Hassan Alaoui A Azrou, au cœur du Moyen Atlas , à quelques encablures de notre chère petite ville connue déjà pour son « Collège berbère », devenu Lycée Tarik Ibn Zyad, il existe l'un des plus grandes hôpitaux au monde, appelé Sanatorium de Ben Smim. Immense bâtisse à sept étages et étalé sur une grande surface, construit à partir de 1946 par la France, destiné à prendre en charge et soigner les malades tuberculeux. Ils venaient de partout, y compris de France pour recevoir de précieux soins et y séjourner. Cet étrange bâtiment gardera ses secrets, bien entendu. Parce que quelques années plus tard, abandonné, délaissé par les autorités, notamment le ministère de la Santé publique, dévalisé de tout ce qui est matériel et meubles, l'hôpital de Ben Smim, au grand désastre de habitants d'Azrou que nous étions, dépérissait de jour en jour, transformé en un lieu de mort et de mémoire. Le petit village alentour , ses populations ( 300 âmes) en concevaient de l'aigreur en voyant ce monument sanitaire , longtemps prisé, se réduire à une peau de chagrin. Il y a quelques années, je m'y étais rendu, l'âme en peine et le cœur déchiré, non sans une angoisse. J'ai eu droit à l'un des plus grands chocs : portes, fenêtres, placards, ascenseurs, et tout le matériel étaient arrachés, les grandes pièces, les chambres de soins, l'accueil étaient éventrés. Y flottait un air de désastre planétaire... J'y étais d'autant plus malheureux que mon père, Moulay Ali, ébéniste, charpentier et menuisier y a laissé ses précieuses traces, parce qu'il a , pour une grande part, construit ce monument avec passion , la force de sa jeunesse... Sur les boiseries – en cèdre notamment – je vois ses mains rêches et rudes. L'hôpital de Ben Smim, ou ce qui en reste est là ! Doté de centaines de chambres et des infrastructures de base, même rudimentaires. Il se rappelle à notre souvenir en cette époque où la tragédie du Coronavirus nous submerge avec ses flots d'un autre âge , ses « promesses » ténébreuses, sa mort lente. L'argent est désormais là, la volonté royale guidant nos pas, celle du peuple rendant nos espérances justifiées... Il faut réaménager cet établissement sanitaire, parce que l'urgence appelle l'urgence. Ben Smim est un lieu plus qu'idéal pour accueillir éventuellement toutes et tous ceux qui en auront quelque jour besoin. Et, au-delà du Coronavirus, quand enfin les plaies seront pansées et la bataille gagnée, Ben Smim devra garder son statut de sanatorium sous l'autorité implacable de l'Etat ou de l'armée.