Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales) Le premier cas du Covid 19 en Afrique est apparu en Février 2020 en Egypte. Au 18 Juin 2020, le bilan global pour l'Afrique est de 275.792 cas de contamination et 7.420 décès. Les cinq pays africains les plus touchés sont l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Nigeria, le Ghana et l'Algérie. A la même date, le Maroc se classe en septième position avec 9074 cas et 213 décès. Si l'Afrique a été relativement préservée sur le plan sanitaire par rapport aux autres continents, les conséquences économiques et sociales sont très préoccupantes. Selon les projections de la Banque mondiale, la croissance économique en Afrique subsaharienne devrait chuter entre -2,1% et 5,1% en 2020. Les pertes de production dans la région pour 2020 vont se chiffrer entre 37 et 79 milliards de dollars. Selon l'Union africaine, près de 20 millions d'emplois à la fois dans les secteurs formel et informel sont menacés de destruction sur le continent. Les raisons de cette situation catastrophique de l'économie africaine sont multiples. Tout d'abord, le confinement a agi sur l'offre puisque les entreprises de production ont été totalement ou partiellement fermées. De même le confinement a impacté la demande, puisque la majorité des travailleurs surtout dans le secteur informel ont été mis au chômage. D'autre part, il y a la dépendance des pays africains aux marchés extérieurs, dont notamment la Chine et la Zone euro qui eux aussi sort en récession. Il s'en suit une baisse des prix des matières premières dont le pétrole et l'arrêt du tourisme. A cela s'ajoute le risque d'une crise alimentaire du fait que la production agricole du continent pourrait se contracter entre 2,6% et 7% en 2020. Face à cette situation, la Banque mondiale recommande aux gouvernements africains d'agir sur deux volets. D'abord renforcer les systèmes de santé pour sauver les vies. D'autre part, éviter un arrêt brutal de l'activité en aidant les entreprises et en fournissant du pouvoir d'achat aux personnes les plus vulnérables. De son côté, le FMI insiste sur la solidarité internationale. Pour sa part, il a annoncé une aide d'urgence de 100 milliards de dollars en faveur de l'Afrique, et a lancé un appel pour le soutien massif de la communauté internationale et les bailleurs de fonds, via des financements sous forme de prêts concessionnels ou de dons. Une forme d'aide rapide et concrète serait l'annulation par les créanciers de la dette africaine. Cette dernière est estimée à 365 milliards de dollars pour l'année 2020. Le 15 Avril 2020, les ministres des finances du G20 se sont accordés pour une suspension temporaire du service de la dette des pays les plus pauvres. Tous les créanciers publics bilatéraux participent à cette initiative, et le G20 appelle les banques multilatérales de développement et les créanciers privés à faire de même. Ce moratoire durera du 1er Mai jusqu'au 31 Décembre 2020, mais avec possibilité de prolongation examinée à cette dernière date. Il concerne 77 pays dont une quarantaine située en Afrique Subsaharienne. En effet sont exclus de ce moratoire l'Egypte, le Maroc, la Tunisie, l'Afrique du Sud, et l'Algérie. En outre, le remboursement des montants suspendus se fera sur trois ans après une année de délai de grâce, et ils ne seront pas réévalués à la valeur du moment. Le montant de la dette bilatérale publique concernée par la suspension est estimé à 27 milliards de dollars. Tout en saluant ce geste du G20, on ne peut que déplorer qu'il soit un simple moratoire, et non une annulation de la dette des pays les plus pauvres, qui a été soutenue par le Président Macron, le Pape François et plusieurs ONG d'importance mondiale. D'autre part, le montant du moratoire accordé ne s'élève qu'à 3,6% du montant global de la dette des pays éligibles à l'initiative du G20, qui est estimée à 750 milliards de dollars, et qui ne représente que 1% du PIB globale du G20 en 2019 qui s'est élevé à 78.286 milliards de dollars. En conclusion, l'Afrique doit compter avant tout sur elle-même. Tous les pays africains ont pris des mesures courageuses pour sauver les vies et éviter l'effondrement économique et social. Le continent devrait cependant multiplier les opérations de coopération Sud/Sud à l'image de l'aide médicale apportée par le Maroc à 15 pays africains.