Plongée dans le chaos depuis la chute du Colonel Kadhafi, la situation en Libye ne cesse de s'aggraver. Le Maréchal Haftar se rapproche de Tripoli, et la Turquie s'apprête à intervenir. L'escalade du conflit à l'échelle internationale et le spectre de la déstabilisation de toute la région se font de plus en plus menaçants. L'internationalisation du conflit Le chaos qui règne en Libye n'est autre que la conséquence d'une ingérence étrangère intense depuis l'ère de Kadhafi. Les résultats de l'intervention de la communauté internationale qui se sont révélés médiocres, n'ont pas suffi à stopper l'appétit des grandes puissances. A l'Est, à Benghazi, le siège de Haftar est soutenu par la Russie, l'Arabie Saoudite, l'Egypte et la France. Et à l'Ouest, à Tripoli, la Turquie s'apprête à faire intervenir ses troupes en soutien à Fayez Al-Sarraj, désigné comme Chef du Gouvernement d'union nationale, seule autorité légitime reconnue par les Nations-Unies dans le pays. En l'espace de quelques années, la Libye s'est fortement balkanisée. Une division qui a attiré les pays de la région et du monde entier, pour des raisons géopolitiques et économiques. La Libye est alors devenue, à l'instar de la Syrie, une terre de convoitise et de guerre par procuration. Lors d'une interview accordée au journal Le Monde, l'Envoyé Spécial des Nations unies en Libye, Ghassan Salamé, a exprimé sa déception quant à l'absence de résolution du Conseil de Sécurité appelant à un cessez-le-feu. Des résolutions qui toutefois ne sont, souvent, pas respectées. C'est le cas notamment de l'embargo sur les armes, que les pays du Conseil de sécurité, eux-mêmes, ne respectent pas, ce qui remet fortement en cause la crédibilité de l'ONU. Les risques de déstabilisation régionale Le ministre de l'Intérieur Libyen, Fathi Bachagha a averti il y a quelques jours, sur les conséquences potentielles d'une chute de Tripoli. Selon lui, ses voisins d'Alger et de Tunis seraient les prochains à tomber. Il condamne par ailleurs, une tentative de créer « l'anarchie dans la région et de faire main basse sur l'Afrique du Nord ». Suite à ces déclarations, le président algérien récemment élu, Abdelmajid Tebboune, a tenu une réunion pour discuter de la protection des frontières communes avec la Libye. En effet, les risques de déstabilisation sont importants. Les experts craignent, non pas l'étendue du conflit militaire, mais plutôt l'arrivée des civils par milliers qui fuiront la Libye. Parmi ces civils, les risques d'infiltration de terroristes pouvant menacer la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel. La Tunisie elle, a jusqu'à présent conservé sa neutralité en ce qui concerne une éventuelle implication.