Lors de sa réunion extraordinaire tenue mardi, au Caire, la Ligue arabe a souligné la nécessité d'empêcher toute ingérence en Libye. Cette première conférence depuis 2011, ayant pour ordre du jour, la Libye, a été convoquée par l'Egypte. Elle survient au moment où Ankara s'apprête à envoyer des troupes dans le pays, et que des miliciens syriens y aient été dépêchés par la Turquie. La résolution adoptée mardi, à l'issue de cette réunion urgente, toute teintée d'une forte crainte de l'escalade militaire en Libye, refuse toute ingérence « qui puisse contribuer à faciliter la venue en Libye de combattants extrémistes terroristes étrangers ». Ce qui est déjà un fait avéré depuis le week-end dernier. En effet, il a été constaté l'envoi par la Turquie en Libye d'au moins un demi-millier de combattants syriens fidèles à Tripoli. Les délégués permanents de la Ligue arabe ont également exprimé leur forte inquiétude quant au contexte militaire et de guerre civile en Libye qui « aggrave encore davantage la situation et menace la sécurité et la stabilité des pays voisins de la région tout entière ». Si l'on ajoute à cela, les bruits de bottes d'Ankara, il y a matière là, d'une appréhension à un danger imminent selon les délégués des pays arabes. La semaine dernière, suite à la visite surprise de Recep Tayyip Erdogan en Tunisie, le président Kaïs Saïed a dû, démentir en personne, les déclarations de son homologue turc qui affirmait que Tunis était d'accord avec Ankara pour soutenir le gouvernement de Fayez el-Sarraj qu'Ankara soutient mordicus. L'Algérie, ne voit pas non plus, du plus bel œil, la pression qu'exerce le régime turc sur Tripoli et sa volonté à vouloir soutenir coûte que coûte le GNA. Son représentant a annoncé que l'Algérie ne s'allierait pas à la Turquie pour soutenir Tripoli et qu'elle est contre toute intervention ou ingérence militaire dans ce pays. A titre de rappel, il y a un peu plus d'un mois en novembre, la Turquie avait signé deux accords avec le gouvernement d'union nationale (GNA). L'un portant sur la coopération militaire et l'aide que la Turquie pourrait apporter au GNA dans sa lutte contre les troupes du maréchal Haftar tandis que l'autre, avait attrait à la souveraineté maritime. Il permet à la Turquie de faire valoir des droits expansionnistes sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l'Egypte, de Chypre et d'Israël. Dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est aujourd'hui divisée entre deux autorités : le (GNA) reconnu par l'ONU et basé à Tripoli et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar et l'ANL dans l'Est à Tobrouk. L'ONU a de son côté regretté « l'internationalisation du conflit, son extension territoriale et aussi l'escalade militaire ».