en première ligne de défense contre la Covid-19. Elles représentent, en effet, 57% du personnel médical, 66% du personnel paramédical et 64% des fonctionnaires du secteur social, selon une étude de ONU-Femmes. Sur le plan sectoriel, environ 4/5 des femmes au Maroc qui sont en dehors du marché du travail (de la population active) et 60% des femmes actives occupées qui travaillent dans le secteur de l'agriculture, forêt et pêche, les 40% restant seraient probablement touchées de manière disproportionnée par des pertes d'emploi, suite à une maigre année agricole, indique l'étude, notant que les secteurs les plus touchés par cette crise sont l'hébergement et la restauration avec 89% d'entreprises en arrêt, les industries textiles et du cuir et les industries métalliques et mécaniques avec respectivement 76% et 73%. En ce qui concerne la participation des femmes à l'activité économique, le papier du PCNS a fait ressortir la faiblesse de la contribution de la femme, particulièrement en milieu urbain et chez les jeunes. Avec 22,2%, en 2018, le taux d'activité des femmes reste l'un des plus faibles dans la région MENA. Ce taux d'activité révèle un écart important entre les deux sexes (70,9% chez les hommes et 22,2% chez les femmes), reflétant la faible participation des femmes au marché du travail. Les analyses menées font valoir l'arrêt à deux stations principales. La première concerne la structure économique dans un temps marqué par la récession économique et le recul de certaines activités à fort taux de féminisation d'emploi. La deuxième a trait à l'arbitrage entre travail professionnel et domestique, en articulation avec tout ce qui est négociations intrafamiliales, salaire de réserve et stratégies du Job-search. Aux deux s'ajoutent les défis imposés par le caractère patriarcal de la société, conclut l'étude.