« Trump fait face à des vents contraires à l'approche du jour du scrutin », titre le Washington Times, « Trump a 100 jours pour renverser la tendance », estime the Hill, « Joe Biden est en tête dans trois Etats clés que Trump a remporté en 2016 », avance un sondage de CNN alors que le Wall Street Journal relève que « Joe Biden a maintenu une avance constante sur le président Trump » mais « va-t-il tenir le coup? ». Déjà donné perdant en pareille phase de la dernière élection, Donald Trump qui croit dur comme fer en sa bonne étoile, semble décidé à faire mentir à nouveau les pronostics. Sauf que dans un contexte de sévère crise sanitaire et économique doublée de tensions au plan social, le pari pour le président sortant s'annonce périlleux. L'élection présidentielle de 2020 marque une étape importante dimanche alors que la course entre dans le tournant symbolique des 100 derniers jours. Dans le contexte de la pandémie du Covid-19, qui continue à frapper le pays de plein fouet avec une nouvelle flambée de contamination, Joe Biden et le président Trump ont pour la plupart été empêchés de mener le genre de campagnes habituelles avec de grands rassemblements et meetings à travers le pays. Un nouveau sondage réalisé par l'Associated Press et le Centre de recherche sur les affaires publiques NORC révèle que la cote d'approbation de Trump concernant sa gestion de la crise sanitaire est tombée à son niveau le plus bas. Seulement 32% des Américains soutiennent son approche. Même sa position sur l'économie, longtemps son principal point fort, a chuté au cours des derniers mois. 38% seulement de répondants estiment que l'économie se trouve aujourd'hui dans un bon état contre 67% en janvier. Selon la même source, 8 sondés sur 10 ont déclaré que le pays est en mauvaise posture par rapport à tout autre moment du mandat de Trump. Certes, 81% des républicains approuvent toujours la performance de Trump, mais seulement 68% soutiennent sa gestion du coronavirus. Et pour cause, après avoir passé des mois à minimiser la pandémie et à ignorer largement la résurgence du virus dans plusieurs Etats, Trump a clairement changé de stratégie. Il a averti la semaine dernière que la situation allait probablement empirer avant de s'améliorer. Après avoir minimisé à plusieurs reprises l'importance du port du masque pour limiter la propagation du virus, il a exhorté les Américains à le porter quand les mesures de distanciation sociales nécessaires ne sont pas assurées. Et après avoir insisté pour l'organisation d'une grande convention républicaine en août, il s'est finalement désisté en raison des risques liés à la santé. A en croire un sondage de CNN sorti ce dimanche, les électeurs de trois Etats clés (swing states) pour le scrutin du novembre, en l'occurrence l'Arizona, la Floride et le Michigan, penchent vers le candidat démocrate. En Floride, le sondage donne 51% pour Biden contre 46% pour le président Donald Trump, et en Arizona (49% contre 45%), tandis qu'au Michigan, l'avance de Biden se situe à 52% à 40%, correspondant à la moyenne nationale pour la course présidentielle. L'ancien vice-président de Barack Obama est également compétitif dans certains Etats qui votent traditionnellement républicain, tels que le Texas, la Géorgie, l'Ohio et l'Iowa, que Trump doit absolument gagner pour s'assurer un chemin vers la victoire. La majorité républicaine du Sénat « est en danger et les espoirs du GOP de reconquérir la Chambre semblent avoir disparu depuis longtemps », avance le quotidien The Hill. « La situation est très problématique pour les républicains en ce moment et il y a une chance que les démocrates puissent contrôler la Maison Blanche, le Sénat et la Chambre, qui devient une dure réalité pour le GOP », a averti l'ancien président du Comité national républicain Michael Steele, cité par le quotidien. Sur le plan social, les manifestations contre le coronavirus et le racisme et les brutalités policières ont enclenché un mouvement de défense des droits civiques diversifié. Des semaines de violents affrontements entre manifestants et agents fédéraux à Portland, dans l'Oregon (ouest), ont incité des milliers de personnes à défiler dans les villes américaines. L'administration Trump a déployé en renfort des agents fédéraux pour rétablir « la loi et l'ordre » face à ce qu'il décrit comme des « radicaux de gauche ». Au plan social, l'année est marquée par « un éveil culturel – un moment unique dans l'histoire américaine », selon le site d'information Axios qui fait état de l'engagement des minorités, des femmes et des immigrés, dont le vote sera décisif. Signe du grand challenge pour Trump, la dernière fois qu'un candidat a eu une aussi grande avance nationale aussi longtemps que Joe Biden, c'était il y a 24 ans, lorsque Bill Clinton a battu Bob Dole, rappelle Nate Cohn du New York Times. A l'image du Wall Street Journal, les analystes, y compris dans le camp démocrates, n'écartent pas les possibles rebondissements jusqu'au jour J. « Pensez au 7 octobre 2016 – un mois avant le jour des élections », souligne Mike Allen d'Axios. « Ce jour-là, la bande «Access Hollywood» a fait surface, WikiLeaks a publié des courriels de campagne de Clinton piratés et l'administration Obama a officiellement accusé le Kremlin de pirater le Comité national démocrate », rappelle-t-il. Pragmatique et résolument combatif, le milliardaire new-yorkais est déterminé à tout mettre de son côté pour renverser la tendance, notamment sa base républicaine qui lui reste fidèle. Il vient de changer de directeur de campagne et intensifie son attaque virulente contre son rival dépeint comme un homme faible et confus qui va mettre en péril la sécurité des Américains. Le duel Trump-Biden pour la Maison Blanche promet d'être serré et un suspense jusqu'au bout.