C'est la première fois que des pays créanciers se mettent d'accord sur un cadre commun incluant, outre les 22 membres du Club de Paris, des pays comme la Chine. Le G20 devrait s'accorder, vendredi 13 novembre, sur un cadre commun permettant une restructuration de la dette des pays pauvres et plaçant sur un pied d'égalité les créanciers publics, y compris la Chine, et privés, a-t-on appris jeudi auprès du ministère français des finances. Après avoir adopté en avril un moratoire sur le paiement du service de la dette de six mois – prolongé en octobre jusqu'en juin 2021 –, le G20 a décidé d'aller plus loin en acceptant d'étudier, «au cas par cas», des demandes «de rééchelonnement, de réduction», voire d'«annulation de dette». «Le cadre qui sera adopté vendredi par les ministres des finances du G20 fixe des principes communs pour les 22 pays membres du Club de Paris, mais aussi pour cinq pays membres du G20 : la Chine, l'Inde, l'Arabie saoudite, l'Afrique du Sud et la Turquie», a expliqué une source au ministère français des finances. Soixante-treize pays seront éligibles à une restructuration, dont 38 sont situés en Afrique subsaharienne. «C'est un accord historique, car c'est la première fois que des pays se mettent d'accord sur un cadre commun» au-delà du seul Club de Paris, dont n'est pas membre la Chine, «de loin le premier créancier» au monde, a ajouté la même source. Cet élargissement devrait permettre d'éviter des restructurations unilatérales, souvent inéquitables. Par exemple, «avant, le Club de Paris accordait des réductions pendant que la Chine ou l'Arabie saoudite continuaient de percevoir la dette ou prenaient en gage des actifs, tels que des ports, en échange d'un traitement de la dette». Autre avancée : l'accord prévoit d'impliquer les créanciers privés, qui ne participaient pas au moratoire, selon le principe de la «comparabilité de traitement » : ainsi, le débiteur se voyant offrir une restructuration de sa dette par un créancier public devra exiger le même traitement de tous ses créanciers. Enfin, le Fonds monétaire international (FMI) sera «le pivot» du système, puisque les pays demandant à bénéficier d'une restructuration devront se soumettre à un programme macroéconomique défini par le FMI pour s'assurer de la «soutenabilité» de leur dette. Le moratoire a permis à 46 pays de bénéficier de reports de paiements, à l'échéance 2022-2024, à hauteur de 5,3 milliards de dollars (sur près de 30 milliards d'intérêts dus en 2020). Un quart de la dette de ces 46 pays, qui s'élève à 71,5 milliards de dollars, est dû à la Chine, selon la Banque mondiale.